Qui a déjà emprunté la rue qui longe le Patriarcat arménien dans la vieille ville de Jérusalem sait qu’elle peut être encombrée et dangereuse. Au point de faire raser les murs à tout piéton qui veut éviter de se faire écraser. Et ils sont nombreux – en l’empruntant – à vouloir rejoindre à pied, qui la Porte de Sion, qui le quartier arménien, qui le quartier juif, que cette rue dessert. Et qui plus est, demeure la seule à être accessible aux véhicules pour ces zones.
Jeudi dernier, les résidents du quartier juif de la vieille ville de Jérusalem ont rencontré des représentants de la municipalité de Jérusalem pour une présentation publique d’un plan local d’urbanisme concernant la modernisation de cette fameuse voie (globalement étroite et glissant sous deux tunnels d’habitations) qui délimite une grande partie du quartier arménien et de son patriarcat.
Ladite rue commence en face du Christian Information Center sis en face de la Tour de David, dans le quartier de la Porte de Jaffa, à l’ouest de la vieille ville. Mais la partie concernée par les travaux – c’est-à-dire sur une longueur de 300 mètres – débuterait au niveau de l’actuel poste de police (situé près du musée de la Tour de David) et du Select restaurant russe, puis suivrait l’itinéraire qui va jusqu’à la Porte de Sion, en passant ainsi devant la cathédrale Saint Jacques des Arméniens, le Patriarcat arménien et le musée arménien qui se loge au coude de la rue.
Selon le Jerusalem Post, le directeur du développement de la vieille ville au sein de l’Autorité de développement de Jérusalem (JDA), Aner Ozeri, a expliqué que l’infrastructure actuelle a été construite il y a près de 50 ans et qu’elle est aujourd’hui inadaptée pour les résidents et les touristes qui sont nombreux (voire très nombreux) à l’arpenter, débordant le plus souvent de l’espace délimité par des potelets-boule rétroréfléchissants. Et ce, à l’occasion de nombreux festivals, célébrations culturelles, pèlerinages, processions religieuses notamment et surtout de l’Eglise arménienne.
Le projet proposé fait partie d’un plan de développement pluriannuel de la ville, envisagé pour la première fois il y a quarante ans, qui vise à améliorer l’accessibilité et la fluidité piétonne comme routière dans la vieille ville, ainsi qu’à unifier visuellement toutes les portes de la vieille ville. Il s’agit aussi bien de remplacer l’asphalte par un pavement de dalles de pierre que d’assurer un meilleur éclairage, de meilleurs trottoirs, etc…
Selon le Jerusalem Post, si le plan devait être approuvé (ce qui n’avait pas été le cas en 2016 avec une version précédente plus ambitieuse sur 600 mètres de long), le plan de réaménagement de la rue sera exécuté en partenariat entre la municipalité et l’Autorité de développement de Jérusalem, après les fêtes juives (Roch Hachana le 1er octobre, Yom Kippour le 10 octobre et Souccot du 13 au 20 octobre). Les travaux devraient durer plus d’un trimestre sauf si des découvertes archéologiques lors de travaux de canalisation devaient imposer un arrêt des travaux pour une exploration plus fouillée dans un quartier des plus historiques de Jérusalem. Ce qui est très probable et qui fait déjà craindre aux habitants des retards de travaux qui viendraient s’ajouter à la fermeture partielle de la rue Habad qui mène à la route de Batei Machse qui elle-même descend jusqu’à la porte des Immondices et donne sur l’esplanade du mur Occidental. Les résidents craignent déjà une situation chaotique (embouteillages, bruits) pour gérer leur quotidien (accès, livraison, services d’urgence, …)
De plus pour gagner en rapidité, les travaux devraient se dérouler 24h/24 et 7j/7. Un rythme qui nécessiterait de reloger pendant la période concernée, 40 familles arméniennes dont les habitations donnent sur la rue. Le coût du programme est estimé à environ 20 millions de shekels selon Kol Ha’ir, un hebdomadaire local publié en hébreu à Jérusalem.