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Israël – Iran, la guerre à coup de pistaches

Giuseppe Caffulli
21 septembre 2024
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L’Iran est le premier producteur mondial de pistaches. Mais, Israël prévoit de lancer ses pistaches sur le marché. En effet, dans le désert du Néguev, un nouveau projet agricole prévoit la culture à grande échelle de ce fruit sec qui s'invite aux fêtes juives comme Pourim et Roch Hachana.


Au Moyen-Orient, il y a guerres et guerres. Il y a celles armées, qui (malheureusement) sèment la mort et la haine. Il y a aussi des guerres moins sanglantes, mais tout aussi violentes, qui concernent l’économie de régions entières et ont des répercussions à l’échelle mondiale.

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La guerre entre Israël et le Hamas, avec une possible escalade dans tout le Moyen-Orient, est susceptible de compromettre les routes commerciales stratégiques pour le monde entier. L’une des répercussions immédiates de ces tensions est la hausse du prix du pétrole, due notamment à la décision de certains armateurs d’éviter les voies de la mer Rouge par crainte d’attaques de navires par les Houthis yéménites. Les effets secondaires concernent le commerce maritime des matières premières et les routes d’import/export Est-Ouest, qui sont fondamentales pour la stabilité de la région et pour l’Europe.

Antagonistes à table

Il y a aussi des guerres culinaires. Depuis 2008, par exemple, le houmous, la célèbre recette à base de pois chiches, est au centre d’un conflit entre le Liban et Israël. Le Pays des Cèdres accuse Israël de s’être approprié la paternité de la recette, en la présentant au monde comme authentiquement israélienne. La controverse sur le houmous est ancienne. Il n’est pas très clair si la paternité du plat revient au Liban, à la Palestine, à la Syrie ou à un autre pays du Moyen-Orient.

Un autre front s’ouvre maintenant : la guerre des pistaches.

En Israël, dans le désert du Néguev, un véritable défi a été lancé à l’« axe de la résistance » dirigé par l’Iran, mais avec des projets agricoles plutôt qu’avec des drones et des missiles. Ce projet prévoit la culture à grande échelle de pistaches. Le projet pilote a commencé à la ferme Mashkit, près de Mitzpé Ramon, où les premiers arbres plantés ont donné une récolte complète et comestible.

Une culture rentable (si elle tient)

La nouvelle a été diffusée avec force détails par le quotidien populaire Yedioth Aronoth. « La culture de la pistache », peut-on lire, « est extrêmement rentable grâce à la forte demande des consommateurs, et les chercheurs agricoles locaux espèrent que le Néguev deviendra le principal fournisseur de pistaches d’Israël. La première récolte arrive après que 40 arbres à pistaches ont été récemment plantés dans la ferme, et les chercheurs du centre de recherche et de développement de Ramat Néguev sont optimistes quant au potentiel de la région. Le projet est dirigé par Elisha Tzurgil du kibboutz Sde Boker, qui a travaillé pour établir la culture de la pistache dans le Néguev. »

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La culture des pistaches représente un défi direct à l’Iran, qui est le plus grand producteur mondial de ce fruit, cultivé depuis l’âge préhistorique, notamment en Perse.

Bien que la pistache ne soit pas uniquement produite au Moyen-Orient (elle est également cultivée en Grèce, en Italie et aux États-Unis), l’Iran reste encore le plus grand producteur mondial et fournit même… Israël. Si officiellement les deux Etats n’ont pas d’échanges commerciaux depuis 1979 et la Révolution islamique, des canaux existent qui permettent un envoi vers un pays tiers – comme la Turquie – où on opère un reconditionnement des emballages pour permettre aux Israéliens de commencer une de leurs fruits favoris.
Israël est parmi les pays les plus grands consommateurs de pistaches au monde (en proportion de la population), alors que la pistache est quasi un fruit obligé pour les fêtes de Pourim et Roch Hachana.

Un précédent échec

Dans les années 80, on avait déjà tenté d’introduire la culture de la pistache dans le Néguev, mais l’essai avait échoué. On avait alors opté pour des abricots, des pêches et des prunes.

Itzik David, responsable des cultures fruitières à la recherche et au développement de Ramat Néguev, a expliqué dans une interview les difficultés rencontrées auparavant : « À Sde Boker, où la culture avait été essayée dans les années 80, les hivers n’étaient pas assez froids et les pistaches ne s’ouvraient pas. Aujourd’hui, nous importons principalement des pistaches de Turquie, mais nous espérons en cultiver suffisamment dans le Néguev pour éviter d’en importer des pays de l’Axe du Mal. »

Étant donné que pour l’Iran, l’exportation de pistaches (principalement utilisée dans l’industrie de la confiserie) constitue un élément important de la balance des paiements, l’espoir est de créer, en plus d’un bénéfice pour Israël, un dommage économique significatif pour le pays des ayatollahs.

Les efforts pour la culture de la pistache dans le nord d’Israël avaient été interrompus en 2016 en raison de l’épuisement des fonds, mais maintenant, compte tenu du succès de l’expérience dans le Néguev, le Fonds national juif est prêt à financer d’autres cultures sur les hauteurs du Golan.


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