C’est une véritable œuvre d’art. Une mosaïque de 1 600 ans, de 20 mètres de long pour six de large, vient d’être mise au jour en Syrie. Certains pans n’ont pas encore été dégagés. Ce qui promet. Pour l’heure, la partie dévoilée suscite déjà l’émoi.
D’un point de vue artistique et archéologique, la découverte est la plus importante du pays depuis le début de la guerre civile en 2011. Elle a été retrouvée dans un bâtiment détenu par les rebelles lors de la guerre civile et ce, jusqu’en 2018 lorsque les forces gouvernementales syriennes ont repris la ville. Des parties de la mosaïque étaient déjà apparues sous une maison voisine il y a quelques années alors que des rebelles creusaient des tunnels dans le sol durant la guerre civile.
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L’œuvre n’est « pas la plus ancienne » de Syrie, mais « la plus complète et la plus rare », a déclaré à l’AF, Houmam Saad, le directeur des fouilles et des études archéologiques à la Direction générale des antiquités et des musées de Syrie.
L’annonce a été faite le 12 octobre par cette direction et le Ministère syrien de la Culture dans un communiqué conjoint publié sur Facebook. Le pavement de tesselles, dans un très bon état de conservation, a été en réalité exhumé en 2018 grâce à des fouilles sous un bâtiment antique, construit à la période romaine, dans la ville de Rastane, dans la province de Homs (centre du pays) qui fut une cité notable de la province romaine de Syrie durant l’Antiquité. Quatre années ont servi à l’étudier.
Des guerriers, des dieux et des Amazones
Colorée et richement décorée en détails, elle arbore en son centre deux disques dans lesquels figurent des scènes qui font référence à la légendaire guerre de Troie (Turquie moderne).
Apparaissent certains rois grecs brandissant des épées et des boucliers portant leurs noms et qui ont participé au conflit légendaire qui a opposé les Grecs et le peuple troyen. Le récit épique est narré dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère.
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Sur la mosaïque, figure également une représentation du héros grec et musclé Hercule assassinant Hippolyte, la reine des Amazones, femmes guerrières de l’Antiquité grecque. Hercule avait la mission de récupérer et rapporter au roi Eurysthée la ceinture d’or que la reine possédait. L’épisode est connu pour être la neuvième épreuve des « Douze Travaux ».
Une autre scène représente Neptune, le dieu romain des océans, accompagné de 40 de ses maîtresses et aux côtés de Minerve, la déesse romaine de l’intelligence, ou encore de Salacie, la divinité romaine de l’eau salée. Un autre tableau fait apparaître des Amazones dans toute leur puissance, qui ont combattu aux côtés du peuple troyen.
Neuvième mosaïque découverte à Rastane
La mosaïque témoigne indubitablement d’un haut niveau d’exécution à travers lequel les figures sont bien formées, surtout dans la façon dont les mosaïstes ont montré les ombres et les musculatures.
Il s’agit de la neuvième mosaïque découverte sur ce site à Rastane dont les données archéologiques n’ont pas encore livré la nature. Les archéologues pensent qu’il pourrait s’agir d’un établissement de bains publics dont les sols étaient peut-être recouverts de mosaïques. Il faut attendre que les fouilles soient terminées pour en savoir plus.
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Une chose est sûre, « il y a d’autres bâtiments et il est évident que la mosaïque s’étend au-delà », a estimé auprès de l’Associated press, Sulaf Fawakherji, célèbre actrice en Syrie et membre du conseil d’administration du Nabu Museum au Liban, propriétaire du bâtiment où ont été réalisées les découvertes archéologiques, et qui l’a offert à la Syrie.