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Avant Noël, les chrétiens des territoires palestiniens autorisés à venir à Jérusalem

Cécile Lemoine
12 décembre 2024
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Une famille de Bethléem prie devant une statue de la Vierge Marie, dans la chapelle du Calvaire du Saint-Sépulcre le 8 décembre ©Cécile Lemoine

Pour la première fois depuis le 7-Octobre, les chrétiens palestiniens ont obtenu des permis pour se rendre en Israël. Beaucoup ont profité de leur dimanche pour se rendre au Saint-Sépulcre, lieu saint auquel ils ont si peu accès.


Le Saint-Sépulcre parle arabe en ce dimanche 8 décembre. C’est un jour spécial. D’habitude parsemée de Russes orthodoxes et d’Ethiopiens, faute de pèlerins, la basilique de la Résurrection a retrouvé la communauté chrétienne des Territoires Palestiniens. Pour la première fois depuis les attaques du 7-Octobre, Israël a relâché de manière sélective et temporaire la chape de plomb imposée à la Cisjordanie en octroyant des permis aux chrétiens avant Noël.

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Une famille de Bethléem se prend en selfie sur le Calvaire. Un groupe d’amis se fait photographier sur le parvis, un grand sourire aux lèvres. « Pour Gaza. Pour le Liban. Pour la Syrie… » Jeries Haddad égrène ses prières au rythme des bougies qu’il allume à côté du tombeau.

Ce jeune professeur de français est venu de Ramallah, après un voyage de presque deux heures. Son premier réflexe ? Venir au Saint-Sépulcre. « Je voulais profiter de Jérusalem pour prier », confie ce chrétien qui n’y a pas mis les pieds depuis septembre 2023.

Jeries Haddad allume quelques bougies pour la Syrie, Gaza, le Liban… ©Cécile Lemoine

Une journée sur cinq

Les permis n’ont été accordés que pour une période de cinq jours, avec obligation de rentrer tous les soirs. Un ajout à la procédure contraint les Palestiniens à « borner » leur carte magnétique en traversant le checkpoint au retour. Parce qu’il travaille, Jeries ne passera qu’une journée côté israélien. Il n’a su que par le bouche-à-oreille que des permis allaient être distribués aux chrétiens, l’administration israélienne n’ayant pas communiqué sur le sujet. « C’est souvent le cas au moment de Noël. Cette année on ne s’y attendait pas vraiment, à cause de la guerre », explique-t-il.

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Toute la procédure est dématérialisée et se déroule sur une application : « El-munaseq », ou « coordinateur » en français, raccourci pour Coordination des activités gouvernementales dans les territoires (également connu sous le nom de COGAT). « Au début, il y avait deux périodes. Une entre le 30 novembre et le 6 décembre, et une autre entre le 5 et le 11 décembre, avec des quotas de personnes pour chacune », détaille Jeries en montrant l’interface de l’application.

Capture d’écran de l’application « Coordinateur », traduite de l’arabe vers le français avec Google Traduction

Le COGAT a par la suite étendu la possibilité de faire une demande jusqu’au 25 décembre. « On ne peut demander un permis que pour une seule période », précise Jeries. Contacté, le COGAT indique avoir émis « plus de 11 000 permis », dans un « geste de bonne volonté à la population chrétienne qui respecte les critères de sécurité. »

Permis refusés

Car nombreux sont ceux qui restent sur le carreau. Elias (le prénom a été changé), propriétaire d’un bar à Bethléem, a fait quatre demandes de permis. Aucune n’a abouti. « L’application ne nous dit jamais pourquoi notre demande a été refusée. C’est aléatoire… Si un membre de votre famille est en prison ou que vous êtes actif politiquement, ça diminue vos chances », explique le trentenaire, dépité.

À Jérusalem, Jeries prend le temps de savourer la vieille ville. Passage sur les toits du souk, visite d’un musée, pause café… Il le sait, il ne reviendra pas de si tôt. L’application lui met désormais un message d’erreur : « Il n’est possible de demander un nouveau permis que trois mois après l’expiration du précédent. » « Pour Pâques, insh’allah », sourit le jeune chrétien en repartant vers Ramallah.

Longue file pour prier sur la pierre du Calvaire, au Saint-Sépulcre ©Cécile Lemoine

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