Le geste est inédit. Tandis que Jérusalem célèbrera Pâques deux fois à cinq semaines de distance en raison des décalages fréquents entre les calendriers grégorien et julien, les chefs des Églises de Jérusalem, dans un signe d’unité assumée, ont publié mercredi veille du premier Triduum pascal, un message commun à l’intention de tous les fidèles chrétiens d’Israël, Palestine et Jérusalem.
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Rappelant « la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ, annoncée pour la première fois par les anges il y a près de deux millénaires ici, au tombeau vide », insistant sur le « message de Pâques plein d’espoir », les chefs des Eglises n’oublient pas pour autant « les souffrances intenses qui nous entourent ici en Terre Sainte, ainsi que dans de nombreuses autres parties du monde ».
S’arrêtant sur la situation de la Terre sainte ils dénoncent « toutes les actions violentes dans la guerre dévastatrice actuelle, en particulier celles dirigées contre des civils innocents, et nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu immédiat et durable. »
Les chefs des Eglises poursuivent en renouvelant leur « appel en faveur d’une distribution rapide de l’aide humanitaire, de la libération de tous les captifs ; l’accès sans entrave de médecins et de personnel médical entièrement équipés pour soigner les malades et les blessés ; et l’ouverture de négociations facilitées au niveau international visant à mettre fin au cycle actuel de violence et à le dépasser »
« Tout en étendant ce message de Pâques aux chrétiens et à d’autres personnes du monde entier, continue le communiqué, nous offrons nos salutations particulières aux fidèles de Gaza qui ont porté des croix particulièrement lourdes au cours des derniers mois. Il s’agit notamment de ceux qui ont trouvé refuge dans les églises Saint-Porphyrios et de la sainte Famille ainsi que personnel courageux et les bénévoles de l’hôpital Ahli, géré par les Anglicans, ainsi que des patients qu’ils servent. »
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Les spécialistes du christianisme à Jérusalem peuvent observer depuis une bonne année les rapprochements importants entre les treize dénominations chrétiennes officielles de Terre Sainte.
Tandis que les différends théologiques demeurent, les chefs des Eglises veulent entourer ensemble la communauté de leur fidèles chahutée par les bouleversements politiques. Durement éprouvée par les années de covid, les chrétiens, habituellement très investis dans l’industrie du pèlerinage, ont durement vécu la série d’actes violents commis contre eux l’année dernière par des extrémistes juifs.
Depuis le 7 octobre et les actes terroristes commis par le Hamas, leurs conditions de vie se sont singulièrement dégradées dans tous les territoires où ils vivent, tant en Israël qu’en Palestine. L’arrêt des pèlerinages fait peser sur eux un fort sentiment de solitude et d’abandon et les institutions religieuses elles-mêmes lourdement éprouvées ne peuvent en dépit de leurs efforts apporter toute l’aide nécessaire.
Le message des chefs des Eglises veut ancrer dans la foi ce qui pourrait bien être un moment de bascule cruciale pour la communauté chrétienne arabe.