Où vivent les Palestiniens ?

Les origines de la diaspora palestinienne remontent à la fin du XIXe siècle, quand on vit les premiers Palestiniens partir vers des terres lointaines comme les États-Unis et l’Amérique latine. Mais le phénomène de dispersion des Palestiniens a connu une accélération avec la guerre israélo-arabe de 1948. Connue sous le nom de Nakba ou “catastrophe”, elle a entraîné le déplacement massif de plus de 600 000 à 700 000 Palestiniens, qui ont pour la plupart rejoint les pays arabes voisins.

Leur départ n’étant pas volontaire, l’Assemblée générale de l’ONU qui avait décidé du partage de la Palestine en 1947, adoptait en 1949 la résolution 302(IV), créant l’Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour venir en aide aux réfugiés palestiniens. Les descendants des réfugiés, après trois-quarts de siècle, sont les seuls au sein de l’ONU à disposer d’une agence spécifiquement dédiée.

Alors que le gouvernement israélien débat de la possibilité d’expulser près de 2 millions de personnes de la bande de Gaza (vers où ?), la peur du déracinement redevient violemment d’actualité.

Aujourd’hui l’UNRWA est en charge de 5,9 millions d’utilisateurs potentiels de ses services. Parmi eux, 1,5 million vivent dans 58 camps de réfugiés en Jordanie, au Liban, en Syrie, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. L’UNRWA reconnaît le statut de réfugié à “toutes les personnes dont la résidence habituelle était en Palestine entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948”, ainsi qu’à leurs enfants, petits-enfants et descendants par la ligne paternelle. À cela s’ajoutent les personnes déplacées et leurs descendants en raison de la guerre des Six-Jours de juin 1967.

Alors que le gouvernement israélien débat de la possibilité d’expulser près de 2 millions de personnes de la bande de Gaza (vers où ?), la peur du déracinement redevient violemment d’actualité.

Tous les Palestiniens n’entrent pas dans la définition de réfugié donnée par l’ONU. Selon le Bureau central palestinien des statistiques, près de 155 000 Palestiniens sont restés en Israël après la Nakba de 1948 et aujourd’hui, ils sont 1,7 million sur environ 10 millions. Ils ont plus que décuplé, comme l’a confirmé le Bureau central israélien des statistiques. Appelés “Arabes israéliens”, ils sont des citoyens palestiniens d’Israël.

Plus d’1 million de Palestiniens de Cisjordanie (plus d’un tiers) sont enregistrés comme réfugiés, et la grande majorité des habitants de la bande de Gaza sont maintenant déplacés par les bombardements (carte, p. 45).

Au total, plus de 6 millions de Palestiniens vivent dans les pays voisins au Moyen-Orient. Il ne s’agit que d’estimations, en raison de la difficulté à collecter des données fiables. L’UNRWA en recense 250 000 au Liban, mais selon d’autres calculs, il y en a 1 demi-million (10 % de la population libanaise totale).
Le pays du Cèdre n’a pas recensé sa population depuis 1932 en raison de l’équilibre démographique interne délicat. Il y a une hostilité historique à la présence des réfugiés palestiniens, dont 80 % vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils ont souffert pendant des décennies de discrimination dans leur travail et se sont vu refusé le droit à la propriété.

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En Jordanie, la moitié de la population est d’origine palestinienne, avec des statuts divers. 2,5 millions de Palestiniens en Jordanie sont enregistrés comme réfugiés. Le Royaume a clairement fait savoir qu’il n’accueillerait pas la population déportée de Gaza. Selon l’UNRWA, il y a 430 000 réfugiés en Syrie (600 000 selon d’autres sources), dans 9 camps officiels et 3 camps non-officiels, qui sont pris en étau dans la guerre civile syrienne. En Égypte, il n’y a pas beaucoup de Palestiniens. Sur 112 millions d’habitants il y aurait de 70 à 130 000 Palestiniens. Ils vivent dans un vide juridique et l’Égypte n’entre pas dans le domaine de compétence de l’UNRWA. Le point de passage égyptien avec la bande de Gaza à Rafah reste fermé aux Palestiniens en fuite.

Les estimations de la présence de Palestiniens qui ont émigré dans les pays du Golfe varient également considérablement : au moins 300 000 rien qu’en Arabie saoudite. Au cours des dernières décennies, les Palestiniens, en particulier les chrétiens, ont été impliqués dans d’importants flux migratoires vers d’autres continents. Il y en a plus de 200 000 dans l’Union européenne, et la plus grande communauté en dehors du Moyen-Orient se trouve à Berlin (45 000).

Ils sont environ 50 000 au Canada, 4 000 en France. Plus d’1 demi-million de personnes d’origine palestinienne vivent au Honduras, au Guatemala et au Salvador (y compris l’actuel président Nayib Bukele). Mais la plus grande communauté palestinienne en dehors du Moyen-Orient, et l’une des plus anciennes, est située presque aux antipodes, au Chili. 1 demi-million de Chiliens (sur 20 millions) sont d’origine palestinienne et suivent de près la tragédie dans la bande de Gaza. Initiés à la fin du XIXe siècle, les flux migratoires les plus importants ont eu lieu à la fin de la Première Guerre mondiale, avec la désintégration du monde ottoman, et après 1948. Par ricochet, de nombreux Palestiniens ont continué à s’installer au Chili. La similitude du climat, la liberté et la prospérité économique étaient des facteurs d’attraction.

La diaspora palestinienne est un témoignage de la résilience, de la créativité et de la diversité du peuple palestinien. À travers le monde, les Palestiniens continuent de préserver leur patrimoine culturel, leur langue et leur sentiment d’appartenance à leur patrie, la Palestine. Alors que la quête de l’autodétermination et de l’État palestinien se poursuit, la diaspora reste une partie vitale et intégrante de l’identité nationale palestinienne.

Dernière mise à jour: 12/07/2024 19:18