« C’est une goutte d’eau dans un océan de besoins ». En marge d’une exposition qu’il est venu inaugurer, le cardinal Pizzaballa tempère le ton satisfait du communiqué publié la veille sur le site du patriarcat latin de Jérusalem. Si les efforts du diocèse et de l’Ordre de Malte sont indéniables, les livraisons de vivres et de biens de premières nécessités arrivées à la paroisse de Gaza restent en-deçà des besoins réels pour la communauté et les milliers de personnes du voisinage avec qui elle partage tout.
« Chaque livraison connaît son lot de soucis », explique le Patriarche à Terre Sainte Magazine. Mais le prélat reste muet sur la porte d’entrée des camions et la façon de se prémunir des pillages. « Lors des premières livraisons plusieurs tonnes ont été volées », concède-t-il. Depuis chaque convoi est entouré d’un dispositif organisé par les bénéficiaires eux-mêmes. On en restera là pour les confidences, d’un cardinal qui parle avec admiration de ce que ses équipes à Jérusalem, celles de l’Ordre souverain de Malte et sur place arrivent à mettre en œuvre en dépit de tous les obstacles rencontrés.
En mai 2024, le Cardinal Pizzaballa signait un accord de partenariat avec l’Ordre souverain de Malte pour la fourniture à Gaza de biens de première nécessité. En sa qualité d’Organisation non-gouvernementale (ONG) et par l’intermédiaire de son corps de secours mondial, Malteser International, l’organisation caritative internationale a la capacité d’obtenir le droit d’opérer dans la Bande de Gaza. Historiquement lié à Jérusalem, l’Ordre, reconnu par le Saint-Siège comme ordre religieux catholique et dont les compétences sur le terrain ne sont plus à prouver, est le partenaire naturel du diocèse.
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À la surprise générale, le cardinal accompagna lui-même la première livraison et profitait de l’occasion pour demeurer quelques jours avec la communauté chrétienne.
Les bombardements fréquents, nombreux et violents du quartier az-Zaytoun où se situe la paroisse ont rendu plus difficile que prévu les livraisons estivales. Mais le communiqué du patriarcat latin mentionne celles de septembre, octobre et novembre. « Au total, précise le texte, l’opération a permis de distribuer environ 140 tonnes d’aide, au bénéfice de près de 40 000 personnes, soit 10 % de la population restant dans le nord de Gaza après le déplacement massif de près de deux millions d’habitants. »
On estime en effet que près de 400 000 personnes se trouvent encore au nord du Wadi Gaza, qui sépare le nord de la bande et Gaza-ville du sud de la bande côtière.
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« Pour l’avenir, poursuit le communiqué, le Patriarcat latin, en collaboration avec ses partenaires, s’est engagé à poursuivre cette mission vitale. Des programmes sont en cours pour acheminer deux cargaisons par mois, chacune transportant 100 tonnes de produits de première nécessité. En outre, les efforts se poursuivent pour mettre en place un centre médical dans l’enceinte de la Sainte-Famille afin de répondre aux besoins urgents en matière de soins de santé et pour permettre la réouverture de l’école du Patriarcat. »
Les livraisons et le projet de dispensaire sont rendus possibles grâce à la générosité internationale qui s’est manifestée à la suite d’un appel lancé par le patriarcat dès l’hivers 2023. Le Patriarche a confié à Terre Sainte Magazine, qu’un nouvel appel pourrait être lancé dans les semaines à venir après que le patriarcat ait publié un rapport sur la précédente collecte.
Poursuivre l’aide est « un impératif moral et pastoral » estime le patriarche qui ajoute : « Cette opération de secours n’est pas seulement une réponse à leurs besoins, mais aussi une obligation morale de notre part envers nos frères. C’est notre façon de dire que nous sommes à leurs côtés, que nous partageons leurs souffrances et que nous ne les abandonnerons jamais ».