Petite explosion, grandes conséquences. En 2019, alors que l’armée s’entraine sur la zone militaire de Shoham (à une dizaine de kilomètres de l’aéroport Ben Gurion), elle endommage, et redécouvre tout en même temps, un site ecclésiastique vieux de 1500 ans.
Le bâtiment en question est un complexe monastique appelé Horbat Hani, ou Buri el Hanaya, où vivaient des religieuses à l’époque byzantine (IVe-VIIe siècle ap.J.-C), explique l’Autorité des Antiquités Israélienne (AAI) dans un communiqué publié le 1er août. Mis au jour une première fois en 2002, à l’occasion de fouilles préventives réalisées en vue de la construction d’une route pour l’armée, les ruines sont celles de deux structures distinctes.
La première est composée d’une église, dont le sol arbore de belles mosaïques colorées, d’une crypte où des squelettes de femmes ont été retrouvés, ainsi que de ce qui s’apparente à des cellules d’ermitage. La seconde structure comprend une « cuisine, un réfectoire et une auberge pour les pèlerins », selon Issy Kornfield, directeur de l’AAI en charge des dernières fouilles. C’est la découverte d’inscriptions dédicatoires à une abbesse qui a fait dire aux archéologues que le couvent était habité par des femmes.
La sépulture de la Hannah biblique
« Comme souvent dans le monde antique, les couvents sont érigés sur des lieux commémorant des traditions anciennes. Ici, on pourrait être sur le lieu de de sépulture d’Hannah, mère du prophète Samuel », conjecture Issy Kornfield, dans le communiqué, en reprenant une hypothèse du Dr Eitan Klein, un archéologue de l’IAA qui postule que le nom arabe du village, « Buri el Hanaya », renvoit à celui de la Hannah biblique.
Hannah l’une des deux épouses d’Elkana. Bien qu’elle ne lui donne pas d’enfant, elle reste sa préférée. Après d’intenses prières au temple elle finira par accoucher d’un fils, le prophète Samuel.
Ce n’est pas la première fois que l’on retrouve des édifices byzantins dédiés à des femmes en Israël. Le dernier en date a été mis au jour à Ashdod : une magnifique basilique en bord de mer où des femmes auraient étés diacres.
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Les reste du couvent édifié à l’époque byzantine ont ensuite été recouverts, comme c’est l’usage en Israël lorsque les sites ne sont pas développés pour le public. L’armée a continué à s’entraîner, oubliant son emplacement au fil du temps, jusqu’à ce fameux exercice qui a conduit à l’endommagement d’une « petite partie du site ecclésiastique », indique le communiqué.
Responsabiliser
L’AAI a vu dans l’incident l’opportunité d’un projet éducatif impliquant les soldats dans la réexcavation, le nettoyage et la conservation du site, tout en leur enseignant le patrimoine et l’histoire de cette terre. Au cours du mois dernier, plusieurs dizaines de soldats ont donc endossé l’uniforme des archéologues et ont entrepris de remettre au jour le site. « Ces fouilles sont l’exemple d’officiers qui assument leur responsabilité sur l’environnement qui les entoure », expose Guy Saly, directeur des « Forces de défense de la nature » de l’armée israélienne, qui a collaboré avec l’AAI.
« L’intégration de sites archéologiques dans les bases de l’armée et les zones militaires, ainsi que la création d’expositions archéologiques dans ces mêmes endroits, renforcent le lien étroit entre la défense de l’État d’Israël et la protection des sites anciens et de notre héritage culturel », abonde quant à lui Eli Eskosido, directeur de l’AAI. Même quand le site est chrétien donc.
La mosaïque de l’église est partiellement visible avec la permission préalable du Commandement central de l’armée israélienne : +972 2-5305042.