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Le retour à Lod de l’une des plus belles mosaïques au monde

Christophe Lafontaine
28 juin 2022
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Détail de la mosaïque de Lod ©Nicki Davidov, Israel Antiquities Authority

Après avoir été exposée dans les musées du monde, une immense mosaïque romaine a rejoint le musée archéologique de la ville israélienne de Lod, inauguré le 27 juin. Là même où elle a été découverte il y a plus de 25 ans.


C’est comme passer le seuil du hall d’entrée d’une grande demeure de la fin du IIIe ou début du IVe siècles ap. J.C. pour contempler un majestueux tapis de tesselles que les propriétaires de jadis ont foulé de leurs pieds.

Voilà l’expérience émouvante, historique et esthétique que propose à compter de cet été le tout nouveau centre archéologique Shelby White & Leon Levy Lod Mosaic, du nom de ses mécènes. Shelby White est présidente des Amis américains de l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) et administratrice fondatrice de la Fondation Leon Levy créée à la succession de Leon Levy, un investisseur et philanthrope de Wall Street.

Le musée israélien a été inauguré hier à Lod. Il a été construit spécialement pour accueillir la mosaïque vieille d’environ 1 700 ans. Dans son communiqué publié à l’occasion de l’ouverture du centre, l’AAI la compte parmi les mosaïques « les plus belles au monde ».  A noter que le nouveau centre archéologique qui l’abrite désormais est sorti de terre sur les lieux mêmes de sa découverte en 1996 dans le nord-est de la ville, par une archéologue de l’AAI.

Le “Shelby White & Leon Levy Lod Mosaic Archaeological Center”, nouveau musée de Lod inauguré le 27 juin 2022 pour abriter une spectaculaire mosaïque romaine retrouvée in situ ©Peter Pen Stepansky

Une tournée internationale

Composée de plusieurs panneaux, la mosaïque de Lod mesure environ 17 mètres de long et 9 mètres de large, soit environ 180 m² de superficie. « La première section de la mosaïque richement colorée a été découverte accidentellement sous plus deux mètres de terre lors de fouilles de sauvetage en 1996. Une autre section a été découverte sous ce qui semble être une grande villa romaine de l’époque byzantine en 2015. Une troisième section a également été découverte sous la villa en 2018 lors de la construction du musée », a résumé pour ses lecteurs le Times of Israel.

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Après douze années d’exposition – donc de démantèlements et de réassemblages minutieux et répétés – dans les plus prestigieux musées de la planète, dont le Metropolitan Museum de New York, le Louvre à Paris, l’Altes Museum de Berlin, l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, « nous allons permettre aux gens de tout le pays et du monde de voir cet incroyable trésor ici à son emplacement d’origine, exactement là où il a été trouvé », a déclaré Leon Revivo, le maire de Lod, se réjouissant de voir sa ville, célèbre pour l’aéroport international Ben Gourion, se placer « sur la carte du tourisme mondial ». Le centre est idéalement situé à proximité de la route vers l’aéroport Ben Gourion et de l’autoroute Jérusalem-Tel Aviv.

Des influences nord-africaines

« Insolite dans sa qualité, sa construction, son contenu et son état de conservation, la mosaïque servait autrefois de sol pour le rez-de-chaussée d’une grande demeure dans un quartier riche de Lod des époques romaine et byzantine », explique l’AAI dans son communiqué. Sans doute s’agissait-il du sol d’une pièce de réception plus que d’une salle d’audience.

La conception de la mosaïque principale a été influencée par celle des mosaïques nord-africaines. La mosaïque présente notamment des animaux africains qui n’existaient pas en Israël. Pour Hagit Torge citée par l’AFP « elle est unique tant dans sa forme que dans son style et montre que les artistes qui réalisaient ce type d’œuvre à Carthage et en Sicile voyageaient à travers le monde romain ».

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Dans plusieurs trames géométriques, le pavement comprend des surfaces différentes représentant des mammifères tels que des éléphants, des lions, des tigres, des taureaux, des girafes, des rhinocéros, des gazelles, des lapins ou encore des oiseaux, des poissons, des dauphins, des crustacés, des plantes, des fruits, des fleurs, des bateaux à voile et à rames, des vases et des ustensiles de banquet.

Sans connotation religieuse

L’archéologue Hagit Torge de l’AAI a déclaré à l’AFP que la mosaïque était « la plus luxueuse que nous ayons ici en Israël de cette période ». Lod, connue en grec sous le nom de Lydda mais appelée Diospolis à l’époque romano-byzantine, était une capitale régionale riche et multiculturelle.

La ville a prospéré avec une population très diversifiée et cosmopolite, comprenant des juifs, des païens et des premiers chrétiens. La villa romaine qui abritait la mosaïque appartenait sans nul doute à l’élite financière ou politique de la ville. 

Mais contrairement à d’autres mosaïques de cette époque, la mosaïque ne comprend aucune représentation humaine. Parallèlement, il n’y a pas de signe pouvant raisonnablement être interprété comme une appartenance religieuse. Ce qui rend difficile pour les experts de déterminer si le propriétaire de la villa était païen, juif ou chrétien.

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