Fin décembre, les chefs des Eglises gardiennes de la Basilique du Saint-Sépulcre se sont retrouvés pour entendre archéologues, architectes et financiers faire le point sur la première phase des travaux. Début 2024, un nouveau chapitre s'ouvre dans le chantier en cours prévu initialement pour durer 26 mois.
En ce début d’année 2024 s’est ouverte une nouvelle phase de travaux au Saint-Sépulcre, après la conclusion de celle autour de la rotonde de l’édicule.
Le 21 décembre à Jérusalem, au monastère Saint-Sauveur, une mise au point des fouilles archéologiques en cours dans la basilique a été présentée aux responsables des communautés chrétiennes qui gardent le Saint-Sépulcre.
Les fouilles ont été menées par le Département des Antiquités de l’Université Sapienza de Rome. Le professeur Francesca Romana Stasolla, responsable des recherches, a souligné l’avancée extraordinaire des travaux dans un communiqué officiel.
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Prof. Francesca Romana Stasolla – DĂ©partement des Sciences de l’AntiquitĂ© – UniversitĂ© Sapienza de Rome.
« L’étude de la zone de la rotonde, particulièrement sensible, nous a permis de commencer à appréhender sa constitution, de comprendre cette double phase architecturale qui l’a constitue. On a d’abord une première conception de la zone de la tombe, avec la constitution d’une première partie au début du IVe siècle, puis une deuxième, avec la rotonde proprement dite. Cette année a donc été une année extraordinairement fructueuse car, en quelque sorte, les différentes pièces du puzzle de cette fouille, qui était jusque-là très fragmentaire, ont enfin commencé à s’assembler. »
Surtout, c’est toute l’histoire de ce lieu extraordinaire qui nous est proposée depuis la carrière, d’une époque très ancienne jusqu’à l’époque contemporaine.
Pour S.B. Théophilos III, Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, tous les responsables sont très satisfaits de l’avancement des travaux.
S.B. ThĂ©ophilos III – Patriarche grec orthodoxe de JĂ©rusalem
« Ces avancées sont très, très importantes. Non seulement pour l’église elle-même, pour le complexe du Saint-Sépulcre, mais aussi pour les communautés chrétiennes et les habitants de Jérusalem. Car aujourd’hui, le Saint-Sépulcre est le cœur du christianisme, de la foi chrétienne. Il est un point de référence pour des milliers, voire des millions de personnes qui aimeraient le visiter et y puiser un peu de nourriture spirituelle, de force et d’énergie – surtout en ce moment, avec le monde sens dessus dessous. Ce que nous accomplissons actuellement, nous, membres des trois communautés, est donc vraiment quelque chose de fondamental. C’est une grande bénédiction pour nous tous, parce que notre mission ici en tant qu’églises, pour les communautés que nous servons et pour toute la chrétienté, est précisément de maintenir, de chérir et de promouvoir les valeurs de la Bible, à la fois de l’Ancien et du Nouveau Testament. »
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Père Samuel Aghoyan – SupĂ©rieur armĂ©nien du Saint-SĂ©pulcre
« Ce lieu que nous sommes en train de restaurer est un lieu saint et extrêmement vieux. Il comporte des parties anciennes. Il a besoin d’être rénové et restauré pour pouvoir durer. Nous sommes heureux que les trois communautés aient compris et réalisé qu’il était important de restaurer cette basilique, pour la préserver non seulement en tant que telle, mais aussi pour le plaisir des fidèles qui viennent la visiter ici à Jérusalem. »
Pour le frère Dobromir Jasztal, le travail en 2023 s’est très bien déroulé et a respecté toutes les différentes phases du projet. La première phase était la plus longue, car elle impliquait un énorme travail d’excavation et d’étude. En ce qui concerne cet aspect, d’importants progrès ont déjà été atteints. Ainsi, dans les mois à venir, comme initialement prévu, les fouilles dans les autres zones se poursuivront. Elles seront suivies d’une phase d’infrastructure et de pavage.
Fr Dobromir Jasztal, ofm – Responsable du projet
« Cette annĂ©e s’est très bien dĂ©roulĂ©e. Au dĂ©but, le calendrier des travaux prenait aussi en compte les difficultĂ©s liĂ©es Ă l’affluence des pèlerins dans la basilique, aux diffĂ©rents offices… Le travail a donc Ă©tĂ© organisĂ© de manière Ă ne pas perturber les visites et les prières. Cet objectif est atteint, et nous sommes en bonne voie. Nous espĂ©rons pouvoir continuer dans les mois Ă venir afin d’achever le projet. »
Il s’agit d’un projet important. C’est d’ailleurs la première fois depuis des centaines d’années qu’il est réalisé.
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Nagib Nasser – Architecte local et chef de projet
« En fin de compte, ce que les pèlerins verront comme résultat final, ce seront surtout des plaques de marbre. Elles doivent donc non seulement être belles, mais aussi correspondre à l’histoire de la basilique et souligner sa valeur historique. »
Pour le frère Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, le travail réalisé par les archéologues et les restaurateurs, ainsi que par ceux qui suivent toute la question de l’infrastructure, est remarquable. Dans un an environ, la basilique aura ainsi son nouveau sol, une fois que les fouilles archéologiques seront terminées et que toute l’infrastructure sera enfin en place.
Fr. Francesco Patton, ofm – Custode de Terre Sainte
« Il sera très intéressant, dans les années à venir, de lire les études qui seront publiées à ce sujet, les études qui feront la synthèse du travail de ces archéologues et de ces restaurateurs. Je crois qu’au final, ce qu’elles pourront nous dire et nous offrir comme résumé d’un aussi grand accomplissement sera passionnant. Elles nous montreront comment ce lieu, qui est le lieu le plus important pour nous chrétiens – parce que c’est le lieu qui nous parle de l’ensevelissement et de la résurrection de Jésus – est un lieu qui a lentement évolué au fil des siècles, en partant de la certitude de ce tombeau taillé dans le roc, ce tombeau dont nous parlent les Évangiles. »