Le président du Mémorial de la Shoah à Jérusalem a rencontré lors d’une rare audience privée de trente minutes, le jeudi 9 juin, le pape François au Vatican. La rencontre s’est tenue en présence de l’ambassadeur d’Israël au Vatican, Rafi Schutz.
« Le fait même que j’ai obtenu cette audience privée avec Sa Sainteté le pape François – c’est la première fois qu’un président de Yad Vashem a l’occasion de rencontrer un pape au Vatican – souligne l’importance que le chef de l’Eglise catholique accorde à la mémoire de l’Holocauste et à la lutte contre l’antisémitisme », a déclaré le président de Yad Vashem, Dani Dayan, dans un communiqué publié par le célèbre mémorial dédié à la mémoire des six millions de Juifs qui ont été assassinés par l’Allemagne nazie et ses collaborateurs.
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Yad Vashem est aussi un centre de recherche international sur la Shoah internationalement reconnu.
Renforcer les actions conjointes Yad Vashem / Eglise
Alors que les trois derniers papes ont visité Yad Vashem depuis son ouverture en 1953 à Jérusalem, – le pape François s’y est rendu en 2014 -, « le contexte de ces visites reflétait l’état des relations entre l’Église catholique et le peuple juif », indique le communiqué.
L’audience privée du 9 juin au Vatican de Dani Dayan avec le pape François avait quant à elle un objectif différent signale le communiqué de Yad Vashem, à savoir : « renforcer les activités de collaboration entre Yad Vashem et le Vatican dans les domaines de la mémoire, de l’éducation et de la documentation sur l’Holocauste, et discuter des efforts de lutte contre l’antisémitisme et le racisme dans le monde ».
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Le feeling est d’autant plus facilement passé que les deux hommes partagent la même langue maternelle – l’espagnol – du fait de leurs racines argentines, tous deux étant nés à Buenos Aires.
Dani Dayan en a profité pour proposer au Pape « toute l’expertise et l’influence de Yad Vashem, nos capacités, nos matériaux et notre érudition, afin d’aborder ces questions liées à l’Holocauste et l’Église en particulier, et sur la scène mondiale en général ».
Archives : l’Eglise n’a pas peur de l’Histoire, dixit le Pape
Le président de Yad Vashem a aussi exprimé sa gratitude au Pape pour sa décision d’ouvrir il y a deux ans, en mars 2020, les Archives apostoliques vaticanes datant de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que plusieurs autres archives du Saint-Siège sur le pontificat de Pie XII (1939-1958), et de répondre aux questions concernant l’Eglise pendant l’Holocauste.
Les archivistes de Yad Vashem recueillent actuellement des informations à partir de ces collections, dans le but de les apporter au Mont du Souvenir à Jérusalem où elles pourront être étudiées.
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Dani Dayan a fait savoir que « le Pape [avait] exprimé une grande émotion en discutant de l’Holocauste ». Selon lui, le Pape a dit que l’ouverture des Archives du Vatican liées à la Seconde Guerre mondiale était « une question de justice, et que l’Eglise n'[avait] pas peur de l’histoire ».
Le président de Yad Vashem a aussi souligné que le Pape avait déclaré que « comme dans chaque groupe, il y avait des individus dans l’Eglise qui agissaient correctement et d’autres qui ne le faisaient pas. C’était une déclaration importante de Sa Sainteté le pape François ».
Les paroles « claires » du Pape contre l’antisémitisme
Le Saint Père n’a pas manqué de réitérer son engagement à contribuer à la lutte contre l’antisémitisme, a rapporté Dani Dayan au micro de Radio Vatican – Vatican News immédiatement après l’audience privée qui lui a été accordée. Il a estimé que le Pape avait été « très clair » en condamnant le fléau de l’antisémitisme. Dans cette mission, le président de Yad Vashem a décrit le Saint Père comme un « ami et un allié ».
À l’issue de la rencontre, Dani Dayan a également transmis au pape François une invitation du président Isaac Herzog à se rendre à nouveau en Israël.