Elle tamisait machinalement le contentu d’un sceau extrait des fouilles du site archéologique de la cité de David, quand Hallel Feidman, 18 ans, volontaire sur le chantier, a aperçu un éclair doré dans un coin. Une miniscule perle en or pur.
Suffisamment rare pour que l’Autortié israélienne des Antiquités (AIA) se fende d’un communiqué, le 8 février. « Au cours de toutes mes années d’archéologie, j’ai trouvé de l’or peut-être une ou deux fois, y explique Amir Golan, expert en bijoux anciens auprès de l’AIA. Trouver un bijou en or, c’est quelque chose de très spécial. »
Fabriquée selon un processus délicat qui consiste à souder ensemble de minuscules boules d’or, la perle faisait sans doute partie d’un collier ou d’un bracelet plus important. « Cette technique est très probablement originaire de la région de Mésopotamie, où elle était connue il y a environ 4500 ans », estiment les archéologues, qui datent la perle de la fin de l’époque romaine, il y a 1600 ans.
Selon Amir Golan « seul un artisan professionnel pouvait produire une telle perle ». En effet, souligne le spécialiste, « une bonne compréhension des matériaux et de leurs propriétés était nécessaire, tout comme le contrôle de la chaleur : il fallait souder les minuscules boules en évitant la surchauffe et la fonte de l’ensemble de l’anneau ».
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Le sceau de terre d’où la perle a été extraite provenait des fouilles souterraines menées sur la route de pèlerinage, cette voie pavée longue de 700 mètres qui permettaient aux juifs de relier la piscine de Siloé, où ils effectuaient leurs bains rituels, avant de monter vers le Temple jusqu’en 70 ap. J.-C., date de sa desctruction. Jésus l’a probablement empruntée.
Force des objets personnels
Le sceau venait plus précisément d’une des maisons qui bordait la route, une « structure romaine grandiose d’au moins 25 mètres de long », qualifie le communiqué. « Son style est caractéristique des bâtiments haut de gamme. La richesse des occupants du bâtiment est attestée par la perle, mais aussi par d’autres objets qui y ont été découverts, comme des récipients en argile importés et un sol en mosaïque décoré », détaille Shlomo Greenberg directeurs de fouilles pour le compte de l’AIA.
Si la richesse des propriétaires de la petite perle ne fait pas de doute, des questions demeurent quant à la manière dont elle parvenue jusqu’à Jérusalem à l’époque. Les hypothèses oscillent entre l’importance des relations commerciales dans la région, un généreux cadeau, ou encore une transmission de génération en génération.
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Des perles similaires ont été découvertes dans des grottes funéraires datant d’il y a 2500 ans (fin de la période du Premier Temple) à Ketef Hinnom près de la Cité de David, lors de fouilles menées par le professeur Gabriel Barkay, mais elles étaient en argent. À ce jour, seules quelques dizaines de perles en or ont été trouvées en Israël. « Bien qu’il s’agisse d’une découverte minuscule, ce sont précisément les objets personnels et quotidiens qui parviennent à nous toucher et à nous connecter plus que tout autre chose, directement et indirectement à une personne donnée, explique Eli Escusido, directeur de l’AIA. Même avec notre technologie moderne, il serait complexe de créer un tel objet. »