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Custodie

L’éducation à la base du maintien de la présence chrétienne

Propos recueillis par Antoine Cothier
14 mars 2025
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Frère Ibrahim Faltas, directeurs des écoles Terra Santa de la Custodie de Terre Sainte dans la cours de la nouvelle école de Beit Hanina ©MAB/TSM

Frère Ibrahim Faltas est le directeur général des écoles franciscaines de Terre Sainte. Lors de la visite de Terre Sainte Magazine à l’école Helen Keller, il a expliqué comment cette école s’intègre dans la mission de la Custodie qui vise à soutenir les populations de Terre Sainte.


Pourquoi avoir investi dans l’école Helen Keller ?

L’institution était en difficulté. Elle répondait à plus d’un titre à l’attention que la Custodie porte aux besoins des populations locales. Située à Beit Hanina, juste en face des logements que nous avons construits pour la communauté chrétienne et de l’église que nous avons bâtie, devenue la paroisse Saint-Jacques, il y avait une certaine logique à ce que nous nous portions candidats à la reprise. Mais surtout, le message qu’elle porte : rendre la dignité aux personnes handicapées, nous touche particulièrement en tant que franciscains. L’école Helen Keller s’adresse aux enfants ayant des déficiences visuelles et auditives. Parce que l’institution déclinait, il n’y avait plus que quelques élèves. Aussi avons-nous envisagé d’ouvrir une école Terra Sancta. Nous sommes passés en 8 ans d’une quarantaine d’élèves à près de 600.

Les élèves de l’école Helen Keller sont-ils intégrés à la nouvelle école ?

Les deux écoles partagent les mêmes locaux. Parents et élèves souhaitent un mélange entre les élèves de Helen Keller et ceux de Terra Sancta, et ils aiment être ensemble. Ils partagent la même cour de récréation, même si les programmes scolaires diffèrent. Les élèves de Helen Keller ont souvent besoin de matériel spécifique, et ne partagent donc pas toutes les classes. Cependant, des activités communes sont organisées régulièrement.

Le parcours scolaire israélien proposé a-t-il du succès, et pourquoi ?

Oui, il attire beaucoup d’élèves. Chaque année, nous avons plus de demandes que de places disponibles. Un passeport israélien ou une carte d’identité de Jérusalem est nécessaire pour être éligible aux diplômes d’État israéliens, très prisés car ils ouvrent les portes des meilleurs emplois en Israël. De plus, grâce aux subventions israéliennes, les familles ne paient que la moitié des 12 000 shekels (3000 ) par an que coûte une scolarité.

Et que font les jeunes après le collège ?

Nous n’avons pas encore ouvert le niveau du lycée. Mais ceux qui obtiendront le bagrout (l’équivalent israélien du baccalauréat) pourront poursuivre directement leurs études universitaires et trouver du travail tant en Israël qu’en Palestine.

Pourquoi êtes-vous particulièrement intéressés par les jeunes ?

Le pape nous encourage à nous occuper des jeunes. La mission première de la Custodie est de garder les lieux saints, ce qui implique également de soutenir les “pierres vivantes” : les populations locales. Les jeunes, avenir de la communauté, méritent donc une attention particulière pour leur bien-être et leur éducation. Nous avons d’autres projets dans le domaine.

Qu’est-ce qui manque aux jeunes pour tenir dans une situation difficile à Jérusalem et en Palestine, et avez-vous d’autres projets pour eux ?

Tout manque ici. C’est pourquoi la Custodie apporte son aide, surtout aux jeunes. Après le lycée, nous leur offrons des bourses pour poursuivre leurs études. Nous les accompagnons jusqu’à la fin de leur cursus, et parfois, nous leur proposons un emploi, voire un logement. La Custodie offre trois choses essentielles : l’éducation, le travail et le logement. Plus de 1 000 personnes travaillent pour la Custodie, dont de nombreux anciens élèves des écoles Terra Santa. Nous prévoyons aussi de construire davantage de logements et d’ouvrir une maison d’accueil pour les jeunes les plus démunis.

Comment les chrétiens du monde, qui s’intéressent aux chrétiens de Terre Sainte, peuvent-ils aider ?

En soutenant la mission de la Custodie, notamment en France et en Belgique avec la quête du Vendredi saint organisée par les diocèses dans les paroisses. Nous nous efforçons de servir les chrétiens de Terre Sainte en leur offrant ce dont ils ont besoin pour rester ici : éducation, logement et travail. L’aide étrangère permet de poursuivre cette mission essentielle.

Dernière mise à jour: 15/03/2025 00:12