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Pour la cinquième fois, le roi de Jordanie a rencontré le Pape

Christophe Lafontaine
14 novembre 2022
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Le pape François a reçu au Vatican, le 10 novembre 2022, les souverains jordaniens ©Ankitaganguly2912 /Wikimedia Commons

Le 10 novembre, le Pape a reçu les souverains jordaniens au Vatican. Au programme des échanges : dialogue interreligieux, Eglise catholique en Jordanie, actualités régionales et lieux saints de Jérusalem.


Jeudi dernier, c’était la quatrième fois que le roi de Jordanie se rendait au Vatican pour rencontrer le Pape. Au compteur, les deux chefs d’Etat se sont rencontrés cinq fois en dix ans : le 29 août 2013, le 7 avril 2014, le 19 décembre 2017 et le 10 novembre 2022 au Vatican, et en mai 2014 quand le souverain pontife a voyagé en Terre Sainte en commençant par la Jordanie.

Ces rencontres sont le signe de liens profonds qu’entretient le roi hachémite avec le Saint-Siège et l’Eglise catholique, et de la volonté d’avancer ensemble sur les sujets qui touchent non seulement le royaume mais aussi la région, en particulier Jérusalem. Abdallah II, qui s’est entretenu avec le Pape moins d’une demie-heure, était accompagné de son épouse la reine Rania et du Prince Ghazi bin Muhammad, son cousin et conseiller principal pour les affaires religieuses et culturelles.

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Selon le communiqué qu’a publié le palais royal, le monarque hachémite a dit apprécierles positions du pape François sur les questions régionales. La presse vaticaniste a, quant à elle, relayé que le Pape avait remercié le roi pour l’accueil des réfugiés (majoritairement irakiens et syriens, musulmans comme chrétiens) dans son royaume de 10 millions d’habitants.

Dialogue, Eglise, Paix, chrétiens au Moyen-Orient

Après le Pape, la délégation royale a rencontré le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Vatican, accompagné de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire aux relations avec les Etats et les organisations internationales, a fait savoir un communiqué du Saint-Siège. Au cours d’ « entretiens cordiaux », peut-on lire dans la déclaration, « il a été fait référence à la nécessité de continuer à développer le dialogue interreligieux et œcuménique, en veillant toujours à ce que l’Eglise catholique en Jordanie puisse exercer librement sa mission ».

Les échanges ont également porté sur « l’importance de promouvoir la stabilité et la paix au Moyen-Orient », et ce, « avec une référence particulière à la question palestinienne et à la question des réfugiés », a indiqué le Vatican. A cette vue, les deux parties ont souligné la nécessité de « sortir de l’impasse du processus de paix au Moyen-Orient », selon le communiqué jordanien.

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Par ailleurs, « la nécessité de sauvegarder et d’encourager la présence chrétienne dans la région a été réitérée », a fait savoir le Saint-Siège. Pour mémoire, près de 10 ans se sont écoulés depuis la conférence « Les défis des chrétiens arabes au Moyen-Orient », tenue à Amman du 3 au 5 septembre 2013. Depuisles guerres et l’Etat islamique en Syrie et en Irak, ont causé « la perte de près de deux millions de chrétiens au Moyen-Orient », a rappelé le directeur du Centre catholique d’études et des médias en Jordanie, le père Rifat Bader, interrogé par AsiaNewsau sujet de la visite du roi au Vatican.

La question du statu quo dans les lieux saints de Jérusalem

La rencontre, comme les précédentes, a aussi été consacrée à la question de Jérusalem et des lieux saints, «source de préoccupation commune pour le pape et le monarque », comme l’a souligné le père Bader. Le Saint-Siège énonce qu’a été évoquée la nécessité de « continuer à préserver le statu quo dans les Lieux Saints de Jérusalem, lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique, où le respect mutuel et le dialogue sont cultivés ».

En écho dans son communiqué, le palais royal fait comprendre que toute tentative de modifier le statu quo historique et juridique portera atteinte aux droits des fidèles chrétiens et musulmans dans la ville sainte. La même communicationfait remarquer que le cardinal Parolin a salué « le rôle vital de la Jordanie dans la sauvegarde des lieux saints à Jérusalem, sous la tutelle hachémite, et d’une manière qui préserve l’identité de la ville en tant que symbole de paix. »

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La Jordanie, qui a exercé sa souveraineté sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est de 1948 à 1967, revendique ce rôle traditionnel. La signature du Traité de paix (accords Wadi-araba) avec le roi Hussein en 1994, où l’Etat hébreu a confirmé le Waqf jordanien (administrateur musulman) dans ses fonctions et garanti à la Jordanie le rôle privilégié de garante des lieux saints musulmans (en particulier l’esplanade des Mosquées, connue comme le mont du Temple pour les Juifs) et chrétiens, notamment à l’aune de futures négociations de paix israélo-palestiniennes.

Enfin, le communiqué de la courde Jordanie a rapporté que le roi avait dit son « souci » de « préserver et restaurer » les sites religieux chrétiens, en particulier le site du baptême de Jésus (Béthanie au-delà du Jourdain), situé sur la rive orientale du fleuve. Le roi a dit accorder « le plus grand soin » à ce lieu et sur « le développement et l’amélioration des installations et des services fournis aux visiteurs et aux pèlerins chrétiens, dans le cadre de l’engagement de la Jordanie en faveur de la liberté de culte ».

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