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Au moins 111 actes anti-chrétiens enregistrés à Jérusalem en 2024

Rédaction
27 mars 2025
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La police israélienne arrête un juif ultra orthodoxe soupçonné d'avoir craché sur des fidèles chrétiens dans la vieille ville de Jérusalem, 4 octobre 2023 ©Chaim Goldberg/Flash9

La seconde édition du rapport annuel sur les attaques à l'encontre des chrétiens en Israël et à Jérusalem fait état d'une augmentation des actes hostiles à l'encontre de cette communauté minoritaire. Un phénomène complexe à documenter.


Crachats, graffitis, profanations, dégradation de biens… Près de 90 actes de ces gestes de haine contre les chrétiens d’Israël et de Jérusalem avaient été documentés en 2023. En 2024, ils sont passés à 111, selon le deuxième rapport dédié au sujet publié le 27 mars par le Rossing Center, une organisation israélienne de dialogue inter-religieux.

Rapportées au nombre de jours dans l’année, ces 111 agressions équivalent à une agression tous les 3,3 jours. « C’est bien plus dans la réalité », reconnaît Federica Sasso, coordinatrice du projet « Sensibilisation et éducation » et coautrice du rapport : « On ne fait qu’effleurer la surface d’un phénomène beaucoup plus large et très complexe à documenter du fait de l’occurence quasi quotidienne de certains abus. »

Lire aussi >> Près de 90 actes anti-chrétiens recensés à Jérusalem en 2023

Dans la majorité des cas, ces actes anti-chrétiens prennent la forme d’agressions physiques : 46 d’entre eux ont été recensés en 2024, avec une prépondérance de cas de crachats en direction de religieux en habits. « Ce problème est quotidien, et les religieux n’ont pas toujours le réflexe de s’en plaindre, bien qu’ils se sont montrés plus disposés à signaler les incidents cette année », note Hanna Bendcowsky, directrice du Centre de Jérusalem pour les relations judéo-chrétiennes et coautrice du rapport.

Sentiment de malaise et marginalisation

Viennent ensuite les attaques contre les propriétés chrétiennes, au nombre de 35 en 2024. Graffitis, lancer de pierre, statues vandalisées… Neuf de ces incidents ont été enregistrés dans le nord d’Israël. Le rapport a également comptabilisé 14 cas de dégradation de panneaux publics, 13 cas de harcèlement verbal et de propagande anti-chrétienne ainsi que 3 cas de violation de liberté religieuse.

Les lieux sont quasi systématiquement les mêmes : le quartier arménien, le mont Sion et des sections de la Via Dolorosa dans le quartier musulman. Plus que les chrétiens, ce sont les signes visibles du christianisme qui sont visés : croix, statues, monastères, habits religieux…

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Dans tous les cas connus, les auteurs sont des individus juifs, principalement des jeunes hommes issus des milieux ultra-orthodoxes et nationaux-religieux, loin de représenter la société israélienne. « Le passage à l’acte est souvent motivé par un mélange de ferveur nationaliste et d’extrémisme religieux, en particulier au sein des groupes Hardal (nationalistes ultra-orthodoxes) », note le rapport.

« Tous ces facteurs ont intensifié les craintes d’une érosion progressive du statu quo régissant les droits et les protections des communautés chrétiennes en Israël, ainsi que leurs libertés religieuses, renforçant encore leur sentiment de malaise et de marginalisation« , concluent les auteurs.

Montée générale de la violence

Ces agressions s’inscrivent de manière plus globale dans un climat socio-politique extrêmement tendu. « Les attaques du 7-Octobre et la guerre à Gaza ont accentué la polarisation, le manque de tolérance, et la violence », souligne Hanna Bendcowsky.

« Les chrétiens de Terre Sainte sont comme les canaris qu’on envoyait dans les mines pour savoir s’il y avait de l’oxygène : en tant que minorité, ils sont les premiers à subir les conséquences des contractions géopolitiques », abonde le père David Neuhaus, jésuite fin connaisseur des dynamiques inter-religieuse de Terre Sainte.

Lire aussi (2023) >> Faut-il parler d’une augmentation des actes antichrétiens en Israël ?

Les auteurs du rapport soulignent toutefois que leurs efforts de sensibilisation auprès des autorités publiques et policières commencent à porter leur fruits. « À Jérusalem, certains se soucient vraiment de la problématique et se sont montrés volontaires pour changer les choses », explique Hanna Bendcowsky, en notant que la police avait récemment communiqué sur le fait qu’elle avait arrêté huit jeunes individus qui avaient craché près d’une église.

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