Clairement, en l’espace d’un peu plus de trois ans, la base électorale juive s’est majoritairement déplacée vers les partis de droite. La presse israélienne s’est en effet fait l’écho hier des résultats d’une récente analyse de l’Israel Democracy Institute, qui se définit comme « un centre indépendant de recherche et d’action dédié au renforcement des fondements de la démocratie israélienne ». L’Institut a précisé que les données provenaient des réponses à 3 855 entretiens. La majorité juive en Israël est d’environ 74%, selon le Bureau central des statistiques, tandis que la minorité palestinienne d’Israël est d’environ 22%.
Il ressort de cette analyse sur « l’affiliation politique autodéclarée » que 62% des électeurs juifs israéliens s’identifient comme étant de droite aujourd’hui. Le pourcentage était à 46% avant les élections d’avril 2019. Et selon l’Institut, de 2019 à 2022, avec quatre élections législatives au compteur et une cinquième prévue le 1er novembre prochain, la part du centre a diminué de neuf points ce qui fait que le pourcentage des électeurs du centre représente actuellement 24%. Le nombre de citoyens s’identifiant à gauche a baissé de six points. La gauche ne représentant actuellement que 11% des électeurs.
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Ce type d’enquête est menée depuis 1986 par l’Israel Democracy Institute. A ce titre le Times of Israel rappelle qu’il y a 35 ans « 39% des électeurs juifs israéliens se définissaient comme de droite, 25% comme centristes et 23% comme de gauche ». Et le journal d’évoquer aussi l’enquête de 1995, réalisée peu après l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, dans laquelle « 36% se définissaient comme de gauche, 29% de droite et 28% du centre ».
A noter que c’est la seule année depuis le démarrage du sondage où la gauche avait dépassé la droite. Le centre n’a, en revanche, jamais été devant la droite selon l’enquête annuelle, mais a constamment surpassé la gauche depuis 2000, à l’exception de 2011.
Netanyahu courtise l’extrême-droite
L’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu et chef du parti de droite, « Likoud », est actuellement en tête des sondages pour les prochaines élections législatives. Mais rien ne dit qu’il sera en mesure de former une coalition gouvernementale s’il venait à être réélu. Il lui faut une majorité de 61 sièges sur 120 à la Knesset (le parlement israélien).
Parmi les électeurs juifs qui se sont auto-identifiés de droite, certains soutiennent des candidats qui ne veulent pas s’allier à Netanyahu pour siéger dans son éventuel futur gouvernement, pointant du doigt son procès pour corruption et abus de confiance en cours. C’est le cas notamment d’ « Israël notre maison » (Yisrael Beytenu), le parti laïc et nationaliste d’Avigdor Liberman et du parti « Nouvel Espoir » (Tikva Hadasha) de Gideon Sa’ar qui a fusionné avec le parti « Bleu et Blanc » (Kakhol lavan) de Benny Gantz dans une alliance de centre-droit.
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Face à cela, dans l’objectif de se garantir une majorité à la Knesset, Benjamin Netanyahou doit faire en sorte que son parti, le « Likoud », remporte un nombre de sièges plus importants que prévus, et/ou qu’il puisse compter sur des alliances avec les deux partis juifs ultra-orthodoxes, « Shas » et « Judaïsme unifié de la Torah » (Yahadut Hatorah) ou encore avec l’extrême-droite.
C’est en ce sens qu’il a poussé le parti « Force juive » (Otzma Yehudit) du député d’extrême droite Itamar Ben Gvir et le « parti Sioniste religieux » (HaTzionut HaDatit) de Bezalel Smotrich à s’unir – accord conclu vendredi dernier – pour se présenter sur un seul ticket. Benjamin Netanyahu craignait qu’en cas de liste séparée, l’un des deux partis ne passe pas le seuil d’éligibilité des 3,25% des votes exprimés, nécessaire pour siéger à la Knesset, et que cela lui coûte sa majorité au soir des élections de novembre. Les sondages donnent à une telle liste au minimum entre 10 ou 12 sièges.