Les règles alimentaires de la cashrout sont au centre de la tradition juive depuis le premier interdit divin donné à Adam de ne pas manger un certain fruit jusqu’aux lois détaillées de la consommation dans le Talmud.
Une série de lois alimentaires va réglementer la vie juive depuis le don de la torah au mont Sinaï. “La doctrine juive veut enseigner à l’homme de se sanctifier en spiritualisant le monde matériel”, expliquait le grand rabbin Ernest Gugenheim (1916-1977). Si l’interdit de consommer du sang d’un animal, de manger certains animaux cités dans la Bible, de séparer les aliments carnés et lactés, ou tout simplement de ne pas cuisiner dans des ustensiles utilisés pour des aliments non-casher, sont relativement connus, qu’en est-il de la consommation de vin ?
Le vin a depuis les temps les plus reculés été utilisé pour les cultes religieux et certaines coutumes païennes consacraient du vin à des idoles. Qualifié d’idolâtre, ce vin était donc interdit à la consommation et afin d’éviter tout contact avec ce vin, il a été institué une règle qu’un vin préparé par un non-juif reste interdit même si il n’est pas destiné à un culte païen. Ces cultes ayant disparu, on aurait pu envisager d’annuler cet interdit, mais les sages du judaïsme ont émis un autre motif pour interdire le vin non produit par des juifs. Il s’agissait à l’époque du Talmud de marquer une séparation avec les non-juifs, afin d’éviter l’assimilation et les mariages mixtes, particulièrement prohibés dans la tradition juive. Le vin est utilisé pour les cérémonies religieuses (circoncision, mariage, shabbat et fêtes) et a un caractère sacré, différent des autres alcools, d’où l’interdit de consommer du vin qui n’est pas fabriqué par des juifs religieux.
Un vin casher, manipulé par un non-juif se transforme en vin non-casher, mettant ainsi une véritable barrière avec les non-juifs tout en gardant des relations cordiales et de respect mutuel. Les vignobles produisant du vin casher à travers le monde n’ont donc pas de recette différente de fabrication ou de secrets qui le rendraient casher, mais doivent être sous la surveillance permanente de juifs pratiquants.
Par “vin”, on entend aussi le jus de raisin et le vinaigre de vin, soumis à la même règle. Pourtant, depuis des années, la production de vin casher va en augmentant et les caves les plus prestigieuses ont accepté la surveillance rabbinique afin de produire un vin casher totalement identique à sa version classique.
Rappelons que tous les produits issus de la terre sont casher et donc le raisin est toujours casher, mais que sa transformation devient un élément pouvant changer sa nature. Alors, pour produire du vin casher, il faut nettoyer les cuves et utiliser les services de juifs pratiquants depuis le tri du raisin jusqu’à la mise en bouteilles. Mais un vin qui a été pasteurisé, alors qualifié de “mevoushal” peut être partagé avec des non-juifs, la pasteurisation, même rapide, rendant le vin différent et moins “qualitatif”.
Pour savoir si un vin en bouteille est casher, il faudra vérifier l’étiquette indiquant le rabbinat ayant surveillé la production et il n’est pas rare d’en trouver plusieurs sur une même bouteille, certaines communautés ne faisant confiance qu’à un seul rabbinat. On trouve aujourd’hui, en sus d’une grande partie de la production israélienne casher, des vins casher en France, aux États-Unis, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Argentine, en Australie et en Afrique du Sud, principalement.
En Israël, le rabbinat oblige à marquer comme non-casher les vins qui ne le sont pas, ceux qui sont importés mais aussi les vins locaux.♦
Dernière mise à jour: 22/05/2024 14:00