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Le saviez-vous ? La Sainte Tunique du Christ est à Argenteuil

Cécile Lemoine
27 avril 2024
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La tunique exposée en 2016 révélait le travail de restauration conduit en 2015 par l’Institut français de restauration des œuvres d’art qui dépend de l’Institut national du patrimoine. Alors que le tissu est aujourd’hui très lacunaire, la tunique est maintenant cousue sur un tissu en étamine de laine de même couleur permettant ainsi de restituer visuellement sa taille et sa coupe. © Basilique de Saint-Denys

La basilique Saint-Denys d’Argenteuil est l’écrin du vêtement témoin des dernières heures du Christ. Offerte en cadeau à Charlemagne, la sainte tunique a survécu tant bien que mal aux affres du temps, avant de tomber
dans l’oubli. Depuis 2016, on apprend à la redécouvrir. Récit d’une (petite) Résurrection.


“Ici, c’était un placard à balais.” Le père Guy-Emmanuel Cariot désigne le petit tunnel orné de fresques, qui permet de passer sous le reliquaire de la sainte tunique dans la basilique Saint-Denys d’Argenteuil. “Quand j’ai été nommé recteur, en 2015, le culte était mort. Cette chapelle était fermée avec un petit cadenas, et c’était la seule qui n’était pas éclairée. C’était caricatural. Certains paroissiens ne savaient même pas qu’on avait une relique, et qu’elle était importante.”

La relique en question, serait, selon la tradition, la tunique que portait Jésus lors de sa Passion. Pas seulement celle du chemin de croix, mais aussi celle de la Cène, à la veille de sa mort. Jean est le seul évangéliste qui en fait mention : “Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas.” (Jn 19, 23) Elle n’est pas blanche, comme beaucoup l’ont représentée. Mais brun-pourpre, et surtout très abîmée par les 2000 ans d’histoire qu’elle continue à faire vivre.

Comme pour toutes les reliques, la question de l’authenticité reste entière, d’autant que 17 autres tuniques revendiquent leur sainteté. Une série d’examens scientifiques menés depuis le XIXe siècle ont tout de même permis de dresser une liste d’indices concordants et de placer celle d’Argenteuil en bonne position.

Qu’en est-il advenu après la crucifixion ? Seules les légendes le savent. On retrouve sa trace au IXe siècle, lorsque l’impératrice Irène de Constantinople l’offre en cadeau à Charlemagne, tout juste couronné empereur d’Occident. Il est veuf. Elle veut consolider son empire, alors sous le feu de multiples menaces, et tente de montrer ses intentions maritales en lui offrant l’une des reliques les plus précieuses en sa possession. C’est ainsi que la tunique se retrouve en France et que Charlemagne décide de la confier au monastère de l’Humilité-de-Notre-Dame d’Argenteuil, dont sa fille Théodrade était la prieure.

“Elle a manqué d’être détruite des dizaines de fois, raconte l’abbé Cariot. Pendant les invasions vikings, elle a été dissimulée dans un mur. Oubliée, puis redécouverte au XIIe siècle, elle a survécu à la Guerre de 100 ans et aux guerres de religion, manquant de peu d’être incendiée… À la Révolution le curé de l’époque, qui veut éviter sa destruction totale, la découpe en morceaux qu’il confie à des paroissiens. On n’en a retrouvé qu’une partie.” Une vingtaine de pièces ont pu être recousues sur un tissu de soutien et reconstituer le vêtement qui est depuis soigneusement plié dans son reliquaire.

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Comme pour toutes les reliques, la question de l’authenticité reste entière, d’autant que 17 autres tuniques revendiquent leur sainteté. Une série d’examens scientifiques menés depuis le XIXe siècle ont tout de même permis de dresser une liste d’indices concordants et de placer celle d’Argenteuil en bonne position.

“Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors, ils se dirent entre eux : “Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura.” Jn 19, 23-24. © Cécile lemoine

Elle a été tissée d’une seule pièce en laine de mouton, selon une teinture et un maillage identifiés en Syrie et au nord de la Palestine du Ier siècle. Le dos et les épaules sont tachés de sang. Le groupe sanguin a même été identifié : AB. Identique à celui des deux grandes reliques textiles de la Passion connues : le linceul de Turin et le suaire d’Oviedo. En 2004 une datation au carbone 14 a créé le doute, en datant le tissage entre 530 et 640. Celle-ci n’est pas toujours fiable, notamment pour les textiles mal conservés.

Pour faire vivre les reliques, il faut les montrer. Or la règle voulait que la tunique ne soit exposée que tous les 50 ans. Son ostension n’a eu lieu que deux fois au XXe siècle, en 1934 et 1984, attirant près de 80 000 personnes. Puis elle est retombée dans l’oubli. “La prochaine ostension aurait dû être en 2034, explique le père Cariot. Sauf qu’en 2016, on fêtait les 50 ans du diocèse de Pontoise et les 150 ans de la basilique mineure. L’évêque a décidé d’organiser une ostension. Et c’est tout autre chose de la voir déroulée !” Près de 220 000 personnes sont venues. “Il y avait des queues de trois ou quatre heures”, s’étonne encore le recteur. Face au succès de l’événement et conscient de la nécessité de populariser cette relique auprès du grand public, une nouvelle ostension sera
organisée en 2025.

Dernière mise à jour: 27/05/2024 13:20

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