Israël : un caveau datant de Ramsès II sidère les archéologues
Des bols, des assiettes, des coupes, des pots de cuisson, des jarres de stockage, des cruches, des lampes à huile et des pointes de flèches et/ou de lances métalliques. Ce sont des dizaines de poteries et de bronzes, de formes et de tailles diverses, qui ont été mis au jour la semaine dernière par des archéologues de l’Autorité des Antiquités d’Israël dans le parc national de Palmahim Beach, sur la côte méditerranéenne du pays, au sud de Tel-Aviv. Les objets ont été découverts accidentellement le 14 septembre dernier lors de travaux d’aménagement. Une pelleteuse de la Direction israélienne de la Nature et des Parcs a heurté un rocher révélant de manière inattendue le toit d’une grotte qui les conservaient.
Appelés sur le terrain les archéologues ont immédiatement compris que tous les objets correspondaient à des offrandes funéraires destinées à accompagner et servir les défunts vers et dans l’au-delà. De plus, une vidéo de l’AAI montre que parmi les récipients, certains contenaient des pots, d’autres des os, et qu’un squelette au moins a été retrouvé dans un coin de la grotte, sur le sol.
Comme si le temps s’était arrêté
Les artéfacts datent tous de la fin de l’âge du bronze, à l’époque de Ramsès II, « le pharaon associé à l’Exode biblique d’Egypte », comme l’admet l’AAI dans son communiqué publié le 18 septembre pour faire part de la découverte. Il régna sur l’Egypte entre 1279 et 1213 av. J.-C. et contrôla aussi Canaan, la « Terre Promise » décrite dans la Bible.
Rien n’a bougé depuis 3 300 ans. La grotte funéraire, scellée, n’a jamais été souillée ou pillée ou fouillée jusqu’à présent. Les archéologues israéliens ont donc pénétré dans le caveau funéraire en étant les premiers depuis trois millénaires. Et Ils sont ainsi tombés sur des objets figés dans le temps, disposés à même le sol et apparaissant dans un excellent état de conservation. « Trouver des objets intacts, qui n’ont jamais été touchés depuis leur premier usage est incroyable », s’est enthousiasmé David Gelman, archéologue à l’AAI. « C’est une découverte unique dans une vie ! Il est extrêmement rare de tomber sur un » décor à la Indiana Jones » – un sol de grotte aménagé avec de la vaisselle intacte depuis 3 300 ans », a déclaré pour sa part Eli Yanai, expert de l’âge du bronze à l’AAI.
A noter que la sépulture, taillée dans la roche, était de forme carrée avec un pilier central de soutien.
Une image complète des traditions funéraires de l’âge du bronze tardif
« Ce caveau pourrait nous fournir une image plus complète des rites funéraires de la fin de l’âge de bronze », a-t-il déclaré, évoquant une découverte « extrêmement rare ». Et d’ajouter : « le fait que la grotte ait été scellée, et non pillée dans les périodes ultérieures, nous permettra d’utiliser les méthodes scientifiques modernes disponibles aujourd’hui, pour récupérer beaucoup d’informations à partir des artefacts et des résidus existant sur les récipients, par exemple, des restes organiques qui ne sont pas visibles à l’œil nu. La grotte peut fournir un tableau complet des coutumes funéraires de l’âge du bronze final ». L’étude des matières organiques permettra de mieux connaître les habitudes alimentaires de l’époque et de savoir par exemple s’il s’agissait d’un caveau familial et si oui, s’il avait un usage intergénérationnel. L’AAI a fait savoir au Times of Israel discuter avec plusieurs universités pour lancer un projet de fouilles du site.
Eli Yanai pense en outre que les récipients ont été importés de Chypre, du Liban, de Syrie mais aussi villes côtières voisines Ashdod, Ashkelon, Gaza et Tel Ajjul. Et d’expliquer : « ces types de récipients étaient importés en grandes quantités et étaient des objets funéraires populaires », ce qui montre clairement que la population locale faisait partie intégrante « de l’activité commerciale intense qui se déroulait le long de la côte ». De fait, « l’Empire égyptien contrôlait Canaan et l’administration égyptienne offrait des conditions sûres pour un commerce international étendu », a-t-il fait savoir. Et « le fait que ces personnes aient été enterrées avec des armes, y compris des flèches entières, montre qu’il s’agissait peut-être de guerriers ou de gardes sur des navires », a suggéré l’archéologue David Gelman.