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Les catholiques du Moyen-Orient regardent vers l’avenir

Par Cécile Leca
30 juillet 2023
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↗ Œcuménisme catholique Les patriarches de tous les rites catholiques présents au Moyen-Orient avaient fait le déplacement, l’occasion de discuter un œcuménisme interne pas toujours simple.

Pour les dix ans de l’exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, publiée en 2012 par Benoît XVI, 257 membres des Églises catholiques du Moyen-Orient - cardinaux, patriarches, évêques, prêtres, religieux et laïcs - se sont rassemblés à Chypre en avril. L’occasion de relire ce texte alors que la région et ses communautés chrétiennes ont été fort bouleversées ces dernières années.


Il suffit de porter un regard sur l’assemblée pour appréhender la richesse des réalités ecclésiales qui caractérisent le Moyen-Orient. Chaldéens, maronites, arméniens, melkites, coptes, latins… Tous les rites étaient représentés par les participants au symposium de quatre jours, organisé par la Réunion des Œuvres d’Aide aux Églises Orientales (ROACO), dix ans après la publication de l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente de Benoît XVI.
Depuis 2012, l’ensemble de la région a été transformé par de grands bouleversements politiques, économiques et autres : le Printemps arabe, l’ascension de Daesh, le coup d’État du général al-Sissi en Égypte, les guerres civiles en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen, l’explosion dans le port de Beyrouth et la crise économique sans précédent au Liban, la montée des extrêmes en Israël, ou encore le récent tremblement de terre en Syrie et en Turquie. Selon M. Nadim Ammann, membre de la ROACO et intervenant lors du symposium, il devenait nécessaire de se rassembler afin de discuter de ces changements et de leur impact sur l’avenir des chrétiens de la région. Le symposium a été l’occasion d’entendre une succession d’interventions, mais aussi de participer à des débats et échanges sur l’avenir des Églises de la région et les points clés de leur cheminement futur.

Les travaux du symposium de Chypre se sont tenus du 19 au 23 avril, alternant les sessions plénières avec les ateliers.

L’unité dans la diversité est un des points soulignés à maintes reprises lors du symposium. De nombreuses thématiques ont également été abordées comme : la jeunesse, le rôle des femmes, la pastorale, la communion et le témoignage, le dialogue interreligieux et l’œcuménisme, la formation chrétienne laïque et religieuse.
“Les communautés chrétiennes ont payé un prix très élevé dans ces tragédies” déclarait Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. “S’il est vrai qu’elles n’ont été ni la première ni la seule cible des persécutions sectaires, on ne peut nier le coût très lourd qu’elles ont payé en termes de vies humaines et d’appauvrissement général de la vie des Églises”. Enracinée dans la région, l’Église a effectivement, elle aussi inévitablement, subi de plein fouet ces bouleversements et leurs conséquences, devenant le témoin impuissant d’un exode toujours plus important de ses fidèles, l’arrivée massive de migrants et de demandeurs d’asile, ainsi que l’éloignement et la désillusion perçue par la jeunesse moyen-orientale. Mgr Pizzaballa a parlé d’une “crise d’identité majeure” des chrétiens de la région, et n’a pas non plus manqué de souligner les problèmes internes à l’Église, mentionnant le manque de transparence financière, la corruption, le déni et le cléricalisme, qui accentuent ces répercussions dramatiques.

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Toutefois, l’étincelle d’espoir que se doit de maintenir allumée l’Église est toujours là. Nombreux sont les participants du symposium à l’avoir rappelé, soulignant l’avancée du dialogue interreligieux, marqué par la signature du document sur la Fraternité Humaine entre le pape François et le grand imam d’Al-Azhar. Les participants sont aussi revenus sur la force et la fierté des chrétiens si déterminés à le rester, comme aussi sur la naissance et le développement d’une multitude d’initiatives individuelles de paix et d’entraide. Initiatives nées de la richesse des Églises, puisant dans leurs racines ancrées dans ces terres, berceau du christianisme, le courage de faire face à ces interminables conflits. “Nous sommes historiquement le cœur et le berceau de la Bonne Nouvelle”, déclarera encore Mgr Pizzaballa. “C’est d’ici que peut encore partir l’appel à la beauté de l’Évangile et, pourquoi pas, à une ‘rédemption’ de l’Église universelle […]” ♦

Dernière mise à jour: 21/05/2024 11:46

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