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Meyer Habib perd son siège de député de la 8e circonscription des Français de l’étranger

Augustin Bernard-Roudeix
8 juillet 2024
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Meyer Habib avec le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou qui le gratifie toujours de son soutien pour les scrutins français. ©x.com/Meyer_Habib

Sa défaite fait l'objet d'articles dans la presse nationale. Meyer Habib, élu député depuis 2013, a perdu son siège lors du scrutin du dimanche 7 juillet. Les 80 % obtenus sur la partie israélienne de la circonscription cachent une réalité plus sévère : il a engrangé 12.748 suffrages en sa faveur sur les 91.754 inscrits en Israël et Territoires palestiniens.


C’est l’une des nombreuses surprises issues des résultats du second tour des élections législatives. Avec un score de 47,3% des voix, le député LR sortant Meyer Habib s’est incliné face à Caroline Yadan, candidate du parti présidentiel Renaissance (52,7% des suffrages exprimés). Ce scrutin, organisé à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale du 9 juin, met un terme à un mandat exercé sans interruption depuis 2013. La 8e circonscription des Français de l’étranger inclut Israël, les territoires palestiniens, la Grèce, Chypre, l’Italie, Malte, la Turquie, Saint-Marin et le Vatican. Les Français établis en Israël et dans les Territoires palestiniens ont cependant un poids déterminant dans cette subdivision avec environ 54% du corps électoral.

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Le conflit en cours entre Israël et le Hamas et l’alliance électorale conclue entre le Rassemblement National et Les Républicains avaient attiré une attention particulière sur ce vote. Meyer Habib s’était retrouvé au cœur de plusieurs polémiques après avoir qualifié la population gazaouie de « cancer » et s’être érigé comme un des opposants les plus virulents à une « gauche antisémite ». L’ex-député avait choisi d’afficher sa proximité avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant au cours de sa campagne. Il avait de plus entretenu l’ambiguïté sur son positionnement vis-à-vis du Rassemblement National. Le parti d’extrême-droite n’avait pas présenté de candidat dans sa circonscription après son accord avec les Républicains. Ce soutien de fait n’avait pas empêché Meyer Habib de le présenter comme une « fake news » et de rejeter l’étiquette de « candidat RN ou d’Éric Ciotti ». Il avait toutefois assuré ce dernier de son « immense affection » et qualifié le RN d’« irréprochable sur l’antisémitisme depuis le 7 octobre ».

Sa troisième élection remportée en juin 2022 avait déjà suscité des controverses. Réélu avec 50,6% des voix dans un contexte de forte abstention, la consultation avait été annulée par le Conseil constitutionnel en raison d’« irrégularités et manœuvres de nature à altérer la sincérité du scrutin ». Le nouveau vote organisé en avril 2023 l’avait toutefois confirmé dans son mandat avec une élection remportée avec 53,99% des suffrages.

L’ex-député semble avoir fait les frais d’une augmentation spectaculaire de la participation dans les pays hors Israël-Territoires palestiniens. À Rome, elle est passée de 16,66% à 37,82% entre avril 2023 et juillet 2024. À Athènes de 16,62% à 36,47%. Ces deux villes ont plébiscité Caroline Yadan avec respectivement 81,75% et 82,52% des voix en faveur de la candidate centriste. Si Meyer Habib était largement en tête à Tel-Aviv (78,64%) ou à Jérusalem (83,4%), la participation n’y était que de 17,56% et 22,43% des inscrits. Il n’a donc réussi à attirer sur son nom que 12.748 suffrages sur les 91.754 nationaux inscrits sur les listes électorales en Israël et Territoires palestiniens. Ces chiffres illustrent l’échec d’une stratégie électorale qui n’a visé que les voix des électeurs juifs résidents en Israël.

Courrier du 5 juillet 2024 de Meyer Habib à l’adresse des électeurs de sa circonscription pour un scrutin à l’Assemblée nationale française.

Meyer Habib a reconnu sa défaite par une vidéo postée sur X au lendemain du scrutin. Il y apparaît à Jérusalem devant le Mur des Lamentations pour y dénoncer une « concurrente alliée à l’extrême gauche antisémite » et « des irrégularités graves ». Il a également exprimé son « inquiétude pour la France avec une gauche antisémite aux portes du pouvoir ». Caroline Yadan s’est réjouie de son élection comme « la continuité d’un parcours fait d’engagement, d’authenticité et de sincérité » et s’est engagée à « continuer le combat qui a toujours été le mien pour la défense des valeurs universelles, sans doute davantage aujourd’hui qu’hier ».