La flamme miraculeuse annonce la résurrection du Christ. Son apparition dans le tombeau du Christ attire chaque année des dizaines de milliers de pèlerins slaves, grecs et coptes dans la ville sainte. Pas cette année. Les touristes sont aux abonnés absents, refroidis par la récente escalade Iranienne et le prix des billets. Les chrétiens de Cisjordanie occupée n’ont pas obtenu de permis pour Pâques et ceux de Galilée ont eu peur de faire le déplacement.
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Malgré tout, un impressionnant dispositif policier est en place pour contrôler les foules, majoritairement des chrétiens palestiniens de Jérusalem, venus célébrer la fête la plus importante de leur calendrier : vieille ville bouclée la veille au soir, des centaines de renforts, 18 checkpoints à travers de quartier chrétien, système de bracelets pour contrôler les entrées dans la basilique…
La frustration est à son comble. « Montrez-moi vos bracelets ! » Un policier israélien en uniforme kaki s’adresse à la petite foule agglutinée derrière des barrières, en bas de la rue du Patriarcat grec-orthodoxe. « Ceux qui ont un bracelet peuvent passer. » On montre ses tatouages. On brandit ses pendentifs en forme de croix : « Les voilà nos bracelets, laissez-nous passer ! » L’escouade tergiverse. Autorise finalement le passage de quelques personnes qui se pressent vers le barrage suivant, dans l’espoir d’atteindre le Saint-Sépulcre pour y assister à la cérémonie du Feu sacré. « Tous les ans c’est pareil, siffle Dareen, Palestinienne grecque-orthodoxe. C’est notre lieu saint, c’est notre fête, et ils nous empêchent d’entrer alors que cette fois, il n’y a personne ! »
Les agressivités sont à fleur de peau. Sur le toit du patriarcat grec-orthodoxe, une bousculade dérape. Dans la basilique, un garde consulaire grec est violemment arrêté après que la police a essayé d’imposer la présence de l’Ambassadeur de Georgie à Tel Aviv, dans la partie réservée à la représentation officielle grecque. « Pendant le Ramadan, ils ont tranquillement laissé passer les 80 000 musulmans. Mais quand il s’agit de 2000 chrétiens, ils ne se gênent pas pour tout bloquer : nous sommes la minorité, ils en profitent « , s’insurge Bishara, ponte du quartier chrétien.
En solidarité avec Gaza, les Églises ont limité les festivités, pour se concentrer sur les cérémonies religieuses. Pas de parade scoute, pas de musique. Mais quand la flamme sacrée jaillit et se répand dans la Vieille Ville, puis vers le reste du monde orthodoxe au son des Al masih qam (« Christ est ressuscité »), Lina, jeune syriaque-orthodoxe, ne peut s’empêcher de prier : « On espère que cette lumière de vie atteindra Gaza, et le cœur des dirigeants de cette terre. »