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Brûlé, le site archéologique de Tel Gezer sera restauré

Christophe Lafontaine
20 juillet 2022
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Des dizaines d’hectares du parc national de Tel Gezer ont été détruits par un incendie ©Dori Tovim, Autorité israélienne de la nature et des parcs

Tel Gezer, importante cité-état cananéenne fortifiée à l'âge du bronze moyen, a été touchée par un incendie début juillet. Le gouvernement israélien restaurera le site archéologique à hauteur de 4 millions de shekels.


Spectacle de désolation. Le 4 juillet, de nombreux hectares de Tel Gezer, à la limite nord de la Shéphélah, environ, à 30 km à l’ouest de Jérusalem, ont été brûlés par un incendie. Le feu est parti de zones agricoles du village voisin, Beit Uziel où un « feu contrôlé » avait été allumé pour défricher des terres pour l’agriculture, a signalé Haaretz. Mais devenu très vite incontrôlable, il s’est propagé en raison de vents forts et de températures élevées.

Une vingtaine de pompiers, accompagnés d’inspecteurs de l’Autorité israélienne de la Nature et des Parcs (INPA), aidés de quatre avions et deux hélicoptères de lutte contre les incendies, ont combattu l’incendie pendant six heures, jusqu’à ce qu’il soit éteint, a fait savoir l’Autorité qui a été soulagé de constater après une visite sur le terrain le 5 juillet que beaucoup de végétation avait pris feu mais qu’il n’y avait pas de dommages irréversibles concernant les antiques vestiges en pierre de Tel Gezer, d’autant que beaucoup ayant de l’intérêt se trouvent sous terre.

Solidarité gouvernementale

Le 17 juillet, le Premier ministre israélien Yair Lapid, son ministre de la Construction et du Logement Ze’evElkin et son ministre du Tourisme Yoel Razbozov ont tous mis à contribution les budgets de leurs ministères respectifs pour la restauration du site, a rapporté le Jerusalem Post. Et ce, pour un total de 4 millions de shekels, soit 1,14 millions d’euros.

Il faut savoir, note l’INPA, qu’en hiver et au printemps, qui sont les périodes touristiques de pointe sur le site, environ 50 000 personnes visitent le parc national de Tel Gezer.

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Le site couvre une superficie d’une bonne douzaine d’hectares et comprend 26 couches de peuplement datant de la période chalcolithique du début de l’âge du bronze (3500 av. J.-C) à la période des croisés. Le site sera alors rebaptisé à leur époque « mont Gizar » et sera le cadre d’un ultime combat entre les chrétiens et les armées musulmanes de Saladin en 1177.

« Les caractéristiques naturelles du lieu et son emplacement stratégique à proximité de l’intersection de la « Route de la Mer » avec l’ancienne route qui menait de Jaffa à Jérusalem, en ont fait l’un des monticules bibliques les plus importants de la Terre d’Israël », a rappelé dans sa communication l’INPA.

Situé à une altitude de 229 mètres, Gezer permettrait de contrôler visuellement la plaine côtière, ce qui en faisait un site militaire d’autant plus stratégique.

Des dommages mineurs mais soins prioritaires

Gezer, découvert pour la première fois au XIXe siècle, est surtout connue pour avoir été une importante cité-état cananéenne fortifiée à l’âge du bronze moyen.

La ville apparaît dans des sources historiques égyptiennes comme celles de Thoutmôsis III ou dans les lettres d’Amarna – correspondance diplomatique cunéiforme sur des tablettes d’argileentre les grandes puissances à l’époqued’Amenhotep IV, plus connu sous le nom d’Akhenaton, qui régna de 1369 à 1353 av. J.-C., trouvées à Tell el-Amarna en Egypte, qui était alors la capitale du Nouvel Empire d’Egypte antique.

La ville est plusieurs fois citée dans l’Ancien Testament. Selon la Bible, la ville a notamment été reconstruite et fortifiée par le roi Salomon qui ena fait l’une de ses grandes villes forteresses emblématiques à l’instar de Hatzor, Megiddo et Jérusalem.

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Parmi les découvertes archéologiques les plus importantes qui ont été effectuées à Tel Gezer, on compte 10 mégalithes monumentaux qui pourraient être un possible centre de culte cananéen, despierres gravées d’inscription, un ancien système d’approvisionnement en eau d’époque cananéenne, des vestiges de tours fortifiées, une porte de la ville qui fut érigée par Salomon, des vestiges archéologiques des époques hellénistique et romaine, dont deux bains publics, plusieurs mikvé, des tombes juives. Des restes d’un temple ont également été retrouvés.

Selon le Times of Israel, « la porte de Salomon, l’ancien système d’eau, et les anciens remparts de la ville de Gezer ont subi des dommages mineurs ». Et ce sont eux qui« seront au centre des efforts de restauration ». Le principal sera d’enlever la suie et les traces de carbonisation.

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