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Emois après une cérémonie du Feu Sacré sous tensions et restrictions

Cécile Lemoine
26 avril 2022
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Le Feu Sacré se répand dans les rues bondées du quartier chrétien de la Vieille Ville, samedi 23 avril 2022 ©Cécile Lemoine/TSM

Les limitations imposées par les autorités israéliennes à l'occasion des fêtes pascales orthodoxes, samedi 23 avril, ont mal été vécues par les chrétiens locaux qui s'insurgent de ne pouvoir pratiquer leur foi librement et dénoncent des actes de violences.


Comme tous les ans, le quartier chrétien de la vieille ville de Jérusalem était bouclé par la police ce samedi 23 avril, en vue de la cérémonie du Feu Sacré, miracle de la Pâques orthodoxe qui attire des milliers de pèlerins dans la ville Sainte.

Habituellement, près de 10 000 personnes parviennent à se glisser à l’intérieur du Saint-Sépulcre, la grande majorité des fidèles restant bloqués derrière des barrages de police, malgré la longueur du voyage et les heures d’attentes.

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Mais cette année, le filtrage opéré à chacune des barrières installées presque tous les 100 mètres en vieille ville, a laissé un goût amer aux chrétiens locaux, révoltés d’être les laissé-pour-compte d’une politique de restriction accrue et décidée de manière unilatérale par la police israélienne, quelques semaines avant le début des festivités pascales.

« On va pousser pour entrer »

Après avoir annoncé la limitation des entrées à 1 000 personnes pour éviter une catastrophe comme celle du Mont Méron (où 45 personnes ont trouvé la mort après un mouvement de foule dans un sanctuaire juif ultra-orthodoxe), les autorités ont finalement revu leur copie et autorisé 4 000 personnes à entrer dans le Saint-Sépulcre après un jugement de la Cour Suprême. D’après le décompte effectué par la rédaction à partir de photos, environ 500 personnes se tenaient dans la rotonde autour de l’édicule ce samedi 23 avril.

Le Feu Sacré se répand autour de l’édicule où plusieurs centaines de personnes se massent en ce samedi 23 avril 2022 ©Flash90

 

Des scènes d’affrontement entre forces de l’ordre et jeunes chrétiens chauffés à blanc ont émaillé la matinée, devenant plus violentes au fur et à mesure de la journée et du remplissage des rues. « On va pousser pour entrer », glisse un jeune arborant un t-shirt du groupe Seeds of Life, qui rassemble les jeunes du quartier chrétien, aux abords d’une barrière. La vidéo d’un policier attrapant un de ces garçons par le cou a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

Des « comportements contraires à l’éthique« , notamment « à proximité du siège du Patriarcat et de l’église du Saint-Sépulcre » condamnés par le patriarcat Grec Orthodoxe dans un communiqué publié dans la foulée des évènements de samedi. Le texte dénonce une volonté de « priver des milliers de chrétiens de leur droit naturel à pratiquer librement leur culte« .

« Samedi, alors que nous essayions d’atteindre le Saint-Sépulcre, les checkpoints étaient partout en vieille ville. La police israélienne était partout. Les restrictions et les abus ont atteint des sommets. Bien que le feu sacré symbolise la lumière et la vie, les atrocités rencontrées ce samedi saint étaient aveugles et graves« , témoigne Vera Baboun, ancienne maire chrétienne de la ville de Bethléem.

Parcours du combattant

Pour espérer entrer, il fallait donc cette année et comme toutes les autres, être en possession d’un laisser-passer, distribué par les différentes Églises. Mais même avec ce précieux sésame, gagner la basilique a relevé du « parcours du combattant« , raconte dans un post Facebook Don Binder, pasteur anglican et sous-secrétaire du Conseil des chefs des Eglises de Jerusalem qui escortait les diplomates étrangers des pays occidentaux jusqu’au Saint-Sépulcre.

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« Il y avait des points de contrôle à chaque coin de rue. Même au niveau de la propriété privée du Patriarcat grec, la police avait pris le contrôle, relate Don Binder. Ils ont en fait refoulé près d’une douzaine de consuls généraux et d’autres représentants diplomatiques, y compris ceux des États-Unis. Nous avons dû prendre un autre chemin pour entrer. Si les choses se passent comme ça pour les VIP, imaginez pour un chrétien palestinien local qui essaie simplement de célébrer la plus sainte des fêtes chrétiennes dans l’église construite sur le tombeau même du Christ. »

D’autres vidéos ont montré des policiers tentant d’éteindre les cierges des fidèles massés sur le parvis du Saint-Sépulcre peu de temps après que le feu soit sorti de la basilique. Quelques heures plus tôt, la même unité distribuait des bouteilles d’eau à la foule dont l’attente se faisait sous un soleil de plomb.

 

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Si rien n’est aussi simple que les oppositions réductrices qu’on a pu lire sur les réseaux sociaux, les bousculades de samedi reflètent la lassitude des habitants de Jérusalem, territoire occupé par Israël depuis 1967, face aux tentatives de moins en moins masquées de vider la ville de ses habitants non-juifs.

Marques de soutien

« C’est tous les ans pareil. Ils grignotent toujours un peu plus nos droits et libertés et nous provoquent en attendant qu’on fasse des erreurs qui justifieront leur violence », estime un des chefs du groupe scout Melkite à l’issue d’une longue parade compliquée par la multitude de checkpoints et le manque de coopération de la police pour écarter la foule.

Malgré les échauffourées, la ferveur liée à cette tradition populaire ancrée dans la vie liturgique de Jérusalem était bien présente. Les applaudissements et cris de joie ont remplis les rues quand les cloches annonçant le miracle ont sonné et que la flamme a commencé à se répandre parmi la foule qui ne faisait plus qu’une.

Les marques de soutien ont afflué de toute part. La Jordanie est rejeté les restrictions israéliennes avec un communiqué, demandant à la « puissance occupante de respecter le statu quo historique et juridique à Jérusalem et ses [sites] sacrés, et d’arrêter toutes les mesures restrictives », lit-on dans le document.

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Dans un édito publié sur le site The  American Conservative, le journaliste chrétien et fervent défenseur d’Israël, Rod Dreher, présent à Jérusalem pour le Feu Sacré s’est dit scandalisé par ce qu’il a observé : « Ce qui se passe ici, dans cette ville sainte, est une honte. Je le dis en tant que chrétien américain qui se soucie d’Israël et qui souhaite que les Israéliens et les Arabes vivent en paix. Ce qui se passe à Jérusalem, au moment où j’écris ces lignes, avec des chrétiens – qui ont toujours été pacifiques – qui se voient refuser l’accès à leurs lieux saints pour prier en ce jour le plus sacré, est une autre forme de violence. C’est intolérable. »

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