Elles interviennent toutes les deux 50 jours après Pâques. La fête juive de Shavuot (littéralement « semaines ») est généralement décrite, par le judaïsme contemporain, comme la fête du don de la Torah à Moïse. Dans le Nouveau Testament, elle est le cadre dans lequel se réunissent les apôtres lorsqu’ils reçoivent l’Esprit-Saint lors de la Pentecôte (dont la racine grecque signifie 50).
Dans le Deutéronome (26), les contours de la fête de Shavuot ne sont pas très précis. « On sait que c’est une fête agricole, qui célèbre les prémices, les premiers fruits des récoltes, et qu’elle implique un pèlerinage au temple de Jérusalem sept semaines après Pessah. Parmi les trois fêtes de pèlerinages, c’est l’unique qui manque de clarté », souligne père David Neuhaus, Supérieur des jésuites de Terre Sainte qui enseigne l’Ancien Testament.
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Si on fait un saut dans le temps, la fête des Prémices est mentionnée par Luc dans les Actes des Apôtres comme étant le cadre temporel dans lequel se produit le don de l’Esprit-Saint. Le jour de la Pentecôte, les disciples étaient réunis à Jérusalem pour Shavuot. « Le Saint Esprit est donné comme le premier fruit de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus », explique David Neuhaus.
« Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, les disciples se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. » (Ac,2, 1-4)
La destruction du Temple par les Romains en 70 ap.J.-C contraint le judaïsme a réadapter ses pratiques : plus de temple, plus de pèlerinage. C’est dans le Talmud de l’époque babylonienne, compilé au VIe siècle de notre ère, que les rabbins lient pour la première fois Shavuot à l’évènement historique du don de la Torah.
« Deux choses peuvent l’expliquer, indique père David Neuhaus. La première, c’est une forme de réaction des rabbins face à l’appropriation chrétienne de la fête. Ils ont voulu rappeler l’importance de la Loi. La seconde, c’est l’importance du lien à la terre, pour un peuple en exil. Où est leur patrie ? Dans la Torah. D’où l’importance de la remettre au centre d’un judaïsme en pleine redéfinition. »
Des parallèles nombreux
Pour Anne Guétin, bibliste et formatrice au diocèse de Versailles, les parallèles sont nombreux entre les deux fêtes. « Tous les signes qui accompagnent la venue de l’Esprit Saint rappellent ceux du Sinaï quand Moïse reçu le Don de la Loi : « bruit » et « tonnerre » ; « langues de feu « et « éclairs » ; voix par lesquelles Dieu se révèle aux hommes », écrit-elle sur le site du diocèse.
Au-delà de ces manifestations extraordinaires, la notion d’Alliance est aussi très présente : « Comme Moïse était monté sur la montagne, pour ensuite donner aux hommes la Loi reçue de Dieu, Jésus est monté au ciel pour leur envoyer l’Esprit. Mais alors que le patriarche du Sinaï n’était qu’un intermédiaire entre le Seigneur et son peuple, le Christ est lui-même l’auteur de l’Alliance », poursuit la bibliste. « Pour Luc, la Pentecôte symbolise l’alliance avec le nouveau peuple de Dieu, désormais rempli de l’Esprit », abonde David Neuhaus.
Shavuot en Israël : cheesecake et fêtes champêtres
Contrairement aux autres fêtes juives, Shavuot ne se célèbre pas en respectant des règles religieuses particulières. Une série de traditions anime plutôt cette journée, qui est chômée en Israël. Ainsi, les juifs les plus observant ont pour coutume de ne pas dormir durant la nuit de Shavuot afin de se consacrer à l’étude de la Bible.
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Parce que dans le judaïsme, tout a une explication, les raisons de cette pratique sont à trouver dans une légende, qui raconte que les Hébreux ont accidentellement fait la grasse matinée le jour de Shavuot. « C’est pour rattraper le retard de nos ancêtres que les Juifs se dédient à l’étude avant la fête », explique le site chabad.fr.
Shavuot s’est aussi sécularisée. Certaines pratiques, comme celle de consommer des glaces, des cheesecakes, ou tout type de produits laitiers, sont particulièrement populaires chez les juifs non-pratiquants.
Avec les mouvements des kibboutzim, ces communautés agricoles pionnières dans la colonisation d’Israël, Shavuot devient un festival champêtre où la mise en valeur de la dimension agricole donne lieu à la glorification du lien de l’homme avec la terre, bien plus qu’à celle de la providence divine. Certains kibboutzim perpétuent toujours la cérémonie des bikkourim, tombée en désuétude, avec des danses, des jeux, et des défilés de tracteurs.