A quoi sert la Collecte pour les Lieux saints ? Voici un exemple.
À deux pas du sanctuaire évangélique des Noces de Cana, les franciscains construisent un lycée. Il ouvrira ses portes en 2023, permettant aux élèves de la ville de poursuivre leur scolarité sur place. Un projet rendu possible en partie grâce à la collecte du Vendredi saint.
D’ici un an, l’endroit fourmillera d’élèves et de vie. Pour l’instant ce sont les perceuses qui remplissent les grandes salles vides de leurs vrombissements. Les ouvriers raccordent le nouveau lycée de la Custodie de Terre Sainte au réseau électrique de Kafr Kanna, petite bourgade située au nord de Nazareth, en territoire israélien.
C’est dans cette ville que la tradition chrétienne a fixé l’épisode johannique des Noces de Cana, où Jésus réalise son premier miracle en changeant l’eau en vin, alors que les convives viennent à en manquer (Jn 2, 1-11). Depuis, Cana est resté un lieu populaire pour les mariages ou le renouvellement des vœux. Peuplé de 23 000 âmes, dont environ 10% de chrétiens et le reste de musulmans, où les franciscains sont présents depuis 1641. Ils veillent sur le sanctuaire des Noces de Cana, gèrent la paroisse latine qui compte près de 1 700 familles et administreront donc, à partir de mai 2023, un lycée tout neuf.
65% de la Collecte reversée aux oeuvres sociales de la Custodie
Posée en 2015 sur un terrain vierge, propriété des franciscains, la première pierre de l’établissement répondait à un besoin, autant du côté de la Custodie que de la communauté chrétienne locale. « Dans toutes les villes où les franciscains sont gardiens d’un sanctuaire, ils tiennent aussi une école et un centre communautaire pour aider les pierres vivantes à s’y maintenir. Cana était jusqu’ici l’exception », explique frère Ibrahim Faltas, le frère qui chapeaute les écoles de la Custodie de Terre Sainte. Quinze établissements au total, qui accueillent près de 12 000 élèves sur trois continents.
Il y a bien une école chrétienne à Cana. Gérée par les sœurs franciscaines, elle ne dispense des cours que jusqu’à l’équivalent de notre 3e. Les élèves qui en sortent doivent se rendre à Nazareth pour aller au lycée. « Avec cet établissement les jeunes de Cana et des villages alentours pourront réaliser tout leur cursus scolaire dans la même ville. Cela va beaucoup leur faciliter la vie », s’enthousiasme fr. Haitam, curé de la paroisse et futur directeur du lycée.
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Jovial et chaleureux, il s’applique à présenter chaque recoin d’un bâtiment qui s’annonce aussi moderne que lumineux. L’aile sud est dédiée aux 11 salles de classe qui permettront d’accueillir entre 350 et 375 élèves, dont la moitié de chrétiens. L’aile nord abritera quant à elle une salle de spectacle qui servira aussi de salle communautaire pour les jeunes de la paroisse, une salle de sport, et une cafétéria dont la terrasse donne à voir les paysages vallonnés de Galilée. « On a vu pire comme lieu pour étudier », s’amuse Samer Falah, chrétien de Nazareth dont l’entreprise est responsable du chantier.
Eduquer à la paix
L’entrepreneur estime que les travaux seront finis d’ici mai 2022. « Il y a eu un peu de retard. On a dû arrêter le chantier une première fois en 2017 et une seconde fois en 2020, à cause de la pandémie. » La construction du lycée est entièrement à la charge de la Custodie de Terre Sainte, elle-même soutenue par la quête du Vendredi saint. Environ 65% des collectes sont reversées à ses œuvres pastorales et sociales et 35% à l’entretien des sanctuaires. « Ces deux dernières années ont été compliquées. Les collectes ont moins rapporté qu’avant », glisse fr. Haitam dans un remerciement au gouvernement hongrois qui a fait don d’un million d’euros au projet. « Il nous manque encore 500 000 dollars pour acheter les meubles et les équipements », soupire le franciscain originaire d’Irak.
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En plus de favoriser le maintien des familles chrétiennes dans la région, le projet du lycée se veut global et inscrit dans l’économie locale. Au total une cinquantaine de personnes y seront employées. Sept locaux commerciaux ont été aménagés sur la façade qui donne sur la rue principale de Cana. Ils hébergeront des boutiques tenues par des chrétiens. Un parking doté de 50 places vient parachever le complexe.
Réputées pour leur enseignement solide et rigoureux, et moins onéreuses que la plupart de leurs homologues privées, les écoles de la Custodie de Terre Sainte sont ouvertes à tous les enfants, qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans. « On ne fait pas de discrimination, appuie fr. Ibrahim Faltas. Grandir ensemble, c’est une manière d’éduquer à la paix et au dialogue. » Un projet éducatif que fr. Haitam compte bien poursuivre à Cana.