Terre Sainte : pèlerins et chrétiens locaux ensemble pour faire grandir la paix et l’espérance

Les pèlerins européens retrouvent tout doucement le chemin de la Terre Sainte, répondant aux appels réitérés du patriarche Pizzaballa et du Custode de Terre Sainte. Pour l’agence italienne Sir, Daniele Rocchi a accompagné l’un des premiers groupes et recueilli leurs sentiments.
Ils ont été parmi les premiers à répondre à l’appel conjoint, lancé le 18 janvier dernier, par le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, et le Custode de Terre Sainte, le père Francesco Patton, pour revenir à Jérusalem après près de seize mois d’absence en raison du conflit à Gaza.
Au nombre de 26, parmi lesquels des laïcs, des religieux et des prêtres, venus des diocèses de Milan, Trente, Brescia, Tortona, Plaisance et Novare, et guidés par Adriana Sigilli (Diomira Travel), ils ont fait un pèlerinage de cinq jours. Leur itinéraire les a conduits à travers les trois « lieux jubilaires » : Nazareth, Bethléem et Jérusalem, avec les basiliques respectives de l’Annonciation, de la Nativité et du Saint-Sépulcre. Le thème du voyage était celui du Jubilé 2025, « Pèlerins de l’espérance ».
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Le programme comprenait de nombreuses visites, des moments de méditation, des messes, et surtout des rencontres avec les communautés chrétiennes locales, ainsi que des visites de solidarité, notamment à “Effetà Paolo VI”, une école de Bethléem spécialisée dans la rééducation audio-phonétique des enfants malentendants vivant dans les Territoires palestiniens.
Des pèlerins résolus
Parmi les participants figurait Mgr Giuseppe Scotti, qui a occupé de nombreux postes prestigieux au sein du Saint-Siège et est aujourd’hui secrétaire de la Conférence épiscopale lombarde (Cel).
« Ce furent des jours uniques pour moi, qui ai longtemps été guide en Terre Sainte », raconte-t-il à Sir. « En tant d’années, je n’avais jamais vu une situation comme celle-ci. Il n’y a pas de pèlerins, et les rares présents sont considérés par les chrétiens locaux comme des courageux. Chez certains de nos frères de Terre Sainte, nous avons vu des larmes dans les yeux. »
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Pour Mgr Scotti, « la beauté de ce pèlerinage résidait avant tout dans la rencontre avec les communautés chrétiennes et leurs responsables, comme le patriarche Pizzaballa et le Custode Patton. Nous avons découvert une Église locale qui prie, qui travaille et qui cherche la paix et la réconciliation. »
À l’issue de cette expérience, il est convaincu que «lorsque les pèlerinages reprendront de manière continue, ils devront être organisés en étroite collaboration avec les communautés locales, afin de mieux les connaître et de prier avec elles.
Le christianisme de cette terre s’enracine dans les visages de nos frères chrétiens qui l’habitent. La rencontre avec la communauté chrétienne de Terre Sainte est essentielle, car elle est faite de croyants qui prient pour grandir dans l’espérance, comme nous y invite le pape François en cette Année Sainte.
L’espérance, nourrie par la patience, nous rappelle qu’il est possible de changer le monde. Et cela est encore plus vrai dans une Terre Sainte meurtrie par les conflits.»
Avec les pierres vivantes
Intégrer pleinement les communautés chrétiennes locales dans les programmes de pèlerinage est un engagement de longue date pour Adriana Sigilli, présidente de Diomira Travel (Milan), un tour-opérateur spécialisé dans les itinéraires religieux et culturels. Ces voyages mettent au cœur de l’expérience la rencontre, la solidarité, le dialogue œcuménique et interreligieux.
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Dans cette optique, Adriana Sigilli a également fondé l’association “Oasi di Pace”, qu’elle préside, et qui soutient les enfants de Terre Sainte et leurs familles.
« En cette Année Sainte, le pèlerinage doit aussi être une expérience de rencontre avec les habitants de Terre Sainte, pour écouter le récit de leur vie. Surtout en cette période d’absence totale de pèlerins», explique-t-elle à Sir.
Pour la présidente de Diomira Travel, « le pèlerinage est un élément fondamental de la pastorale, car en Terre Sainte, on peut toucher du doigt les nombreux événements racontés dans les Évangiles, dont Jésus est le protagoniste.
Le pèlerinage permet d’entrer dans l’Histoire du Salut, et il est impossible de rester indifférent face au mystère de ces lieux. »
Elle ajoute : « Le pèlerinage favorise également la rencontre avec les communautés chrétiennes locales, ces pierres vivantes qui nous aident à dévoiler ce mystère. C’est l’expérience que nous avons vécue lors de ce voyage : nous avons rencontré des personnes qui ne travaillent plus depuis des mois à cause de la guerre, qui vivent dans la peur de ce qui pourrait arriver, qui s’inquiètent de la fragilité de la trêve à Gaza et au Liban.
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Une incertitude terrible qui engendre de l’angoisse chez de nombreuses jeunes familles soucieuses de l’avenir de leurs enfants. Mais cette angoisse trouve, dans une foi éprouvée mais forte, un élan pour avancer avec espérance chrétienne. Nos frères chrétiens de Terre Sainte nous ont marqués par la fierté de leur foi, une foi vécue sans ostentation. »
« Le témoignage qu’ils nous ont donné nous incite à revenir en Terre Sainte en pèlerins, surmontant la peur qui paralyse tant de fidèles à travers le monde.
Venir en Terre Sainte est sûr, comme l’ont affirmé à plusieurs reprises le patriarche et le Custode dans un récent appel :
‘Le pèlerinage est absolument sûr. Il est temps de lever les yeux, de revenir à Jérusalem et d’apporter de la joie à tant de familles chrétiennes qui attendent avec impatience le retour des pèlerins.’
Revenons aussi pour exprimer, de manière concrète, notre proximité avec la petite communauté chrétienne de Terre Sainte, qui a besoin de nous. »