Près de 10 ans après l'enlèvement de Mgr Yohanna Ibrahim, archevêque syro-orthodoxe d’Alep, son patriarche a désigné le 3 septembre Mgr Boutros Kassis, vicaire patriarcal depuis 2019, comme son successeur.
Le 27 juillet 2022, le siège de l’archidiocèse syro-orthodoxe d’Alep a été officiellement déclaré vacant. Et ce, « après la demande urgente des prêtres du diocèse, de ses conseils et commissions, et avec le soutien et l’approbation de la majorité des évêques du Saint-Synode », a fait savoir un communiqué publié le 3 septembre par le Patriarcat syriaque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient.
Jusqu’alors, le siège d’Alep était toujours officiellement occupé par Mgr Gregorios Yohanna Ibrahim. Né en 1948, il a été enlevé le 22 avril 2013 avec l’archevêque grec-orthodoxe d’Alep, Mgr Boulos Yazigi, dans des circonstances non élucidées. Depuis leur disparition, le métropolite syro-orthodoxe n’avait pas été remplacé.
Un nouvel évêque permanent
Dix ans ont passé et compte tenu des besoins pastoraux, « la prolongation de la situation a conduit à la reconnaissance de la nécessité d’une nouvelle direction permanente pour la communauté orthodoxe syrienne locale », a ainsi résumé le contexte l’agence de presse, AsiaNews.
C’est ainsi que samedi dernier, le chef de l’Eglise syriaque orthodoxe Ignace Ephrem II, Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, dans son communiqué « a confirmé l’élection à l’unanimité » de Mgr Boutros Kassis comme l’authentique archevêque d’Alep et des environs.
La décision est intervenue après une visite patriarcale effectuée le 1er septembre dernier sur le terrain auprès des prêtres, des membres des conseils religieux, des comités et institutions ecclésiastiques de l’archidiocèse d’Alep et de ses environs, a fait savoir le communiqué.
Mgr Boutros Kassis, 47 ans, a été ordonné le 18 octobre 2019 en tant qu’assistant patriarcal détenant aussi la charge de vicaire patriarcal d’Alep. Depuis l’enlèvement de Mgr Yohanna Ibrahim, il a occupé les fonctions de délégué patriarcal.
Le nouvel archevêque a suivi un cursus en génie électronique à l’université d’Alep avant de rejoindre le séminaire Saint Ephrem de Damas. Il a achevé ses études en obtenant un doctorat en théologie, sur la sociologie des religions à l’université Aristote à Thessalonique, en Grèce.
Dans son communiqué, le patriarche Ignace Ephrem II a mis en valeur « les qualités louables » du nouveau métropolite notamment celles « de piété et d’honnêteté dans le service et le zèle » pour les fidèles du diocèse.
Scenario identique l’an dernier pour les grecs-orthodoxes d’Alep
L’an dernier, le 7 octobre 2021, le Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient était déjà passé par le même type de décision pour assurer le remplacement de Mgr Boulos Yazigi, frère de sang du patriarche Jean X d’Antioche, en le transférant comme évêque du diocèse honoraire de Diyarbakir (Turquie) et en lui désignant comme successeur Mgr Efrem Maalouli en tant que nouveau Métropolite de l’Archéparchie grecque-orthodoxe d’Alep et d’Alexandrette (Turquie). Cette étape avait été annoncée comme une décision « pratique et réaliste ».
Les évêques Yohanna Ibrahim et Boulos Yazigi ont été enlevés en avril 2013, alors qu’ils se rendaient à la frontière syro-turque, pour tenter de libérer deux prêtres, qui avaient également été enlevés par des groupes armés. L’enlèvement des deux prélats n’a été revendiqué par aucun groupe. Il n’y a depuis aucune nouvelle information fiable à leur sujet. Leurs Eglises continuent toujours de prier pour leur retour.
