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Les coupes budgétaires de Trump sur l’Usaid affectent également Israël

Giuseppe Caffulli
19 mars 2025
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Le président des États-Unis, Donald Trump, sur une photo du 4 février 2025. ©Liri Agami/Flash90

La politique de coupes budgétaires du président américain Donald Trump dans l’aide au développement et la coopération internationale a eu un effet domino sur de nombreuses organisations humanitaires opérant dans ce que l’on appelle le "Sud global". Parmi elles, figurent également des organismes juifs et israéliens.


La Cour suprême des États-Unis a débloqué environ deux milliards de dollars de fonds destinés à l’agence Usaid, l’organisme qui coordonne l’aide humanitaire américaine à travers le monde. Ces fonds avaient été gelés par Donald Trump. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier, le président a décidé d’opérer un changement radical dans la politique de solidarité internationale des États-Unis, introduisant une série de mesures qui limitent, voire annulent, certains projets de développement et de coopération.

Après l’interruption des financements prévue par un décret exécutif signé le 20 janvier, la Cour suprême des États-Unis a cependant statué que les deux milliards de dollars en question devaient être versés aux contractants ayant déjà réalisé leurs missions. Cette décision, bien que prise par une majorité de juges favorables à Trump, a contredit le président. Deux organisations, l’Aids Vaccine Advocacy Coalition et le Global Health Council, avaient contesté ces coupes budgétaires devant la justice. Cependant, l’essentiel des restrictions budgétaires décidées par Trump demeure : son administration prévoit de réduire le budget de 92 %, générant ainsi une économie totale de 54 milliards de dollars.

Des conséquences humanitaires dramatiques

Les coupes budgétaires de Trump dans l’aide au développement et la coopération internationale ont durement frappé plusieurs organisations humanitaires qui dépendent largement des financements de Washington.

Selon un communiqué de l’Usaid, la suppression de certains programmes pourrait entraîner jusqu’à 18 millions de nouveaux cas de paludisme par an et causer jusqu’à 166000 décès supplémentaires liés à cette maladie. De plus, 200000 nouveaux cas de poliomyélite paralytique et plus de 28000 nouvelles infections par des maladies comme Ebola pourraient survenir chaque année.

Les répercussions s’étendent également au marché de l’emploi : l’Usaid pourrait être contrainte de licencier la majorité de ses 10 000 employés.

Un impact en Israël et au Moyen-Orient

Les décisions de l’administration américaine ont également des effets néfastes au Moyen-Orient. Olam, une organisation juive qui regroupe plusieurs ONG de développement, a vu son activité brutalement réduite. Avant le 20 janvier, Olam comptait 40 employés répartis dans plusieurs pays, notamment au Kenya. Avec la suppression des financements d’Usaid, des licenciements ont été enclenchés et des programmes de formation ont été annulés.

Le porte-parole d’IsraAid, la plus grande ONG humanitaire israélienne, a déclaré au Times of Israel qu’un projet à Vanuatu, dans le Pacifique, avait été suspendu à cause du gel des financements.

De son côté, Alon Haberfeld, responsable de Fair Planet, un projet agricole israélien reconnu mondialement, a affirmé que son financement de 400 000 dollars provenant d’Usaid, essentiel pour un programme au Rwanda, avait été suspendu. S’il n’est pas renouvelé, cela pourrait mettre fin à l’initiative.

Yossi Abramowitz, PDG de Gigawatt Global, spécialisée dans l’énergie solaire, a révélé que son entreprise avait déjà investi 1,5 million de dollars et attendait encore 2 millions de dollars d’Usaid pour un projet de développement en Ouganda.

En Israël aussi, la préoccupation grandit. Début mars, un responsable israélien a exprimé son inquiétude face aux impacts de ces coupes sur les programmes à Gaza et en Cisjordanie, qui jouent un rôle essentiel pour la sécurité et l’économie israéliennes.

Le Cogat, l’organisme militaire israélien chargé de l’administration des Territoires palestiniens et de la gestion des aides humanitaires vers Gaza, n’exclut pas une aggravation de la crise humanitaire. Par ailleurs, deux nouvelles lois israéliennes ont sévèrement restreint les opérations de l’Unrwa, l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens, en raison de soupçons de liens avec des activités terroristes.

Des ONG juives et israéliennes également touchées

Hias, une organisation fondée à l’origine pour aider les juifs fuyant l’Europe de l’Est, s’est jointe à d’autres ONG pour contester les coupes budgétaires de Trump. Présente dans plus de 20 pays, elle a aidé 8 300 réfugiés à s’installer aux États-Unis l’an dernier. Cependant, en raison des nouvelles restrictions, elle a dû fermer des programmes qui bénéficiaient à 450000 personnes, entraînant le licenciement de centaines de collaborateurs et la suspension de projets vitaux pour les enfants déplacés, les soins en santé mentale, l’intégration économique des réfugiés et la protection des femmes et des jeunes filles contre la violence et la traite humaine.

De son côté, Early Starters International, cofondée par les éducatrices israéliennes Ran Cohen Harounoff et Sarah Wilner, est également en difficulté. Cette organisation soutient des enfants traumatisés par la guerre en Ukraine et en Israël, notamment après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 et l’évacuation des communautés proches de la bande de Gaza et de la frontière avec le Liban.

Les décisions de la nouvelle administration américaine mettent en péril ces projets cruciaux en faveur des réfugiés et des demandeurs d’asile, impactant particulièrement les femmes et les enfants, qui restent les plus vulnérables dans les contextes de violence et de conflit.

Dernière mise à jour: 19/03/2025 15:37

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