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Un nouvel évêque atypique pour les melkites en Egypte

Christophe Lafontaine
27 juin 2022
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Portrait tiré de la page Facebook du Patriarcat grec-catholique melkite du père Jean-Marie Chami, nouvel évêque pour l’Egypte, le Soudan et le Soudan du Sud

Le 25 juin, le Pape a approuvé l'élection comme vicaire patriarcal grec-catholique melkite pour l’Egypte, le Soudan et le Soudan du Sud, du père Jean-Marie Chami (60 ans). Un pasteur pas comme les autres.


Les melkites d’Egypte, du Soudan et du Soudan du Sud ont un nouvel évêque. Et il est Libanais. Le Synode des évêques de l’Eglise grecque-catholique melkite, s’est réuni du 20 au 25 juin 2022 à Rome en Italie, sous l’égide du patriarche Youssef Al-Absi.

C’est à cette occasion que le père Jean-Marie Chami, a été élu comme évêque auxiliaire du Patriarcat et vicaire patriarcal pour le territoire patriarcal couvrant les trois pays précités. Le Saint Père a accordé son assentiment samedi dernier, a fait savoir un communiqué de la salle de presse du Saint-Siège. L’approbation de l’élection par le Pape le 25 juin est une formalité au nom de la communion ecclésiastique établie en 1724 de l’Eglise grecque-catholique melkite avec l’Eglise de Rome.

Le nouvel évêque succède à Mgr Georges Michel Bakar, qui occupait le poste depuis 2008 et qui avait remplacé Mgr Jules-Joseph Zerey, alors nommé vicaire patriarcal pour le diocèse de Jérusalem et qui occupa sa fonction dix ans durant.

Mgr Chami servira un diocèse qui comptait en 2020, 6200 fidèles, une douzaine de religieuses, et 14 paroisses desservies par 12 prêtres, d’après le site catholic-hierarchy.org, qui présente les diocèses de l’Eglise catholique romaine et des Eglises orientales rattachées à Rome. Le siège est au Caire et le diocèse compte deux cathédrales : la Cathédrale de la Résurrection dans la capitale égyptienne et la cathédrale de la Dormition à Alexandrie.

Un prêtre multi-casquettes

Jean-Marie Chami est né le 14 mai 1962 à Beyrouth. Après ses études secondaires chez les Frères des Ecole Chrétiennes, il suit ses études à la Faculté des beaux-arts et de musicologie et a travaillé comme architecte pendant quelques années.

Il s’est préparé au sacerdoce à l’Institut des Pères paulistes à Harissa au Liban, au Séminaire du Prado à Lyon en France et à la Faculté de théologie de Fribourg en Suisse. Après son ordination, le 8 décembre 1996 au service du diocèse melkite de Beyrouth et Jbeil, il fut nommé curé de la paroisse de Notre-Dame de l’Annonciation à Zokak el-Blatt, à Beyrouth, et fut aussi successivement économe puis syncelle – sorte de conseiller ecclésiastique – de l’archiéparchie de Beyrouth.

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Le père Jean-Marie Chami est également élu supérieur pour le Moyen-Orient des prêtres du Prado depuis 2019. L’ « Association des Prêtres du Prado », dont le père Jean-Marie Chami est membre depuis 2003, est un institut séculier clérical masculin de droit pontifical installé près de Lyon en France.

L’objectif est de « susciter des apôtres pauvres pour les pauvres » et « les prêtres cherchent avec les autres confrères une vie de fraternité et de partage de la vie à la lumière de l’Évangile », indique l’Institut du Prado sur son site.

Un prêtre « vert » au service des personnes handicapées

Jean-Marie Chami est devenu athée à la fin de l’adolescence jusqu’au début de sa vie d’adulte. Une période de plus de cinq ans durant laquelle il touchera au monde occulte. Il retrouvera la foi lors d’un séjour en France et sent progressivement un premier appel au sacerdoce.

Plus tard lors d’une rencontre avec le mouvement catholique des Focolari, le jeune homme, alors âgé de 22 ans, découvrira le monde de la surdité. Ce fut « le début d’une grande histoire d’amour avec les malentendants », a-t-il confié il y a cinq ans à L’Orient-Le Jour. « Lors de mon parcours avec eux, j’ai redécouvert ma vocation sacerdotale. Une sourde m’avait demandé de lui expliquer la parole de Dieu ». Et le fil rouge de sa vie fut tracé.

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On comprend pourquoi le nouvel évêque qui parle le français, l’anglais, l’arabe et comprend l’italien, connaît aussi la langue des signes pour les sourds-muets. Depuis qu’il est prêtre, le père Chami célèbre la messe en langue des signes à Beyrouth pour les fidèles sourds et malentendants. Il a même formé à la langue des signes un second prêtre qui a été ordonné en août 2014.

Devenu aumônier des sourds au Liban, la communauté du Monastère invisible, « qui permet aux personnes handicapées de se consacrer [ndlr : à Dieu] tout en étant à domicile », a vu le jour en 1999. La même année, il fonde L’Ecoute à Beyrouth, une organisation à but non lucratif visant à soutenir l’intégration de personnes sourdes dans la société mais aussi pour les personnes souffrant de cécité, de mobilité réduite ou de handicap mental.

A travers L’Ecoute, le père Chami s’est engagé en faveur des plus démunis en réussissant à allier écologie et travail social, à travers un service de recyclage donnant un emploi aux personnes sourdes et handicapées et bénéficiant financièrement à l’association. 

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