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L’archevêque maronite de Damas déclare : « Nous avons manqué de courage »

Rédaction
16 décembre 2024
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Mgr Samir Nassar, 74 ans, archevêque maronite de Damas. (Image tirée d’une interview vidéo réalisée en 2023 par The Catholic Spirit - Minneapolis, États-Unis)

C’est ce que raconte Mgr Samir Nassar au quotidien libanais L’Orient-Le Jour : ces dernières décennies, les chrétiens de Syrie ont vécu dans un climat de peur et de mensonge. Les services secrets du gouvernement contrôlaient tout et tout le monde.


(g.s.) – Maintenant que la Syrie tourne une page – entamant un chemin rempli d’incertitudes, mais, pour l’instant, avec quelques lueurs de liberté – Mgr Samir Nassar semble vouloir se libérer d’un poids sur le cœur. Dans une interview publiée par le quotidien libanais L’Orient-Le Jour le 14 décembre dernier, il se confie.

À la tête de l’archevêché maronite de Damas depuis 2006, il reconnaît que ces cinquante dernières années, sous le pouvoir des Assad (d’abord le père Hafez, puis le fils Bachar), « les chrétiens n’ont pas eu suffisamment de courage pour dire la vérité ». En particulier durant ces années de guerre, poursuit-il, on nous demandait de faire croire aux chrétiens que les musulmans représentaient une menace à craindre. Ce qui était évidemment faux, car fondé sur des généralisations. Même les citoyens musulmans – reconnaît l’archevêque – ont, eux aussi, souffert en grand nombre des conséquences du conflit qui a ravagé le pays. Il faudra désormais du temps pour changer les mentalités et imaginer un nouveau type de coexistence.

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« Les membres de la communauté chrétienne avaient peur – avoue Mgr Nassar dans un autre passage de cette brève interview. Moi-même, je partageais mes idées à voix basse, quand j’étais hors de Syrie. Nous étions surveillés 24 heures sur 24. Les services secrets, les mukhabarat, étaient partout. Ils passaient par le cuisinier, le portier, le sacristain… (…) Un fils espionnait sa mère, la mère surveillait le père, qui, à son tour, gardait un œil sur l’oncle… Tout le monde surveillait tout le monde, et même de nombreux prêtres étaient impliqués dans ce système. »

« Aujourd’hui, le pays est en ruines – observe avec amertume l’archevêque. Des millions de jeunes ont fui pour éviter le service militaire. Nous espérons que tous les Syriens, de toutes les communautés, reviendront au pays. Nous ne devons plus penser comme des communautés, mais comme des citoyens. »

Passer du communautarisme au respect de tous les citoyens, égaux en droits et en devoirs : c’est la voie que le peuple syrien devrait emprunter pour avancer vers un horizon de réconciliation et de renaissance. Sur les ruines d’un passé douloureux.

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