Il ne prendra ses fonctions que le 8 décembre prochain. Et ce, après « une période de repos et d’étude », a déclaré le Patriarche latin de Jérusalem dans un communiqué daté du 15 août et publié le 19 août. Ledit communiqué a annoncé la nomination du frère franciscain Bruno Varriano en tant que « vicaire patriarcal latin pour la région pastorale de Chypre ». Pour mémoire, le vicariat de Chypre est l’un des six vicariats du Patriarcat latin de Jérusalem pour Israël, la Palestine, la Jordanie, Chypre, les catholiques hébréophones (vicariat Saint-Jacques) et les migrants et demandeurs d’asile (vicariat créé en 2018).
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D’origine brésilienne, le frère Bruno Varriano est né à São Paulo en 1971. Il a rejoint la Custodie de Terre Sainte en 1996. Prêtre, il est docteur en psychologie clinique et psychothérapeute, ce qui lui a valu de travailler comme psychologue clinicien à l’Hôpital français de Jérusalem. Jusqu’à présent gardien et recteur de la Basilique de l’Annonciation à Nazareth, il succède au père polonais Jerzy Kraj lui aussi franciscain, qui « pendant neuf ans, a pris soin de l’Eglise catholique latine de l’île, l’a animée et organisée », a souligné le patriarche latin de Jérusalem en le remerciant chaleureusement.
« Un nouveau mode de présence »
Dans son communiqué, le Patriarche latin de Jérusalem a informé que le nouveau vicaire patriarcal « commencera son ministère d’une nouvelle façon » pour Chypre. De fait, il résidera « dans une maison spécialement dédiée » qui « deviendra le siège officiel du vicariat du Patriarcat latin de Jérusalem, avec tout ce que cela implique sur le plan pastoral, légal et administratif ».
Et le Patriarche d’expliquer que « les changements religieux en cours, les diverses questions politiques et les urgences sociales de plus en plus pressantes exigent une présence pastorale encore plus précise et attentive à ces diverses et nouvelles instances. Pour cette raison, le Vicaire devra se consacrer à plein temps à ce nouveau service, et devra être libre de tout autre engagement, totalement dédié à la vie pastorale de notre Eglise à Chypre ».
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Mgr Pizzaballa, qui se rendra « dans les prochaines semaines » sur l’île a ainsi appelé les prêtres, les religieux et les fidèles de Chypre à travailler sur ce « nouveau mode de présence » qui espère-t-il apportera « un nouvel esprit de participation à la vie pastorale » et permettra à l’Eglise latine de Chypre de continuer d’être « une référence importante de communion et de vie pour tous les croyants de l’île et au-delà ».
25 000 fidèles
L’histoire des Latins à Chypre commence officiellement en 1196 au début de l’établissement du Royaume de Lusignan (1192-1489) quand le roi franc de Chypredemanda au Pape d’établir une Eglise catholique de rite latin sur l’île. Naquit alors un archevêché à Nicosie et trois évêchés à Famagouste, Limassol et Paphos. Un certain nombre d’ordres religieux latins s’installèrent. L’invasion ottomane en 1571 aboutit à la dissolution formelle de l’Eglise latine à Chypre.
En 1593, les franciscains de Terre Sainte obtinrent cependant du Sultan de la Sublime Porte le droit de retourner à Chypre. Et depuis 1847, date de la restauration du Patriarcat latin de Jérusalem, un vicaire patriarcal latin est présent à Chypre. Le vicariat de Chypre compte quatre paroisses sur l’île à Nicosie, Paphos, Limmasol et Larnaca, servies par 11 prêtres, et deux écoles catholiques accueillant à elles deux 6 000 étudiants.
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La population de l’île est d’environ 900 000 habitants et presque tous sont orthodoxes. Les catholiques sont très minoritaires. La communauté latine – les maronites seraient deux à quatre fois plus nombreux – compte quelque 25 000 fidèles dont environ 10% seulement sont Chypriotes. Les 90% autres sont principalement des migrants majoritairement originaires d’Asie, des travailleurs, des réfugiés.
La composante migratoire est considérable dans la partie grecque de Chypre et l’accueil des réfugiés a été un thème central de la visite du pape François à Chypre en décembre 2021.