“C’est la première piscine construite en Vieille ville de Jérusalem
depuis celle de Bethesda dans le domaine de Sainte-Anne (NDLR : élevée huit siècles av. J.-C.) et celle du roi Ézéchias Porte de Jaffa”. Par ce trait d’humour, le Consul général de France, René Troccaz soulignait lors de son inauguration, que les franciscains comblaient un vide de plus de 2000 ans ! Une piscine, pour quoi faire ?
↗ Un projet éducatif
Quand le frère Ibrahim Faltas, initiateur du projet, a proposé au custode de construire une piscine, ce dernier a trouvé l’idée “dingue” mais il a adhéré au projet.
Directeur d’écoles de longue date, frère Ibrahim, aujourd’hui vicaire custodial, connaît mieux que personne les défis auxquels fait face la jeunesse palestinienne et les tentations qui sont les siennes de céder aux sirènes de la drogue ou de l’alcool pour noyer son mal-être. Ce n’est pas un hasard s’il a appelé le centre “Capitale de la Résurrection”. “L’éducation de cette jeunesse passe aussi par la gestion du temps libre et l’apprentissage d’une vie équilibrée. Le sport est un excellent catalyseur des frustrations.” “Jérusalem n’est pas un tombeau mais une Résurrection, elle n’est pas humiliation mais dignité, elle n’est pas violence mais paix, elle n’est pas esclavage mais liberté.”
Lire aussi >> A Bethléem, les franciscains veillent sur les jeunes chrétiens en difficulté
↗ Défi archéologique
La piscine a été creusée intra-muros sur un terrain de la Custodie adjacent à l’école de Terre Sainte. Impossible de faire un trou dans la ville historique sans tomber sur des trésors archéologiques. Les travaux engagés n’ont pas manqué à la règle. Ce fut dès lors un défi pour les architectes de les intégrer à la structure. Tandis que, de la fenêtre du sauna, on peut voir les restes d’une chapelle byzantine, dans les couloirs, au bord des bassins, et dans les salles de sport adjacentes (équipées pour le judo et la danse), certaines pièces sont exposées et légendées.
Le projet a vu le jour grâce au financement de l’Union européenne, du Consulat général de France à Jérusalem, de l’Agence française de développement et de l’organisation palestinienne NGO Development Center. Les représentants de ces organisations ont tenu à souligner leur plein soutien à de tels projets, orientés vers le développement des jeunes et de la société palestinienne.
Lire aussi >> Rafi Ghattas : “Les jeunes sont le présent de cette terre. Pas son futur”
↗ Priorité aux enfants
Avec ses 8m de large et 17 m de long, le bassin n’est certes pas olympique. Mais il répond à un besoin. Jérusalem est sous-équipée en piscines et une des conséquences est le taux élevé des noyades chez les jeunes dès lors qu’ils se rendent en bord de mer.
Cet été, ce sont 400 enfants qui se sont inscrits pour une initiation à la nage. Et la piscine servira tout au long de l’année aux écoles de la Vieille ville, dont 6 sont des écoles chrétiennes.
Sur les créneaux horaires restant, il faudra alors établir une politique d’ouverture qui respectera les défis propres de Jérusalem dont celui épineux, de la mixité.
↗ Avec le concours de la France
La piscine n’aurait sans doute pas vu le jour sans l’AFD, l’Agence Française de Développement, qui l’a financée à hauteur de 1,5 millions (sur 2,5 millions d’€). Sur la photo avec le custode et le père Ibrahim Faltas, Martin Parent directeur de l’AFD de Jérusalem et soutenu dans la démarche par le Consul général de France, René Troccaz, a expliqué le partenariat : “Le sport fait partie intégrante d’une éducation de qualité. Il rassemble les gens et favorise l’inclusion, contribuant à la paix”. Le reste des financements a été trouvé auprès de la Commission européenne et d’investisseurs privés palestiniens.♦
Dernière mise à jour: 22/05/2024 11:35
Comment choisit-on un custode ?
Le martyre, une manière d’être au milieu de la violence
📺 Le Champ des Bergers: une priorité pour le Ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités
Les « Martyrs de Damas » sont désormais saints
