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Passer son Avent à attendre Pâques  – TSM 688

Marie-Armelle Beaulieu
13 novembre 2023
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Quel goût aura l'Avent quand il se passe en temps de guerre ?
Il faut le vivre au diapason de la souffrance mais aussi à celui de l'espérance qui est en nous.


Le moment du bouclage arrive. Je n’ai pas le choix, il faut l’écrire ce billet. L’Avent se profile mais je ne suis pas trop d’humeur à l’attente joyeuse d’un nouveau-né. Le nouveau-né a été assassiné dans un kibboutz israélien le 7 octobre, le nouveau-né est otage au fond d’un tunnel, le nouveau-né est sous les décombres de Gaza.
Je n’ai jamais rien connu d’aussi violent depuis 37 ans que je connais cette terre. Nous sommes nombreux – pourtant à l’abri – à dépenser une énergie folle pour ne pas sombrer dans la haine, le désespoir, l’angoisse. Ce n’est pas comme si cela ne nous effleurait pas, mais du moins on ne sombre pas.

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Quand je suis tentée, je regarde les lueurs dans l’obscurité. Les réunions organisées en Israël entre juifs et arabes qui refusent de se haïr, la confirmation et première communion d’un ami de 33 ans au Saint-Sépulcre, les messes dominicales bondées, le patriarche ému aux larmes, la solidarité entre Israéliens, les mots de mon ami musulman Amir qui sous les bombes à Gaza écrivait : “Je fais mon devoir d’adulte de ne pas tomber dans la haine”, ceux de Gabriel, rabbin, qui me demande de prier pour ses enfants, les temps de prière pour la paix dans le diocèse auxquels tant de personnes dans le monde se sont jointes, les textes que vous lirez pages 16 à 25, la solidarité entre les Églises, les baptêmes célébrés à Gaza durant la guerre, la joie de se retrouver avec Hana… Quand il fait sombre malgré tout, je chante en boucle avec Taizé “Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais”.

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Et si ça ne va pas encore alors je fais pénitence. La pénitence c’est chouette. Et je ne parle pas de se priver de chocolat mais de confesser ses péchés. J’aime bien faire pénitence au rythme de la prière des Églises orientales : “Jésus, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheur”.
Quand j’ai envie de blâmer quelqu’un pour ce qui arrive. “Jésus, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheur”. Quand je crois que j’ai raison devant tous les autres. “Jésus, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheur”. Quand je me crois innocente de ce qui arrive : “Jésus, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheur”.
Finalement, quand je contemple la Croix, me revient en qui j’ai mis mon espérance. “Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort, Il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la Vie.” Je sens que je vais passer mon Avent à attendre Pâques !

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