Le nouveau préfet du dicastère pour les Églises orientales, Mgr Claudio Gugerotti, s’est rendu en Syrie et en Turquie du 17 au 21 février avec pour mission d’exprimer la proximité du Saint-Père aux populations gravement affectées par le séisme.
En Syrie, tenue sous embargo par la communauté internationale, il a fait bien plus que cela.
L’embargo auquel est soumise la Syrie depuis 2011 n’est pas censé concerner l’aide humanitaire, l’alimentation ni le secteur médical, pourtant tandis que l’aide internationale se mobilisait pour la Turquie après le tremblement de terre du 6 février, il a fallu attendre 12 jours pour qu’un bateau italien accoste avec du matériel de secours. Aucune équipe de sauveteurs ne s’est présentée en Syrie où le dégagement des victimes sous les ruines s’est fait le plus souvent à la main.
“Les sanctions sont inhumaines et immorales. Je trouve scandaleux qu’à un moment aussi tragique, nous soyons incapables de supprimer ou de lever les sanctions. Des gens meurent en Syrie. L’aide qui arrive vient des pays arabes comme l’Égypte, l’Iran, l’Algérie… L’Occident rate encore le train.” a déclaré avec vigueur le custode de Terre Sainte, le frère Francesco Patton.
À défaut d’aide extérieure, sur place toutes les structures ecclésiales se sont immédiatement mises au service des populations. Les religieux, religieuses et prêtres, les volontaires syriens des ONG chrétiennes n’ont pas écouté leurs propres peurs. Au cœur de la nuit, ils et elles se sont mobilisés pour ouvrir leurs portes et réconforter et depuis pour organiser l’accueil et nourrir ceux qui ont tout perdu. (Voir article page 24). Non pas une fois mais deux puisque la nouvelle très forte secousse du 20 février a dirigé vers les couvents une nouvelle vague de personnes sans abri.
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Mgr Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales est venu les rencontrer pour réaffirmer la proximité du Saint-Père. Bien sûr, il y a eu les accolades, les visites aux enfants, aux vieillards et blessés, les rencontres interreligieuses et les temps de prière. Mais il y a eu aussi des rencontres avec les acteurs de terrain, évêques et organisations caritatives catholiques et non catholiques. Devant le représentant du pape, chacun a pu exposer les urgences auxquelles il faisait face. À Alep, Lattaquié ou dans la province d’Idlib sous califat islamique, “l’impact du tremblement de terre, le nombre de morts et la possibilité d’activer les réponses d’urgence avec du personnel qualifié sont différents, tout comme l’accès aux aides de toutes sortes, depuis les produits de première nécessité comme la nourriture, les couvertures, les produits d’hygiène et sanitaires, jusqu’aux aides financières pour trouver tout ce qui est nécessaire”, indique le communiqué final de la visite.
Visiter et accompagner
Mais Mgr Gugerotti a “insisté sur la nécessité, une fois l’urgence passée, de préparer un avenir qui soit aussi un témoignage et un engagement des chrétiens en faveur de toute la population syrienne”. “Il faut penser à l’avenir dès maintenant” a-t-il affirmé avec force. “Il faut solliciter vos donateurs au-delà de l’urgence, car nous ne devons pas permettre que la Syrie retombe dans l’oubli où elle est plongée depuis trop d’années”. “Il faut penser dès maintenant à des initiatives pour former et accompagner les jeunes, en favorisant des micro-projets pour aider les habitants, touchés par un chômage dramatique et plongés dans la misère qui touche 90 % des citoyens, afin qu’ils puissent se soutenir avec un travail qui donne de la dignité et de l’autosuffisance, en évitant l’hémorragie de l’émigration. Il faut également prêter attention aux soins de santé au niveau hospitalier ou ambulatoire, qui sont aujourd’hui délabrés, pour venir en aide aux plus pauvres en particulier, qui en sont aujourd’hui presque totalement dépourvus.”
Le préfet du dicastère a également abordé la délicate question des transferts financiers. En effet, l’embargo international touche le système bancaire. “Nous tenterons de résoudre ce point avec les outils dont nous disposons” a assuré le prélat.
En Terre Sainte toutes les Églises ont sollicité la générosité de leurs fidèles pour la Syrie voisine. Terre Sainte Magazine se joint à la campagne lancée par le réseau franciscain et est partenaire de la Fondation François d’Assise qui est en mesure de collecter des dons pour de l’aide humanitaire et d’émettre des reçus fiscaux. Vous pouvez dès maintenant faire un don à l’adresse www.fondationfrancoisdassise.fr en cliquant sur Faites un don ou attendre que vous parvienne (en France métropolitaine) dans le prochain numéro le dépliant de la fondation.♦
Dernière mise à jour: 01/05/2024 13:05