Dans le dédale des ruelles de la vieille ville de Jérusalem, la boutique d’Issam Zughair ne passe pas inaperçue. Elle scintille des mille lampes qui y sont accrochées. Et en ce début de ramadan, les stars de sa boutique sont les « fanous ».
Ces lanternes, traditionnellement fabriquées en étain et en verre, sont la décoration incontournable du mois sacré pour les musulmans, au même titre que le croissant de lune et l’étoile. Accrochées dans les maisons, ou à leurs façades, elles participent à l’ambiance festive et chaleureuse de cette période dédiée au jeûne, au retour à la spiritualité et à des valeurs telles que la générosité.
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Issam en a tout une collection. Des grandes, des petites, des biscornues… Toutes colorées et agrémentées de verset du Coran… L’échoppe, ouverte par son père il y a une quarantaine d’année est une petite institution dans la vieille ville : il est le seul à ne vendre que du local, ou du régional. « Tout est fait main, affirme-t-il fièrement en désignant une lampe ajourée de style bédouin. Les miennes viennent d’Egypte, mais les autres importent de Chine ou de Turquie. »
L’histoire de cette tradition populaire n’est pas totalement fixée. Si les historiens arabes peinent à s’accorder sur un récit unique, tous débutent au même endroit : Le Caire, en Égypte.
Une tradition liée aux vieilles villes
Selon Ahmad Al-Maqrizi, un historien égyptien du XVe siècle qui a écrit sur le Califat Fatimide (Xe-XIIe siècle), les fawanis (pluriel de fanous), seraient une évolution des bougies de Noël utilisées par les Coptes. Cela expliquerait d’après le savant que le nom de « fanous » se rapproche du terme grec « phanos » qui signifie bougie.
D’autres sources suggèrent que la tradition actuelle des fawanis du Ramadan remonte au règne de Saladin (1174-1193), bien que le récit le plus répandu la situe un peu plus tôt, lorsque le chef fatimide Al-Muizz li-Din Allah est arrivé en Égypte depuis le Maroc durant le Ramadan de l’année 969. Les Egyptiens l’auraient alors accueillis avec des lampes et des torches.
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Loin de ces débats et considérations historiques, Issam Zughair estime que la tradition des lanternes répond avant tout à un besoin pratique : « Le fait que la tradition se soit répandue à tout le monde musulman est très liée aux vieilles villes. Ce sont des endroits fermés, très sombres. Les fanous apportent de la lumière et de la joie en cette période de fête », explique-t-il avant d’ajouter que chaque pays a son type de lampe et que la pratique est particulièrement développée au Maghreb.
Comme dans le judaïsme ou le christianisme, la lumière a une place importante dans l’Islam. « Les gens utilisent les fanous pour refléter la lumière, la bonté et la joie associées au ramadan », expliquait quant à lui Najeh Bkerat, de l’Académie Al-Aqsa pour la science et le patrimoine à Jérusalem à l’AFP en 2019.
Aujourd’hui, beaucoup de ces lanternes, en plastique et à pile, sont vendues à petit prix dans les boutiques du souk de Jérusalem, dont les rues ont été décorées de milliers de lumignons pour les célébrations de Ramadan. Pour s’offrir les plus grandes de la boutique d’Issam, il faut débourser environ 1 000 shekels (soit environ 250 euros).