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Spi Trek : Et la marche se fit Parole

Laurent Guillon-Verne
15 mai 2022
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©Hadas Parush/Flash90

Se faire troupeau guidé par le Bon berger, et ruminer la Parole
en marchant. Quand un groupe choisit de monter de Jéricho à Bethléem à pied. C’est le concept des Spi Trek, ces retraites itinérantes en Terre Sainte.


De bon matin, nous avons rejoint la source d’Al Auja, la plus importante source de la vallée du Jourdain avant l’oasis de Jéricho. C’est là que commence la marche qui va nous conduire à Bethléem. Pendant cinq jours, nous allons vivre une expérience étonnante. Basculer deux mille ans en arrière pour devenir les compagnons de route des bergers.
Nous nous mettons en route. Nous trouvons notre rythme en douceur sur les pentes qui nous mènent au mont de la Tentation. Malgré les bougainvilliers flamboyants et les palmeraies, nous sentons la proximité du désert, son appel.

De la rencontre…

Il nous faut d’abord traverser Jéricho, l’une des plus anciennes villes du monde et la plus basse, à la terre généreuse et abondante où se cultivent le citron, l’orange, la banane, la figue et le raisin. C’est là, par notre rencontre avec les femmes de la coopérative de Aqbat Jaber, dans l’ancien camp de 1948, que nous prenons conscience que, ça y est, c’est acté, nous sommes en terre inconnue… nous sommes en Palestine !

Les jours suivants, accompagnés par notre guide palestinien, nous découvrons la réalité palestienne et ce que cela signifie d’être une minorité sur sa propre terre. Nous empruntons son regard pour constater la dévoration incessante et écrasante de sa terre ancestrale par Israël. Au loin, ce n’est pas Jérusalem qui nous apparaît mais Ma’alé Adummim, une implantation israélienne de 1975 qui grignote peu à peu et méthodiquement le désert. Le contraste est brutal entre, d’une part, une modernité arrogante et, d’autre part, sur un même territoire, les bédouins qui mènent leurs troupeaux comme les menaient depuis des millénaires leurs ancêtres… Le choc des civilisations, dirait Samuel Huttington.

En Palestine nous sommes ; avec les Palestiniens nous partageons… les bédouins nous accueillent pour une nuit. Le repas traditionnel est l’occasion d’un échange chaleureux, joyeux et riche d’enseignement.

…à la Parole

Enfin, parce qu’au fil des heures l’appel s’est fait plus pressant, nous nous enfonçons dans le désert de Judée. Nous nous faisons nomades parmi les nomades. Insistantes, les paroles du psaume 22 nous reviennent en mémoire : “Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer”…

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Nous apprenons à regarder ce qui nous semble vide et nous découvrons une vie discrète mais résiliente : les petits animaux du désert, le puits bédouin caché, les grottes… C’est dans l’une d’entre elles que nous passons une nuit mémorable à la belle étoile.

Bientôt, nous atteignons Mar Saba, le monastère orthodoxe où nous sommes accueillis. Accroché à la falaise et dominant la faille du Cédron qui prend naissance à Jérusalem et s’étend jusqu’à la mer Morte, le lieu est occupé depuis le Ve siècle. Loin du monde, ces pères du désert nous précèdent et nous font avancer vers le “Fils de l’Homme”. Le psaume 22 s’impose à nouveau à notre esprit : “Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure.”

Les dernières collines se succèdent. Nous atteignons le faubourg de Bethléem. Un Roi nous attend. Des jours durant, nous avons suivi l’étoile, nous avons fait l’expérience du monde tel qu’il fut et du monde tel qu’il est. Maintenant, nous sommes attendus à la crèche. La table est prête, la coupe est débordante…

À notre retour, c’est le cœur et l’esprit remplis de reconnaissance et de joie que nous pouvons dire : “Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours”.

PSAUME 22

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène
vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit
par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins
de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide
et me rassure.
Tu prépares la table
pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum
sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur
m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison
du Seigneur
pour la durée de mes jours.

Dernière mise à jour: 01/05/2024 11:13

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