Pax Christi en Terre sainte: « Ce que nous avons vu est tout simplement bouleversant »
Du 3 au 13 février, 13 membres du mouvement catholique international pour la paix Pax Christi se sont rendus en Terre Sainte pour un voyage d’étude sur les acteurs de paix et les défenseurs des droits de l’Homme. Venus en observateurs, les visiteurs se disent « bouleversés » par ce qu’ils ont vu et entendu en Terre Sainte, dans un document publié par Pax Christi International un mois après leur voyage.
Né en France en 1945 à l’initiative de chrétiens français et allemands, Pax Christi est devenu en 1950 “Mouvement catholique international pour la paix”, reconnu par l’Église catholique et aujourd’hui présent dans plus de 50 pays sur les 5 continents. Reconnue comme ONG consultative auprès des institutions internationales de l’ONU et de l’Union Européenne, Pax Christi se fixe pour but de « contribuer, par la prière, l’étude et l’action à l’établissement de la paix dans l’esprit de l’Évangile. »
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De Ramallah à Hébron, en passant par la vallée de Crémisan, Sheikh Jarrah, Silwan et des communautés bédouines menacées d’expulsion immédiate, la délégation (issue de 6 pays différents) a été confrontée à une large diversité de réalités et d’acteurs, autant côté palestinien que côté israélien.
Témoins
« Nous avons été témoins d’une situation très tendue et complexe mettant en avant d’une part la perte progressive et accentuée des droits des Palestiniens, et d’autre part un important clivage au sein de la population juive sur la manière de faire vivre la démocratie israélienne », livre Marc Larchet, membre de Pax Christi France et du voyage de février, sur le site de la section française du mouvement.
Bouleversé par les « voix remplies de peur, de colère, de défi et de désespoir » face à une situation qui ne cesse de se détériorer, le groupe s’est aussi dit « émerveillé » par le sumud (la persévérance) des Palestiniens rencontrés, que ce soit des enseignants, des femmes entrepreneuses, la famille de la journaliste Shireen Abu Akleh, tuée en mai dernier… : « Leur refus d’abandonner et leur détermination inébranlable à s’accrocher à ce qui leur revient de droit, a été une source d’humilité et d’inspiration. »
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À Bethléem et Ramallah, les membres de Pax Christi ont expérimentés les checkpoints israéliens, ils ont vu des colonies…« Ce dont nous avons été témoins n’est rien d’autre qu’un plan délibéré visant à priver un groupe de personnes de ses droits au profit d’un autre. (…) Nous avons été témoins de la brutalité d’un oppresseur, d’un système discriminatoire qui contrôle tous les aspects de la vie des Palestiniens », écrivent-ils dans le document.
Les militants pacifistes palestiniens et israéliens rencontrés partagent selon eux un même appel, celui de la « justice », de « l’égalité », d’une « intervention immédiate de la communauté internationale pour faire en sorte qu’Israël respecte toutes les normes du droit international ». « Un appel pour que les Palestiniens soient considérés et traités avec dignité en tant qu’êtres humains. »
Du témoignage individuel à l’action collective
Alors que la violence dans les Territoires palestiniens connaît une intensité renouvelée depuis le début de l’année (presque 100 morts palestiniens en 3 mois) et que les Israéliens se déchirent autour de l’avenir de la démocratie, « notre visite n’aurait pas pu être plus opportune« , estime le père Paul Lansu, membre du conseil d’administration de Pax Christi. « La situation actuelle est terrible et se détériore rapidement. Le pèlerinage a été une démonstration visible de la solidarité avec tous nos frères et sœurs palestiniens en Terre sainte. Il a permis de réaffirmer l’engagement indéfectible de Pax Christi en faveur d’une paix juste qui garantisse la liberté, la justice et l’égalité pour tous. »
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Forts de ces souvenirs et de ces témoignages, la délégation veut transformer le témoignage individuel en action collective. Plusieurs pistes sont avancées à la fin du document. Parmi elles, l’éducation aux réalités de l’occupation, demander des comptes pour le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh, à l’approche du premier anniversaire de sa mort (11 mai), mais aussi « encourager d’autres personnes à aller voir et à parler avec les pierres vivantes » pour ensuite partager leur histoire.
Dans la section française du mouvement, cinq propositions d’actions ont été faites, dont un projet de « pèlerinage de dialogue à la rencontre des acteurs de paix », ou encore l’actualisation du document baptisé « Le défi de la Paix en Palestine et en Israël » avec les partenaires contributeurs de la première version, CCFD Terre Solidaire, Justice et Paix, Secours Catholique.