« Puissent Israéliens, Palestiniens et tous les habitants de la Ville Sainte, avec les pèlerins, faire l’expérience de la beauté de la paix, vivre en fraternité et accéder avec liberté aux lieux saints dans le respect réciproque des droits de chacun », a lancé le 17 avril le pape François lors de la bénédiction « Urbi et Orbi » notamment prononcée le dimanche de Pâques depuis Rome.
Le souverain pontife s’exprimait alors que de nouveaux affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens ont eu lieu ce week-end sur l’esplanade des Mosquées, al Haram al Sharif en arabe, à Jérusalem et à proximité du sanctuaire. L’esplanade abrite la mosquée al-Aqsa et le dôme du rocher. C’est le troisième lieu saint de l’islam qui est aussi considéré comme le premier lieu saint du judaïsme, le Mont du Temple.
Les propos du Pape, dimanche, sont intervenus dans un contexte d’autant plus sensible que cette année, les fêtes de Pessah pour les juifs, de Pâques pour les chrétiens et le mois du Ramadan pour les musulmans se superposent dans le calendrier. « Demandons, a prié le Pape, la paix pour Jérusalem et la paix pour ceux qui l’aiment, chrétiens, juifs et musulmans ».
Première roquette
Dimanche matin, des centaines de manifestants palestiniens avaient commencé à accumuler des pierres sur l’esplanade peu avant l’arrivée de juifs sur les lieux. Leur présence a été mal prise par certains musulmans. Par ailleurs, non loin de l’esplanade, des jeunes Palestiniens ont jeté, le même jour, des pierres sur des cars de civils israéliens.
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D’autres ont agressé des juifs orthodoxes se rendant à la prière au Mur Occidental. Deux jours auparavant, lors du deuxième vendredi de Ramadan, l’esplanade avait été le théâtre de violents affrontements causant 150 blessés.
Lundi soir, une première roquette – dont le tir n’a pas été revendiqué – a été lancée depuis la bande de Gaza vers Israël et a été interceptée par le système israélien de défense antimissile. En représailles, l’armée israélienne a mené tôt ce jour ses premières frappes aériennes depuis des mois sur un site d’armement du Hamas dans l’enclave palestinienne.
Les tensions augmentent déjà depuis plusieurs semaines en raison d’une série d’attentats terroristes meurtriers à l’intérieur d’Israël causés fin mars et début avril, ayant déclenché une répression israélienne dans le nord de la Cisjordanie.
La Jordanie monte au créneau…
Les interventions d’Israël ce week-end sur l’esplanade pour maîtriser les émeutes, en particulier quand la police est entrée dans le complexe de la mosquée al-Aqsa, et quand elle a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, ont été condamnées par la communauté internationale, notamment par la Jordanie.
Depuis la prise en 1967 puis l’annexion par Israël de Jérusalem-Est, les juifs ont le droit de se rendre à certains créneaux sur l’esplanade, mais pas pour y prier. Seulement, depuis quelques années des juifs religieux viennent y prier en cachette.
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C’est la Jordanie, liée à Israël par un traité de paix depuis 1994, qui administre l’esplanade des Mosquées, mais l’accès à l’esplanade est contrôlé par Israël. C’est à ce titre que le ministère jordanien des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que « les mesures prises par Israël pour changer le statu quo sur l’esplanade constituaient une surenchère dangereuse. Israël porte l’entière responsabilité des conséquences de la flambée actuelle de violence qui contrecarre les efforts faits pour ramener le calme ».
« La police israélienne n’a pas le droit d’organiser des visites de non-musulmans sur le site. Seul le Waqf musulman peut le faire », a ajouté le ministère, faisant référence à l’organisme dirigé par la Jordanie, qui gère le sanctuaire.
… pour défendre le statu quo sur l’esplanade des mosquées
Le roi Abdallah II qui se trouve à Francfort en Allemagne où il se remet d’une intervention chirurgicale, a souligné, selon un communiqué du palais royal dimanche, « l’importance de mettre fin à toutes les mesures israéliennes illégales et provocatrices à Jérusalem qui violent le statu quo historique et juridique à la mosquée Al Aqsa/Al Haram Al Sharif et poussent à une nouvelle escalade ».
Il a appelé l’Eta hébreu à « s’abstenir de mesures visant à obstruer l’accès à la mosquée ou à provoquer les fidèles, en particulier pendant le Ramadan ». Ces propos ont été tenus lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants de l’Egypte, de la Turquie mais aussi avec les rois du Maroc, de Bahrein, l’émir du Qatar, le prince héritier d’Abu Dhabi, le secrétaire général de l’Onu et le président du Conseil européen. Il a également eu au téléphone le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui demande l’intervention des Etats-Unis.
Avant que les tensions à Jérusalem ne se transforment, comme en mai 2021, en guerre entre le Hamas et Israël, le Conseil de sécurité de l’Onu a décidé de convoquer ce mardi une session d’urgence à huis clos. Ce sont la France, l’Irlande, la Chine, la Norvège et les Emirats arabes unis qui ont été à l’origine de cette réunion.