(g.s./f.p.) – Samedi 1er juillet 2023, le Saint-Siège a annoncé que le pape François avait nommé le père Hanna Jallouf, frère mineur de la Custodie de Terre Sainte, vicaire apostolique d’Alep des Latins (qui a juridiction sur les catholiques de rite latin dans toute la Syrie).
L’ecclésiastique, qui sera bientôt ordonné évêque, est actuellement curé de Knayeh. La localité, ainsi que les villages voisins de Jdayde et Yacoubiyeh, sont situés dans le nord-est de la Syrie, dans le gouvernorat d’Idlib, une région contrôlée par des groupes rebelles islamistes qui s’opposent au gouvernement de Damas et ont reçu au fil des ans le soutien de la Turquie voisine. De nombreuses formations rebelles chassées d’autres territoires syriens ont trouvé refuge dans la région. La région a souffert à la fois de l’occupation de la guérilla et des bombardements des forces alliées à Damas – en particulier les Russes – et n’est jamais revenue entièrement sous le contrôle du gouvernement central.
La région est également l’une des plus endommagées par le tremblement de terre dévastateur du 6 février 2023.
« Au début de la guerre civile syrienne (en 2011), se souvient le frère Najib Ibrahim, aujourd’hui au Liban, qui connaît le père Hanna depuis de nombreuses années, tout le monde lui disait de s’enfuir avec les chrétiens de sa communauté. Il a choisi de rester, en évoquant ce qui s’est passé en Palestine pendant la guerre de 1948 (où la victoire des formations juives a conduit à la fondation de l’Etat d’Israël – ndlr). Il a fait la comparaison entre ce qui s’est passé dans les deux villages d’Ein Karem et de Cana (en Galilée). Les chrétiens palestiniens du village situé à quelques kilomètres de Jérusalem ont quitté leurs maisons pour se réfugier à Bethléem… Après plus de soixante-dix ans, ils ne sont jamais revenus et la présence chrétienne a disparu (à l’exception des sanctuaires et des maisons religieuses – ndlr). Le curé de Cana, lui, a voulu rester, avec ses fidèles, et dans la petite ville de Galilée, les chrétiens sont encore présents aujourd’hui ».
Rester a signifié pour le père Hanna affronter plus d’une décennie de dangers et de sacrifices, comme lorsqu’il a été kidnappé, pendant quelques jours, en octobre 2014. Les djihadistes qui contrôlent la région autorisent les frères, qui sont les seuls prêtres catholiques restants, à célébrer la liturgie à l’intérieur, tandis qu’aucun symbole religieux chrétien n’est autorisé dans les espaces publics. « Ce sont des martyrs vivants », observe le frère Fadi Azar, curé de Lattaquié, la ville côtière qui accueille aujourd’hui des milliers de personnes ayant fui la région d’Idlib.
Mgr Jallouf succède à Mgr Georges Abou Khazen ofm qui a quitté ses fonctions le 29 juin 2022, à l’âge de 75 ans. Depuis lors, le vicariat a été confié au Père franciscain Raymond Girgis (56 ans) en tant qu’administrateur apostolique.
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Citoyen syrien, le père Hanna Jallouf est né à Knayeh, où il est actuellement curé, le 16 juillet 1952. Il a revêtu l’habit franciscain le 1er mars 1974 et a fait sa profession solennelle des vœux évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance le 14 janvier 1979. Il a été ordonné prêtre le 29 juillet de la même année. Il est titulaire d’une licence d’histoire à Beyrouth et d’une licence en pastorale des jeunes et en catéchèse de l’Université salésienne de Rome. Il parle l’arabe, l’italien et le français.
Au cours des dernières décennies, il a exercé de nombreux services au sein de la Custodie : vice-recteur du Holy Land College d’Amman (1979-1982), recteur du petit séminaire d’Alep (1982-1987), vicaire paroissial à Casalotti à Rome (1987-1990), supérieur et curé à Ghassanieh et Jisser el Chougur (1990-1992), directeur du Holy Land College d’Amman (1992-2001). Depuis 2001, il est supérieur du monastère de Knayeh et curé de la paroisse.
La nomination du Père Hanna a été accueillie avec joie par les frères de la Custodie, qui lui ont souhaité de continuer à servir l’Église locale d’Alep comme un berger « qui a l’odeur des brebis », selon l’expression chère au Pape François.