Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Paris-Match versus Terre Sainte Magazine

30 août 2024
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« Le poids des mots, le choc des photos ». Le slogan de Paris-Match a fait son apparition en 1978 et a accompagné l’hebdomadaire durant 30 ans. Dans le métier de journaliste, on enseigne qu’une photo vaut mille mots.

C’est pour cela que très vite, quand nous avons décidé de l’orientation de ce numéro, nous avons décidé de ne pas mettre de photo en couverture !

Un contrepied réfléchi. Une sobriété assumée. Une photo de quoi ? Une photo de la souffrance de qui ? Une photo de ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 ? Mais 364 autres jours sont passés qui ont apporté leurs lots de drames, leurs nombres de morts, leurs sommes de destructions. Au long des six numéros publiés en un an, nous avons revendiqué chercher sortir des logiques mortifères.

Nous avons phosphoré, prié, séché. Nous avons fait travailler l’intelligence artificielle avec des résultats inégaux, parfois surprenants, jamais convaincants. Et puis Cécile a dit : « Mais non, on ne peut pas confier cette Une à l’intelligence artificielle. On ne peut pas rajouter de l’inhumanité à ce chaos. »

Nous sommes donc revenus sur une idée évoquée mais écartée : le dessin d’auteur. Ecartée parce que nous avons déjà publié un tableau en mai-juin, écartée parce que ça coûte cher, écartée parce que la piste Plantu c’était se faire mousser au milieu de la souffrance.

Et nous avons fait appel à un lecteur de Terre Sainte Magazine : Christophe Ronel, peintre, dessinateur, illustrateur et carnettiste. Il n’est pas le seul de nos lecteurs à peindre, mais nous l’avions rencontré lors de son séjour à Jérusalem, nous connaissions sa disponibilité et sa générosité.

Nous lui avons donné des mots clés : « tsunami, tornade, destructions, nouveau chapitre, bouleversement, fracture entre les deux peuples. Penser/panser les plaies, prendre du recul sur les blessures, tenter de les raccommoder. Carte déchirée ? Drap déchiré ? Des gens en train de rafistoler/recoudre ? Olivier ou champ d’oliviers qui incarnent la terre, le temps passé et futur. Couleur rouge pour représenter le drame. »

Après deux heures trente, montre en main, nous recevions l’image en couverture et un message « L’écorce de l’olivier est faite de carte déchirée, rapiécée et recousue. Le sol est réalisé à partir d’un papier peigné ancien, il évoque les forces de la terre, le drame, l’olivier se divise en plusieurs branches, il s’ouvre vers le ciel. »

Ouvrir vers le ciel. C’est tout ce dont nous avions besoin. Autant nous avons le sentiment de vivre un tsunami, autant c’est réconfortant de voir un olivier au centre de la couverture. Comme l’olivier de la bande-dessinée de Vincent Lemire, il est témoin de tout ce qui se vit sur cette terre depuis des siècles et même perclus de nœuds et d’années, comme les oliviers de Gethsémani, il continuera à donner du fruit.

Un très grand merci à l’auteur dont vous pourrez découvrir l’œuvre sur son site internet www.ronel.fr