L’héritage de la militante pacifiste Vivian Silver perdure à travers un prix
Ils voulaient que « l’héritage de son action, sa persévérance et son espoir continuent d’éclairer le chemin ». La famille et les amis de Vivian Silver ont donc imaginé un prix en l’honneur de cette grande figure des mouvements de paix, dans l’idée de perpétuer sa vision en faveur de la réconciliation dans une société israélienne animée par la vengeance.
Vivian Silver a été tuée au kibboutz Be’eri lors de l’attaque menée par les combattants du Hamas le 7-Octobre. D’abord portée disparue, il a fallu un mois à la police scientifique pour identifier son ADN dans des restes calcinés.
Lire aussi >> En thérapie : ce qu’Israéliens et Palestiniens racontent à leur psy
Née et élevée au Canada, Vivian Silver s’installe définitivement Israël en 1974. Elle a alors 25 ans, participe à la création du kibboutz Gezer, et s’engage très vite en faveur du dialogue avec les Palestiniens. Elle dirige, avec l’activiste bédouine Amal Alsana-Alhjooj , le Centre arabo-juif pour l’égalité, l’autonomisation et la coopération dans le Néguev, avant de devenir un des visages de Women Wage Peace, un des plus grands mouvements de paix en Israël.
« Nous devons remodeler le discours autour du conflit »
« Son œuvre est un exemple du pouvoir du leadership, et un phare pour les femmes de tous âges et de tous horizons, estime son fils, Yonatan Zeigen, à l’origine du prix Vivian Silver Impact. Cet ancien travailleur social, raconte, dans une tribune publiée par The Guardian, comment il a tout lâché à la mort de sa mère.
« Le 7-Octobre m’a réveillé de mon coma politique, écrit Yonatan. J’ai été poussé dans une sorte de phase maniaque d’activisme. J’ai ressenti un profond sentiment de responsabilité, un besoin urgent de m’investir dans le changement : je témoigne dans des panels, des webinaires, des séances de dialogue, dans les médias, j’ai créé le prix.. Ce n’est pas seulement pour me guérir. Nous devons remodeler le discours autour du conflit, pour nourrir l’espoir et inspirer nos politiciens à croire qu’il est possible de le résoudre. Nous devons retrouver la paix. »
Lire aussi >> Standing Together: “La guerre ne peut pas garantir notre sécurité. Il faut une alternative”
Le comité de sélection a, cette année, choisi de décerner le prix au Dr Rula Hardal et à May Pundak, qui co-dirigent l’organisation « A Land for All ». « Ce choix reflète l’importance du partenariat judéo-palestinien, en particulier dans la période difficile actuelle », détaille Yonatan Zeigen sur Twitter.
Congratulations to Rula and May of @allmep member @2states1homelan for winning inaugural Vivian Silver Impact Award. And thank you @YonatanZeigen and Chen. For carrying forward your Mum’s extraordinary legacy and vision. And for being such incredible leaders over last year ❤️ pic.twitter.com/3aLV9Vf9ef
— John Lyndon (@JohnLyndon_) November 21, 2024
Une terre pour tous, Deux États, une patrie
Docteure en sciences politiques, Rula Hardal est une chrétienne Palestinienne née et élevée en Israël. Après dix ans en Allemagne, cette spécialiste de la théorie politique de l’identité a choisi de s’installer en Cisjordanie et de travailler à l’Université Al-Quds à Abu-Dis (Jérusalem-Est), avant de rejoindre l’Institut Shalom Hartman en Israël. « Au fil des années, Rula a fait ses preuves en tant que leader et a développé une voix unique qui allie courage et complexité, reflet de l’esprit de ma mère Vivian », souligne Yonatan Zeigen.
Lire aussi >> Au Rossing Center, l’idéal de société partagée à l’épreuve de la guerre
Rula Hardal co-dirige depuis 2023 l’organisation « Une terre pour tous – Deux États, une patrie » avec May Pundak. Fille de Ron Pundak, un des architectes des accords d’Oslo, cette avocate spécialisée dans les droits de l’homme a notamment contribué à la création d’une équipe juridique pour soutenir les luttes politiques à Jérusalem-Est. « May a été une lueur d’espoir dans les jours difficiles qui ont suivi le 7 octobre. Sa profonde empathie envers les Palestiniens et les Israéliens lui permet de traverser cette période sombre avec compassion et un engagement sans compromis en faveur de la paix », ont noté les juges.
Leur organisation, « Une terre pour tous », se définit comme un « mouvement commun d’Israéliens et de Palestiniens qui croient que la voie vers la paix, la sécurité et la stabilité pour tous passe par deux États indépendants, Israël et la Palestine, dans un cadre commun permettant aux deux peuples de vivre ensemble et séparément ».