Des clés pour comprendre l’actualité du Moyen-Orient

Le gouvernement israélien s’est dispensé de présenter des condoléances pour le pape François

Giuseppe Caffulli
23 avril 2025
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

Silence du gouvernement israélien à l’annonce de la mort du pape François, en raison d’un différend lié aux déclarations du défunt pontife sur la guerre dans la bande de Gaza. Une décision critiquée par l’ancien ambassadeur d’Israël auprès du Saint-Siège, Raphael Schutz.


L’affaire a éclaté à la suite d’un tweet supprimé et des propos de l’ex-ambassadeur Raphaël Schutz, qui a qualifié cette suppression d’« erreur » (déclaration donnée le 22 avril au quotidien anglophone The Jerusalem Post). « Nous ne devrions pas agir de cette manière après la mort d’un homme », a-t-il ajouté.

Alors que de nombreux messages de condoléances ont afflué du monde entier après le décès du pape François, le silence des institutions israéliennes a surpris, à l’exception d’une déclaration du président Isaac Herzog, qui a adressé ses condoléances au monde catholique en espérant que « sa mémoire puisse inspirer des actes de bonté et d’espérance pour l’humanité ». Silence total, en revanche, de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahou et du ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar.

En coulisses, les raisons de ce silence commencent à émerger : il serait directement lié aux récentes déclarations du pape sur Israël et sur la guerre à Gaza. À plusieurs reprises, François a affirmé que ce qui se passe à Gaza « n’est pas une guerre, c’est de la cruauté ». Il a condamné les massacres (« des enfants fauchés à la mitrailleuse »), mais ce n’est pas tout. Dans son livre La speranza non delude mai (L’espérance ne déçoit pas), le pape s’est interrogé sur le fait de savoir si les actions d’Israël à Gaza pouvaient être qualifiées de génocide, rejoignant ainsi l’initiative engagée par l’Afrique du Sud en décembre 2023 devant la Cour internationale de justice de La Haye.

Malgré ce contexte, plusieurs responsables israéliens ont désapprouvé le choix du silence, rappelant que le pape n’est pas seulement un chef d’État. « Je pense que c’était une erreur. On ne règle pas ses comptes de cette manière après la mort d’un homme », a insisté l’ambassadeur Schutz, qui a quitté ses fonctions à Rome l’été dernier.

Selon lui, Israël aurait dû répondre diplomatiquement aux propos controversés au moment opportun. « Mais là, il ne s’agit pas seulement d’un chef d’État, mais d’un guide spirituel pour plus d’un milliard de personnes, soit près de 20 % de l’humanité. Je ne pense pas que le silence envoie le bon message. »

La controverse a aussi été ravivée par la suppression de messages sur les réseaux sociaux. Le ministère des Affaires étrangères avait publié des posts sur Instagram, Facebook et X, disant : « Repose en paix, pape François. Que ta mémoire soit une bénédiction. » Ces messages ont été supprimés quelques minutes plus tard, suscitant perplexité et indignation.

Les funérailles du pape sont prévues pour le matin du samedi 26 avril. Étant donné la coïncidence avec le shabbat, on ignore encore si Israël enverra un représentant officiel. L’ambassadeur Schutz a néanmoins déclaré, toujours dans le Jerusalem Post, qu’Israël devrait envoyer un délégué.

« Les dirigeants du monde entier seront présents, a-t-il souligné. Notre absence serait remarquée et nous donnerait une mauvaise image. Cela pourrait renforcer un sentiment d’isolement déjà aggravé par la guerre en cours, et nourrir davantage cette perception. »

Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré de son côté : « Le tweet et les messages ont été publiés par erreur. Nous avons répondu aux déclarations du pape contre Israël et la guerre de son vivant ; nous ne le ferons pas après sa mort. Nous respectons les sentiments de ses fidèles. »

Sur le même sujet
Le numéro en cours

La Newsletter

Abonnez-vous à la newsletter hebdomadaire

Cliquez ici
Les plus lus