Le 72ème patriarche d’Antioche des Maronites vient d’être reconnu « vénérable » par l’Eglise catholique. « La bonne nouvelle s’adresse à tous les Libanais et à tous les maronites du monde, comme à tous les chrétiens. » Le patriarche actuel des maronites Mgr Béchara Raï, dont L’Orient-Le jour a rapporté les propos, n’a pas caché sa joie. « Ceux qui sont considérés par le ciel comme des justes et qui sont déclarés bienheureux et saints appartiennent à toute l’humanité, comme saint Charbel nous en offre le modèle, qui distribue ses grâces à toutes les communautés sans distinction. » Un mot plein de sens quand on sait que l’Etat libanais reconnaît officiellement 18 communautés religieuses dont les chrétiens et les musulmans sont majoritaires.
La salle de presse du Saint-Siège a annoncé le 6 juillet, que le pape François, après avoir reçu en audience la veille le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a autorisé le lendemain, ladite Congrégation à promulguer un décret concernant les vertus héroïques du Serviteur de Dieu Elias Boutros Hoyek (1843-1931). Désormais, il faudrait qu’un miracle soit attribué à celui qui dirigea pendant 32 ans l’Eglise maronite, pour qu’il puisse être un jour béatifié.
Né à Hilta petit village du Liban-Nord, à 20 km de Batroun, le 4 décembre 1843, il fut un élève doué qui suivra des études théologiques à Rome où il sera ordonné prêtre le 5 juin 1870.
Ordonné évêque le 14 décembre 1889, il fut chargé en tant que vicaire du patriarche Youhanna Boutros El Hadj, de réunir les fonds nécessaires pour l’installation d’un nouveau séminaire maronite à Rome, ouvert en 1893 et pour une résidence destinée aux pèlerins maronites à Jérusalem. Un vicariat patriarcal fut créé à cette occasion en avril 1895. Élu patriarche à 56 ans le 6 janvier 1899, il décèdera à Bkerké, siège du patriarcat maronite, le 24 décembre 1931. Il avait adopté son deuxième prénom Boutros (Pierre) pour signifier qu’il était le successeur de saint Pierre, premier évêque d’Antioche.
Pasteur et chef national
Pieux, ayant un mode de vie simple, grand lecteur de St Augustin, il a laissé deux principaux héritages. Le premier par la fondation en 1895 de la Congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte famille dont le but principal est l’éducation des filles libanaise, avec mère Rosalie Nasr et sœur Stéphanie Kardouche à Jbeil. Le second en tant que « fondateur du Liban », lui qui fit paraître en 1931 une lettre apostolique intitulée « L’Amour de la patrie ». De fait, c’est lui qui en 1919, à l’issue de la Première Guerre mondiale, représenta les habitants du Mont-Liban à la Société des Nations réunie pour la conférence de la paix organisée à Versailles (France) et réclama l’indépendance du Liban (ne se limitant pas à la superficie du seul Mont-Liban) après que l’Empire ottoman qui régissait alors le territoire du Liban actuel eut été vaincu.
L’année suivante, le 1er septembre 1920, le Général Gouraud, haut-commissaire de la République française en Syrie et au Liban déclarait en sa présence, l’Etat du Grand Liban. L’annonce du Vatican intervient quelques mois avant les cérémonies du centenaire de cet événement.
Les maronites lui doivent aussi l’érection à Harissa entre 1906 et 1908, au-dessus de la baie de Jounieh, face à Beyrouth, de la statue de Notre-Dame du Liban pour commémorer le cinquantième anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception et pour consacrer le Liban à la Vierge Marie. C’est aujourd’hui le sanctuaire le plus visité au Liban par les chrétiens comme par les musulmans.
En tant que patriarche, il fut à l’origine de la création d’un vicariat patriarcal au Caire, en Egypte, en 1906. Il fut aussi le fondateur des diocèses indépendants des États-Unis d’Amérique et de l’Argentine en 1920.