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Aide humanitaire, l’exercice de transparence du patriarcat latin de Jérusalem

Rédaction
6 décembre 2024
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Le patriarche des Latins, Mgr Pizzaballa lors de sa visite à Gaza en mai 2024 ©LPJ

L’appel aux dons effectué après le début de la guerre a permis au Patriarcat de recevoir 10 millions d’euros. Dans un rapport publié le 5 décembre, l’institution a tenu à détailler l’affectation de cette aide, qui a bénéficié à 140 000 personnes, à Gaza et en Cisjordanie.


La fin de l’année sonne l’heure des comptes. Le Patriarcat Latin de Jérusalem a tenu à publier un document qui éclaire l’action humanitaire menée depuis le début de la guerre. Grâce au soutien de plus de 800 donateurs, le diocèse de Jérusalem a reçu près de 9,75 millions d’euros en vue d’aider les communautés chrétiennes de Gaza et de Cisjordanie.

Au total, près de 140 000 personnes ont pu bénéficier de l’aide du Patriarcat. « Nous avons pu aider 100% des chrétiens de Gaza et 30% de la communauté chrétienne de Cisjordanie », détaille le rapport.

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L’accent a été mis sur le soutien à la communauté chrétienne de Gaza, directement touchée par la guerre la plus longue et meurtrière menée par Israël dans l’enclave. Un peu moins de 6 millions d’euros ont ainsi été alloués pour aider à la vie quotidienne des 700 chrétiens réfugiés dans le complexe de l’Eglise de la Sainte-Famille, à Gaza-ville.

1,2 million de repas fournis à Gaza

« Alors que la guerre continue, qu’on manque d’approvisionnement sur place, et que les prix sont incroyablement élevés, cela relève du miracle que nous soyons capables de continuer à aider nos frère et sœurs de Gaza », souligne Sami el-Yousef, directeur exécutif du Patriarcat Latin.

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L’aide alimentaire représente le plus gros poste de dépense (2 millions d’euros). « Le Patriarcat latin a livré 840 000 repas (3 repas par jour pour 700 personnes pendant 400 jours), tout en distribuant plus de 200 tonnes d’aide alimentaire, soit 400 000 repas (calculés à 500 g par repas). Au total, cet effort humanitaire a permis de fournir plus de 1,2 million de repas à ceux qui en avaient désespérément besoin », détaille le rapport.

La création d’un centre de distribution dans le quartier a permis aux 250 chrétiens réfugiés à la paroisse orthodoxe et aux milliers de voisins musulmans d’en bénéficier aussi. « Aujourd’hui, grâce au soutien international, le patriarcat latin aide 10% de la population du nord de Gaza, passée de 1,2 million de personne à 400 000 », souligne le document. La paroisse latine de Gaza a aussi pu bénéficier d’une aide éducative, avec la reprise des cours pour 180 jeunes.

En Cisjordanie, de l’urgence au durable

Victimes des conséquences indirectes de la guerre, les chrétiens de Jérusalem et de Cisjordanie occupée n’ont pas été oubliés par le Patriarcat, qui leur a alloué près de 4 millions d’euros d’aide. Le secteur du tourisme étant à l’arrêt, et les permis des travailleurs palestiniens en Israël ayant été annulé, de nombreuses familles se sont retrouvées sur le carreau, incapables de joindre les deux bouts.

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« Les fonds reçus en novembre et décembre 2023 ont été dédié à de l’aide d’urgence avec la distribution de 7 000 coupons alimentaires, d’argent liquide, de médicaments, ainsi qu’une aide sociale pour payer les frais scolaires, les loyers (5000 familles) et les différentes taxes de ceux qui ont perdu leur emploi ou leurs sources de revenus« , expose le document, qui souligne que 20 000 personnes ont également bénéficié d’aide médicale. En Cisjordanie, l’absence de sécurité sociale laisse de nombreuses personnes en situation de vulnérabilité, notamment celles qui souffrent de maladies chroniques.

En janvier 2024, le patriarcat a tenté d’inscrire son aide dans une démarche plus durable en renforçant son soutien à l’emploi. Création de post, formation, soutien à l’entrepreneuriat… l’institution affirme avoir offert plus de 4 000 opportunités d’emploi au cours des neuf derniers mois.

Et demain…

Le Patriarcat se projette aussi vers le futur, et prévoit de « diversifier les interventions afin d’intégrer des services de santé mentale et de soutien psychosocial pour les familles », conscient que les conséquences de la guerre s’étaleront sur des années. Autre espoir : « rouvrir deux écoles à Gaza ».

« Il est impossible de s’attendre à ce que l’actuelle école LPJ, qui sert d’abri à la communauté chrétienne, soit libérée de sitôt, car la plupart des familles ont perdu leur maison et n’ont aucun endroit où retourner, note le document. De plus, l’école de la Sainte Famille a subi d’importants dégâts qui prendront beaucoup de temps à réparer. Nous envisageons donc de louer (ou d’acheter si possible) un terrain proche de la paroisse et d’y établir une école dans un avenir proche. »

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Le rapport se conclut avec des remerciements pour tous les donateurs, sans qui cette aide, même si elle reste minime par rapport à l’océan de besoins, n’aurait pas vu le jour. « En tant qu’Église, nous avons fait l’expérience que lorsque nous nous faisons confiance, nos yeux s’ouvrent et nous permettent de voir la réalité d’une manière constructive », écrit le Patriarche des Latins, Mgr Pizzaballa. « C’est cette confiance que nous avons essayé de protéger, d’encourager et de reconstruire, en particulier lorsque des tragédies nous ont fait prendre conscience que nous devons non seulement prendre soin des petits de l’Évangile, mais aussi être comme eux. »

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