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Les parents d’un otage appellent à une Semaine de la bonté

Augustin Bernard-Roudeix
10 juillet 2024
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Manifestation pour la libération des otages à Jerusalem le 24 juin 2024. ©Yonatan Sindel/Flash90

Après des mois aux avant-postes de la lutte pour la libération des otages aux mains du Hamas, la famille Goldberg-Polin invite à une semaine de bonnes actions. Ses temps forts seront organisés à Jérusalem, néanmoins chacun pourra participer à sa mesure, en Terre Sainte ou dans le reste du monde.


Une semaine de la bonté, c’est la nouvelle idée des parents de Hersh Goldberg-Polin pour incliner Dieu et les hommes pour la libération de leur fils otage depuis le 7 octobre. Elle aura lieu à Jérusalem, mais pourquoi ne pas s’y unir d’une façon ou d’une autre où que nous soyons ?

Le sourire de Hersh Goldberg-Polin est douloureusement familier pour toute personne présente en Israël depuis le 7 octobre. Son portrait est placardé aux arrêts de bus, sur les commerces et aux murs de Jérusalem : le visage aux yeux rieurs d’un jeune homme brun dont la barbe ne parvient pas à dissimuler les 23 ans. Cet Israélo-Américain a été kidnappé par le Hamas après le massacre de 364 festivaliers à Re’im. Il est depuis retenu en captivité dans l’enclave palestinienne.

Cette omniprésence est le fruit du combat acharné de ses proches pour parvenir à sa libération. Sa famille et ses amis ont lancé une vaste campagne médiatique pour le « ramener à la maison » avec les 119 autres captifs toujours aux mains du mouvement islamiste.

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Cet activisme a conduit les parents de Hersh, Rachel Goldberg et Jon Polin, à parcourir le monde pour cette cause. Ils ont rencontré le Pape François, le Président Biden et de nombreuses autres figures médiatiques. Dans un discours marquant prononcé devant les Nations-Unies, Rachel Goldberg a imploré les dirigeants mondiaux de « s’engager pour la libération d’otages issus de 33 pays » et de « renoncer aux facilités de la haine après une catastrophe humanitaire d’une ampleur mondiale ».

Rachel Goldberg, mère de Hersh Goldberg-Polin, s’exprime le 14 janvier 2024 à Jérusalem lors d’un rassemblement marquant les 100 jours de la guerre.©Yonatan Sindel/Flash90

Alors que 277 jours de mobilisation n’ont pas encore permis le retour de Hersh auprès des siens, ses parents ont annoncé le lancement d’une Semaine de la Bonté. Cette initiative est présentée  comme un « moyen de promouvoir la bienfaisance et les efforts de tous ceux engagés pour la libération des otages ».

Être bon pour racheter le monde

Juifs pratiquants, Rachel Goldberg et Jon Polin inscrivent cette semaine dans la tradition de la Gemilut Chassadim, ou actes de bonté. Cette pratique de la religion juive promeut la pratique de la charité pour racheter et humaniser le monde. Les parents appellent à s’unir pour « insuffler de la bonté, des bonnes actions et de la générosité dans le monde en ces temps fracturés ».

Cette semaine commencera le dimanche 14 juillet à Jérusalem. Les participants seront conviés à retrouver les membres du groupe de soutien pour une soirée de chant. Lundi, chacun pourra consacrer un quart d’heure à l’étude du Tanach (Ancien Testament) avec l’objectif de parvenir à sa lecture complète en 24 heures. Les mardi et mercredi seront consacrés à la pratique d’actions généreuses pour « offrir aux otages un monde meilleur à leur retour ».

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Le jeudi verra la présentation en procession à Jérusalem d’un rouleau de la Torah commandé par la famille Goldberg-Polin pour sa synagogue. Sera également organisée une Hafrashat Challah avec la préparation de 120 pains de shabbat, le nombre d’otages toujours en captivité. Selon la tradition juive, un bout de pâte est séparé du pâton avant la cuisson de la Challah. Cette cérémonie de séparation renvoie à l’importance du partage et comporte des bénédictions pour les proches. Cette semaine se terminera à Jérusalem le vendredi 19 juillet au soir avec une entrée en Shabbat aux côtés des familles des otages.

La place de France à Jérusalem accueille un repas pascal le 22 avril 2024. Chaque chaise vide représente un otage détenu à Gaza ©Chaim Goldberg/Flash90

Cette initiative intervient dans un contexte de vive inquiétude pour le sort de Hersh Goldberg-Polin. Les médias israéliens ont diffusé à deux reprises des vidéos du jeune otage tournées par des militants du Hamas. Dans une première, publiée fin avril, il y décrit « 200 jours passés dans un enfer souterrain sans nourriture ni eau ». Le captif y porte les traces d’une amputation cicatrisée du bras gauche.

La seconde, rendue publique en juin, le montre au cours de son enlèvement le 7 octobre 2023, embarqué dans un camion en route vers la bande de Gaza avec les deux autres otages Or Levy et Eliya Cohen. Hersh Goldberg-Polin y apparaît le bras déchiqueté par l’explosion d’une grenade, une blessure reçue au cours du carnage du festival de Re’im.

Après neuf mois consacrés à parcourir le monde pour y porter leur cause, les familles appellent chacun d’entre nous à « se recentrer sur soi et ses proches pour intensifier les efforts en vue de la libération des captifs ». Alors que les otages traversent des « ténèbres inimaginables », Cette Semaine de la Bonté doit encourager « à apporter plus de lumière au monde », dans l’attente d’un dénouement à la tragédie qui frappe la Terre Sainte.

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