Terrorisme, discrimination, réfugiés, islam, Jérusalem, présence chrétienne en Orient. Voilà les principaux thèmes, problèmes, défis et aspirations des chrétiens de la région qui ont été passés en revue par le Conseil des Eglises du Moyen-Orient (MECC) du 16 au 20 mai, lors de sa 12e Assemblée Générale. Elle se tenait au monastère d’Anba Bishoy, dans la région désertique de Wadi el Natrun, à 70 km à l’ouest du Caire. C’est la première fois que le Conseil se réunissait en Egypte et que l’Eglise copte orthodoxe en était l’hôte.
L’assemblée œcuménique a réuni, sous le verset « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » (Mt 14,27), des représentants de 21 Eglises et communautés ecclésiales présentes dans les pays du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et dans la diaspora. Les participants étaient appelés à partager des informations, des réflexions et des décisions sur le présent et l’avenir concernant les chrétiens au Moyen-Orient.
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17 patriarches et chefs d’Eglises et de communautés ecclésiales membres des quatre familles ecclésiastiques qui composent le Conseil – orthodoxe orientale, orthodoxe, catholique et évangélique, ont participé aux discussions, prières et travaux de l’Assemblée Générale.
Le Conseil des Eglises du Moyen-Orient, fondé en 1974 à Nicosie à Chypre et actuellement basé à Beyrouth au Liban, vise à faciliter l’unité des communautés chrétiennes du Moyen-Orient sur des questions d’intérêt commun, à créer des ponts avec les Eglises occidentales, et à favoriser le dialogue avec les autres religions de la région, en particulier avec les musulmans.
« Renforcer la présence chrétienne dans la Cité de la Paix »
Dans leur document final publié à la fin de leur semaine de travaux, les responsables chrétiens ont appelé à « soutenir les Eglises et les croyants de Jérusalem » et réaffirmé « le devoir de préserver les lieux saints ». Ils ont également voulu rappeler à la communauté internationale « l’importance de renforcer la présence chrétienne dans la Cité de la Paix », là où le Christ est mort et ressuscité.
Dans une allocution, dont les propos ont été rapportés par le site chrétien d’informations arabes abouna.org présent à l’Assemblée Générale, le Patriarche latin de Jérusalem a évoqué la situation politique en Terre Sainte qui est très tendue depuis plusieurs mois, et encore plus depuis la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Aqleh qui travaillait pour Al Jazeera.
Le patriarche Pierbattista Pizzaballa a expliqué que les Eglises chrétiennes de Jérusalem avaient condamné l’agression de la police israélienne contre les porteurs du cercueil de Shireen Abu Aqleh, et a poursuivi en disant que « la question de Jérusalem et de son avenir était maintenant en jeu ». Et d’avoir ajouté : « nous, en tant qu’Eglises chrétiennes, ne pouvons pas rester silencieux ». Il a souligné que « la Ville Sainte avait un caractère chrétien qui doit être préservé et rester visible et respecté, et que la voix chrétienne à propos de Jérusalem doit être entendue et écoutée ».
Ceux qui émigrent appelés à ne pas gaspiller leur héritage spirituel
Dans cette même ligne, le Conseil des Eglises du Moyen-Orient a réaffirmé dans son communiqué que « la présence chrétienne est au cœur de l’entité de cet Orient ». Les dirigeants chrétiens n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler que « les chrétiens ont apporté de grandes contributions à la construction de leurs pays et à leur prospérité, et qu’ils resteront enracinés dans cette terre et seront de véritables partenaires de sa renaissance et de la construction de son présent et de son avenir, quelle que soit l’intensité des tempêtes et des défis ».
Néanmoins, l’Assemblée a dit regarder « avec douleur » l’émigration qui touche les sociétés et en particulier la jeunesse du Moyen-Orient, évoquant les questions économiques et les « crises endémiques » dans les pays de la région et qui alimentent la « souffrance des peuples ». Exhortant les responsables et les décideurs « à travailler dur » pour faire face aux crises qui sévissent dans les différents pays du Moyen-Orient.
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L’Assemblée a aussi invité tous ceux qui ont émigré à « maintenir leur lien avec leur mère patrie » et leur a demandé de « ne pas gaspiller » leur héritage. Celui « des richesses spirituelles reçues dans leurs communautés d’origine » décrypte à travers les lignes l’agence de presse Fides.
Chrétiens et musulmans : appel pour un respect mutuel
Les membres du MECC ont également lancé un appel à la solidarité avec les réfugiés et les personnes déplacées et poussent les responsables politiques et la communauté internationale à « œuvrer pour un retour sur leur terre ». Ils ont en outre insisté sur la nécessité au Moyen-Orient de « renoncer à la violence et au fanatisme de toutes sortes et formes » et de lutter contre « le terrorisme, l’exclusion et la discrimination » fondées sur « la religion, la race, la couleur et le sexe ».
Les responsables religieux ont également plaidé pour « une vie commune avec nos frères musulmans, avec lesquels nous partageons un respect mutuel » rappelant l’importance de « respecter la liberté de croyance ».
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Enfin, outre leurs prières pour la « stabilité » et la paix au Moyen-Orient, un appel a été lancé aux gouvernements internationaux afin qu’ils œuvrent en faveur des personnes kidnappées et « en particulier » – indique leur communiqué – des deux évêques orthodoxes d’Alep, Boulos Yazigi, frère du patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et Youhanna Ibrahim, métropolite syriaque-orthodoxe dont on est sans nouvelles depuis 2013.
En marge des sessions de l’Assemblée Générale, le patriarche Copte Tawadros a rencontré le patriarche Pizzaballa, en présence du père Rif’at Bader, directeur du Centre catholique d’études et des médias à Amman en Jordanie, au cours de laquelle les discussions ont porté sur l’importance du pèlerinage chrétien en Terre Sainte, sans oublier les lieux saints historiques en Egypte comme en Jordanie.