Le roi Hérode le Grand, roi de Judée dans la seconde moitié du Ier siècle avant J.-C., est connu pour avoir été un grand bâtisseur devant l’éternel. Il fut à l’origine du Second Temple de Jérusalem, de la ville et du port de Césarée-Maritime, de palais, de palais-forteresses comme Massada ou Machéronte, ou encore d’amphithéâtres… N’hésitant pas à importer les matériaux les plus nobles, comme le marbre expédié d’Italie.
S’inspirant des techniques romaines et voulant imiter le style de vie des Romains, il a notamment introduit la culture des bains romains dans son royaume.
Si l’on dispose de peu d’éléments archéologiques sur sa vie privée et ses effets personnels, deux de ses somptueuses baignoires en albâtre calcaire, aussi appelé albâtre oriental, – pesant 1,5 tonne chacune – ont été découvertes dans la forteresse de Kypros près de Jericho il y a plus de 40 ans ; et l’autre a été retrouvée plus récemment dans la suite privée d’Hérode à l’Hérodion.
Exigence
Jusqu’à présent, les experts pensaient – en raison de l’absence dans le Levant méridional (aujourd’hui Israël-Palestine) d’anciennes carrières d’albâtre calcaire, c’est-à-dire composé de calcite – que les baignoires royales avaient dû être réalisées à partir d’albâtre calcaire importé d’Egypte, la principale source en la matière dans les périodes anciennes, depuis l’âge du bronze moyen.
Le seul albâtre disponible localement était l’albâtre de gypse, plus mou et de moins bonne qualité. Cet albâtre gypseux était donc utilisé pour les objets et mobiliers de qualité inférieure.
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Connaissant l’exigence d’Hérode, il ne pouvait qu’utiliser le meilleur albâtre qui fut, ce qui a longtemps fait dire qu’il s’approvisionnait en Egypte. L’hypothèse n’avait cependant jamais été validée scientifiquement.
Cette découverte israélienne qui change tout
L’identification d’une carrière d’albâtre calcaire découverte près de l’actuelle Beit Shemesh, dans la grotte de Te’omim sur le versant ouest des collines de Jérusalem, vient remettre en cause ce qui était alors communément admis.
« Dans cette grotte, des signes de cicatrices d’extraction et d’arrêt de l’extraction sont visibles sur les murs et le sol de la carrière », a signalé dans une étude publiée le 7 mai dans la revue Scientific Reports de Nature une équipe scientifique de l’université israélienne Bar-Ilan et de l’Université hébraïque de Jérusalem qui mentionne que d’importantes activités d’extraction ont eu lieu dans ladite grotte, et ce, de l’âge du bronze moyen au début de la période romaine tardive, selon les vestiges retrouvés sur place.
Les chercheurs curieux de savoir si les baignoires d’Hérode le Grand avaient été façonnées à partir des ressources locales et non pas égyptiennes, ont utilisé quatre méthodes analytiques multidisciplinaires pour comparer la composition chimique et la structure cristalline des échantillons d’albâtre anciens et modernes en provenance d’Egypte et d’Israël. Ces méthodes ont ensuite été appliquées aux baignoires royales.
Une industrie locale suffisamment développée pour satisfaire Hérode
Et là, les analyses « ont donné des résultats cohérents, distinguant clairement l’albâtre calcaire israélien de l’albâtre calcaire égyptien », ont écrit les chercheurs.
Leur conclusion est claire : « ces résultats attestent du fait que l’industrie de l’albâtre calcaire en Judée dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. était suffisamment développée et d’une qualité suffisamment élevée pour répondre aux normes luxueuses d’Hérode ».
De prochaines étapes devraient comprendre l’analyse d’autres artefacts archéologiques d’albâtre calcaire afin d’obtenir une image plus large de l’industrie locale dans les temps anciens, a rapporté le Times of Israel.