Voilà quelques années que le thème du présent dossier était inscrit sur la liste des sujets potentiels à traiter dans la revue. Mais son écriture et sa publication sont finalement circonstancielles.
Plusieurs événements, discussions et interpellations de nos lecteurs nous ont poussé à vouloir parler des juifs en Israël et de leur rapport au christianisme. Il est différent de celui que les juifs en dehors d’Israël entretiennent avec les chrétiens dans les pays dits de chrétienté. La différence tient à trois causes majeures. La première c’est que 78 % des juifs israéliens sont nés en Israël et ont pu vivre leur “être juif” sans référence au christianisme dont ils ont appris à avoir peur.
La deuxième c’est que les raisons d’entretenir le dialogue avec les non-juifs s’amenuise quand on sait faire partie de la majorité au pouvoir. La troisième c’est que le peuple juif a voulu revenir en Terre promise mais tâtonne encore pour savoir si cela signifie renouer avec le judaïsme tel qu’il est décrit dans la Bible – celui du Temple et des
sacrifices – ou s’il faut entériner que 2000 ans ont passé, que d’autres religions sont nées, christianisme compris et sur la même terre.
Quand les sujets du dossier ont été définis et distribués aux journalistes, nous ne savions pas que le début de l’année 2023 serait marqué par une succession d’actes anti-chrétiens perpétrés à Jérusalem par des juifs. Ces événements éclairent d’une lumière plus sensible nos thématiques.
Et au moment de se désoler des premiers, il ne faut pas généraliser mais au contraire veiller sur la petite flamme de l’espérance.
Au moment où j’écris ces lignes, l’autre actualité c’est le tremblement de terre en Turquie et Syrie et pour la Custodie de Terre Sainte, dont nous sommes la revue en langue française, à Alep, Lattaquié, Knayeh et Yacoubieh, les frères sur place ont des noms et des visages aimés. Bahjat, Khokaz, Samhar, Bassam et Raimondo, Fadi et Graziano, Hanna et Luai, Haroutiun qui était de passage venu de Damas. Tous les couvents ont des dommages mineurs en général sauf à Yacoubieh où le monastère est en partie détruit et tous aujourd’hui accueillent des personnes désormais sans abris. La solidarité tourne à plein, nous en parlons page 24. Ce que ces hommes et ces femmes sont capables de faire malgré le dénuement où 12 ans de guerre et d’embargo international les avaient plongés m’édifie. Et tandis que la lumière semble s’éteindre un peu partout autour, je fixe les yeux sur la flamme obstinée de l’espérance.♦
Dernière mise à jour: 24/04/2024 15:39