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Syrie et Liban menacés par une épidémie de choléra

Christophe Lafontaine
17 novembre 2022
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Enfants syriens remplissant des bouteilles d'eau potable au camp d'Al-Zaatari pour les réfugiés syriens en Jordanie ©Mustafa Bader / Wikimedia Commons

Dans le sillage de la pandémie de Covid-19, le choléra est réapparu en Syrie fin août avant de se propager au Liban voisin début octobre. Depuis, l’épidémie se propage à cause d’infrastructures sanitaires déliquescentes.


Du 25 août au 9 novembre, le choléra a fait 92 morts en Syrie, selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Au Liban, l’organisation a recensé 19 morts à cause de cette maladie depuis le 5 octobre.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, il s’agit de la première flambée de choléra depuis près de 30 ans dans le pays du Cèdre et « elle se propage actuellement dans tous les gouvernorats du pays » a alerté le 31 octobre l’agence sanitaire de l’Onu. La souche de choléra identifiée au Liban est « similaire à celle qui circule en Syrie », a déclaré l’OMS.

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En Israël, la bactérie Vibrio cholerae – provenant probablement de Syrie selon les autorités -, a été détectée dans l’eau de la rivière Yarmouk, dans le nord d’Israël. Après sa détection, le ministère de la Santé a chloré l’eau et coupé son débit vers le lac de Tibériade. Le ministère de la Santé s’est voulu rassurant en déclarant qu’il n’y avait pas de danger pour la santé.

Le choléra se contracte en ingérant de la nourriture et de l’eau contaminés. Si l’infection n’est pas traitée correctement et rapidement, elle peut mener à la mort par déshydratation en quelques heures. 

Les camps sont les premiers touchés

La maladie se propage dans des zones densément peuplées disposant d’un accès limité à l’eau potable et/ou manquant de réseaux d’assainissement appropriés pour les eaux usées. L’hiver ne devrait pas arranger les choses. De fait, « nous allons voir beaucoup plus d’eaux de surface et d’eaux usées déborder, permettant au choléra de se propager plus facilement », a déploré la représentante de l’Unicef, Ettie Higgins, à l’agence de presse The Media Line, spécialisée dans la couverture du Moyen-Orient.

En Syrie, la situation sanitaire est « dramatique » selon les propos tenus par Mgr Georges Masri, l’archevêque melkite d’Alep auprès de la fondation pontificale internationale Aide à l’Église en détresse. Le pays est frappé par une épidémie de choléra dans 13 de ses 14 provinces.

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Les gouvernorats les plus touchés à ce jour sont : Deir-ez-Zor, Ar-Raqqa, Alep, Idlib et Al-Hasakeh. Les personnes contaminées boivent de l’eau insalubre qui provient de l’Euphrate à son plus bas niveau pour cause de sécheresse et contaminé par les eaux usées. Aussi, les Syriens utilisent son eau pour irriguer les cultures.

La guerre civile a endommagé, en une décennie, les infrastructures d’eau et d’assainissement du pays, – 60% des usines de traitement de l’eau, la moitié des stations de pompage et un tiers des châteaux d’eau, selon les Nations unies -, tandis qu’environ deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays vivent sur des sites ou des camps de fortune, surpeuplés, avec un accès très limité aux services d’eau et d’hygiène de base.  

L’eau en bouteille trop chère

Au Liban, la plupart des cas de choléra ont été repérés d’abord dans le nord du pays dans les camps de réfugiés syriens. Le pays accueille plus d’un million de réfugiés ayant fui la guerre civile en Syrie. La transmission du choléra a été facilité par la libre circulation entre les deux pays. 

Comme la plupart des ménages au Liban, les résidents des camps ne peuvent acheter de l’eau en bouteilles devenue trop chère et achètent de l’eau distribuée par camion auprès de fournisseurs privés mais cette eau n’est pas analysée par l’Etat. « La situation au Liban est fragile car le pays lutte déjà contre d’autres crises – aggravées par une détérioration politique et économique prolongée », a déclaré dans un communiqué, Abdinasir Abubakar, le représentant de l’OMS au Liban.

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Par voie de conséquence, l’activité des stations de pompage d’eau et des réseaux d’égouts est fréquemment interrompu par les coupures d’électricité quotidiennes à travers le Liban. Et la situation globale perturbe largement les services nationaux de santé.

Les efforts de lutte contre le choléra de la part des organisations humanitaires se concentrent actuellement sur la vaccination, l’apport en eau potable, la sensibilisation et l’assainissement. 

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